Exploitation cinématographique : évolution de l’aide régionale

Intervention de Marie-Christine de Penfentenyo – 30 mai 2008

Rapport n° 08.11.360

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

La position de mon groupe a été constante dans le domaine du cinéma : Nous avons toujours apporté notre soutien à l’action de la Région en matière de création et de diffusion cinématographiques. Nous pensions en effet – et nous pensons toujours – que les Conseils Régionaux ont pleinement vocation à participer activement à l’épanouissement d’un art majeur, majeur par son pouvoir de sensibilisation et d’exaltation des imaginaires collectifs, majeur aussi par la place qu’il peut et doit tenir dans l’affirmation d’une identité culturelle, face à l’impérialisme linguistique d’un cinéma américain qui ambitionne une hégémonie planétaire totale, hélas déjà bien avancée. 
Mais, derrière les images et les mots, il y a les valeurs véhiculées. L’image est un vecteur décisif pour orienter les pensées ; ensuite, tout dépend de ce que l’on veut faire d’un tel vecteur. Il nous paraît donc très important  qu’une réelle liberté d’expression soit préservée en faveur de l’art cinématographique. Et sur ce point, nous sommes un peu inquiets de l’évocation, page 62, dans l’annexe n°1, d’un « facteur de lien social », ou encore « d’audace et de diversité culturelle », comme critères de notre intervention ; nous ne savons que trop ce que ces expressions recouvrent en réalité, dans votre bouche, de sélectivité idéologique.

Il est important aussi de nous souvenir que cet art cinématographique est aussi une industrie, et qu’à ce titre, il subit les contraintes du jeu économique. L’argent pèse donc très lourd. Et en ce qui concerne notre rapport d’aujourd’hui, nous savons que le développement des multiplexes fragilise les salles isolées, notamment en milieu rural ; or, l’argent pèse ici en faveur de ces multiplexes, dont l’ambition cachée est bel et bien de tuer à terme les salles indépendantes. Il est donc dans notre vocation d’une part soutenir de telles salles, et d’autre part,  d’assurer la défense et l’illustration d’un cinéma français et européen, si menacé par la volonté de main-mise sur la diffusion à l’échelle mondiale d’un cinéma américain, véhiculant un modèle bien précis, celui du culte du profit et de l’argent-roi.

J’en viens  à votre proposition de nous affranchir du CNC ; à vrai dire, il y a longtemps que notre groupe avait fait des propositions en ce sens. Dès 1997, puis en 2002, lors de la précédente révision de nos critères d’intervention, voici ce que nous disions : « Nous nous interrogeons sur le bien-fondé de la subordination que nous créons nous-mêmes par rapport au CNC. Pourquoi, dans une politique qui est particulièrement marquée par le désir d’aménagement du territoire, subordonnons-nous notre aide à celle du CNC, qui s’exerce à l’échelon national, beaucoup plus lointain, et qui, d’une certaine manière, va à l’encontre du désir affiché de décentralisation en matière culturelle ? » Alors, ce que nous disions à l’époque, nous le réaffirmons aujourd’hui. Oui, pour obtenir un soutien régional, les critères de sélectivité du CNC devront être remplis, parce qu’ils sont raisonnables et pertinents ; mais au-delà, c’est à la Région et à elle seule que la décision finale appartiendra.

Voici, Monsieur le Président, mes chers collègues, les quelques observations que vos propositions nous ont suggérées. Nous voterons ce rapport.

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