Contribution au débat public sur la P.A.C.

Par Bernard Pinet

La PAC qui fait actuellement débat en vue d’une réforme et qui a été mise en place en 1962, bien que très imparfaite, a quand même permis de donner jusqu’alors à l’EUROPE une certaine indépendance lui ayant assuré une relative stabilité, ceci en permettant un niveau de vie acceptable aux agriculteurs, en stabilisant les marchés , cela en étant protégée par la préférence communautaire qui nous met à l’abri des importations à bas prix et de la fluctuation des prix. Malheureusement depuis quelques années, la PAC ne remplit plus son rôle correctement, affaiblie par les coups de boutoir des Euro-mondialistes et des exigences de l’OMC.

Pour cela, il est nécessaire de la réformer, mais la réforme doit se faire dans le bon sens ; il est impératif que celle-ci s’opère à l’avantage du monde agricole nous appartenant et non l’inverse.

Or, la nouvelle PAC qui s’annonce telle qu’elle nous apparaît ne nous permet pas en l’état de se rendre compte d’une amélioration très net ; au contraire, selon nous, elle vas encore très certainement accroître les difficultés rencontrées actuellement par les professionnels de l’agriculture ; elle risque d’entraîner dans notre pays la disparition de très nombreux agriculteurs ; il est pourtant grand temps de stopper l’hémorragie que subit notre agriculture (tout le monde connaît les chiffres…).

Toutes ces fermes qui disparaissent car non rentables à cause de la chute des prix en général, cela conjugué avec la hausse des charges de toutes sortes, des démarches administratives trop lourdes et souvent incompréhensibles ainsi que par les départs naturels en retraite des exploitants qui ne sont pas remplacés.

On sait que certains secteurs d’activité sont plus particulièrement touchés : ce sont ceux de l’élevage bien sûr, notamment ceux des secteurs difficiles et de montagne, ceux des secteurs arboricoles (fruits), légumiers, viticoles et autres productions qui ont fait jusque là la richesse et la diversité de notre agriculture. Quant aux productions céréalières, elles doivent pour l’instant leur maintien à l’augmentation des surfaces, et dans une moindre mesure, à l’effet conjoncturel probablement momentané, et aussi à la faveur des aides européennes octroyées que les grosses exploitations céréalières dévorent pour l’essentiel.

Aujourd’hui, vers quoi se dirige-t-on avec cette nouvelle PAC qui est soumise au monde rural ?

Il apparaît déjà que l’on envisage une refonte plus restrictive des aides directes avec une suppression de celles encore couplées en réduisant le nombre de celles découplées dans l’attente d’une suppression pure et simple. On se dirigerait aussi vers une suppression des quotas laitiers, des aides aux jachères et à leur entretien vers une diminution des budgets qui auront un effet négatif sur la régulation des outils du marché alors qu’on maintiendrait, pour combien de temps encore, des droits de douane tout à fait dérisoires ; cela ferra peut-être plaisir aux Commissaire Européen Mme Fischer-Boel, mais très certainement pas à la profession toute entière. Quant à la possibilité d’une régionalisation et d’une gouvernance de la PAC comme le projet le prévoit, et qui est bien sûr souhaitée et demandée par les régions, nous y sommes par principe opposés, particulièrement en ce qui concerne le premier pilier car, selon nous, une politique agricole ne peut être conduite et gouvernée que par le national ; c’est la meilleure garantie en faveur d’une politique performante et solidaire ; cela dit, nous pensons que le partenariat Etat- Région doit jouer à plein, que l’action régionale doit être encore développée. Pour cela, les régions doivent d’abord s’octroyer elles-mêmes des moyens supplémentaires, ceux-ci pris sur d’autres politiques régionales qui, selon nous, ne reflètent pas des mêmes priorités et qui, en tout cas, ont montré les limites de leur efficacité. C’est le cas par exemple de la politique de la ville, de la politique culturelle, etc.

Pour cela, également, nous sommes plutôt favorables à un dispositif réglementaire européen assoupli qui permettrait ainsi aux régions d’amplifier avec davantage de moyens une politique de soutien à l’agriculture (modernisations des exploitations, installations, jeunes et moins jeunes, accompagnement des industries agro-alimentaires et de la filière forestière, soutien aux productions locales, régionales spécifiques diverses).

Alors pour faire bouger les lignes et enrayer la spirale infernale de l’appauvrissement de notre agriculture, on a besoins d’une PAC qui se rapproche fortement de ses fondamentaux.

D’abord, il est impératif de revigorer, rénover en renforcer la préférence communautaire en regard des nouvelles exigences, car c’est autour d’elles que nous pourrons rendre à l’agriculture sa vocation première qui est de nourrir des Hommes et prioritairement ceux dont elle dépend ; c’est aussi à partir de là que nous garantirons à nos ayants droit la souveraineté alimentaire ainsi que la pérennité de notre agriculture en permettant à nos paysans de vivre décemment de leur travail, ce qui contribuera au maintien de l’équilibre social et à l’entretien du territoire.

C’est pourquoi au FN, nous demandons à nos dirigeants à commencer par le premier d’entre eux, M. Sarkozy, lui qui se dit proche des agriculteurs et qui indique qu’il est nécessaire de réformer la PAC en profondeur, puisqu’elle ne répondrait plus aux exigences actuelles, de tout mettre en œuvre pour sauver notre agriculture qui est à terme grandement menacée.

Pour cela, ils devront mettre à l’abri l’agriculture française et européenne du dumping social et environnemental du marché mondial, par tous les moyens, en commençant par sortir rapidement l’agriculture de l’OMC et en rétablissant des taxes douanières dignes de ce nom.

Je vous remercie.

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