Exploitation cinématographique : évolution de l’aide régionale

Intervention de Marie-Christine de Penfentenyo – 29 mai 2008

Rapport n° 08.11.360

Monsieur le Président,

La position de mon Groupe a toujours été constante en matière de cinéma. Nous avons apporté notre soutien à l’action de la Région en matière de création et de diffusion cinématographique depuis toujours. Nous pensions en effet, nous pensons toujours du reste, que les Conseils régionaux ont pleinement vocation à participer activement à l’épanouissement d’un art majeur, n’en déplaise à un de mes prédécesseurs, majeur par son pouvoir de sensibilisation et d’exaltation d’imaginaire collectif, majeur aussi par la place qu’il peut et doit tenir dans l’affirmation d’une identité culturelle face à l’impérialisme linguistique d’un cinéma américain, qui ambitionne une hégémonie planétaire totale, hélas déjà largement entamée.

Il est important aussi, sur un autre plan, de nous souvenir que cet art cinématographique, c’est aussi une industrie, et que donc à ce titre il subit les contraintes du jeu économique. L’argent pèse très lourd.

En ce qui concerne notre rapport d’aujourd’hui, nous savons que le développement de multiplex fragilise les salles isolées, notamment en milieu rural. Or, l’argent pèse ici en faveur de ces multiplex, dont l’ambition cachée est bel et bien de tuer à terme les salles indépendantes, quoi qu’en disait tout à l’heure un orateur communiste.

Il est donc dans notre vocation, d’une part de soutenir de telles salles, d’autre part d’assurer la défense et l’illustration du cinéma français et européen, si menacé par la volonté de main mise sur la diffusion à l’échelle mondiale d’un cinéma américain véhiculant un modèle bien précis, celui du culte du profit et de l’argent roi.

J’en viens à votre proposition de nous affranchir du CNC. A vrai dire, il y a bien longtemps que notre Groupe avait fait des propositions dans ce sens, déjà en 1997, puis en 2002, où concernant la révision de nos critères d’intervention, voici ce que nous disions. « Nous nous interrogeons sur le bien-fondé de la subordination que nous créons nous-mêmes par rapport au CNC. Pourquoi dans une politique qui est particulièrement marquée par le désir d’aménagement du territoire, subordonnons-nous notre aide à celle du CNC, qui s’exerce à l’échelon national, donc beaucoup plus loin, et qui d’une certaine manière va à l’encontre du désir affiché de décentralisation en matière culturelle ? ». Alors, ce que nous disions à l’époque, nous le réaffirmons aujourd’hui.

Oui, pour obtenir un soutien régional, les critères de sélection du CNC doivent être remplis, parce qu’ils sont raisonnables et pertinents, mais au-delà, c’est à la Région, et à elle seule, de prendre la décision finale.

Une dernière observation, qui est aussi l’expression d’une inquiétude. En effet, derrière les images, il y a des mots, il y a des valeurs véhiculées. L’image est un vecteur décisif pour orienter les pensées. Ensuite, tout dépend de ce que l’on veut faire d’un tel vecteur. Il nous paraît donc très important qu’une réelle liberté d’expression soit préservée en faveur de l’art cinématographique, et sur ce point nous sommes un peu inquiets de l’évocation à la page 62 du rapport, dans l’annexe n°1, de ce que vous appelez « un facteur de lien social » ou encore « d’audace et de diversité culturelle », comme critères de notre intervention régionale. Nous ne savons que trop ce que ces expressions recouvrent en réalité dans votre bouche de sélectivité idéologique.

Voici Monsieur le Président, mes chers collègues, les quelques observations que vos propositions nous ont suggérées.

Malgré la réserve que je viens d’évoquer, nous voterons ce rapport.

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