Adhésion de la Région à l’établissement public de coopération culturelle « Cité du design »

Intervention de Marie-Christine de Penfentenyo – 23 octobre 2009

Rapport n° 09.11.654

Le dossier que vous soumettez aujourd’hui à notre vote, Monsieur le Président, est la conclusion logique d’une opération commencée en 2005 ; l’évolution du syndicat mixte qui gérait initialement l’Ecole Supérieure d’Art et Design vers la forme juridique d’un Etablissement Public de Coopération Culturelle étant en projet dès le départ.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-moi un bref rappel. Nous ne pouvons en effet passer totalement sous silence le massacre qu’il a fallu consentir dans notre magnifique patrimoine industriel stéphanois pour en arriver là. Quelle douleur en effet de voir disparaître ainsi sous les bulldozers des siècles d’Histoire, depuis les prémisses que furent les constructions de la manufacture royale d’armes, devenue plus tard manufacture impériale, jusqu’à ceux de la Nouvelle Manufacture – 40 ha en plein centre- ville ! – où tant de familles de la région ont œuvré de père en fils, ces cent trente dernières années ! Douleur aussi, dans un autre registre, de voir là le symbole de la destruction méthodique de notre Armée, aujourd’hui si dramatiquement sous-équipée et sous-armée, quand on se souvient que tous les meilleurs matériels dont elle disposait autrefois ont été fabriquées à la Manufacture de Saint-Etienne : entre autres le fameux fusil Lebel, et plus récemment la pistolet automatique PA-Mas G1 et le fusil Fa-Mas.

Qui ne se souvient de la majestueuse perspective du portail d’entrée de la « Manu », laissant apercevoir le magnifique bâtiment d’accueil en arrière-plan ? Aujourd’hui certes, le portail est toujours là, mais la vue d’ensemble est cassée par la platine et le site dénaturé par l’ensemble des constructions, d’un futurisme ultra-moderne.

Les élus front National de Saint-Etienne ont toujours suivi ce dossier de très près et ajusté leurs votes successifs en fonction des enjeux du moment. Ils se sont élevés de nombreuses fois contre le choix du site destiné à recevoir la Cité du Design, ainsi que sur la désignation de l’architecte. Et ils n’ont pas été les seuls, puisqu’à l’époque les Socialistes – alors dans l’opposition -, adoptaient des positions très voisines des nôtres ; tout comme les Verts qui s’élevaient avec véhémence contre le massacre des splendides jardins et le tronçonnage d’arbres vénérables. Quel rétablissement ils ont fait sur la question depuis que Monsieur a Vincent remplacé Monsieur  Thiollière à la Mairie !… « Ces évènements nous dépassent, se sont-ils dit ; feignons d’en être les organisateurs »…

Maintenant que le désastre est consommé, il faut bien néanmoins en tirer parti. Nous avons toujours été, nous sommes encore, tout-à-fait favorable à l’immersion du design dans le tissu industriel. Ce qui nous gêne, c’est le flou qui entoure notre participation financière. Vous dites page 111, article 22 : « Les contributions financières des personnes publiques fondatrices sont définies annuellement par le Conseil d’Administration de manière à assurer l’équilibre du budget de l’établissement ». Qu’est-ce que cela signifie au juste ? Nous sommes déjà inquiets de l’importance des actuels frais de fonctionnement, dus en partie d’ailleurs à la création d’emplois plus ou moins artificiels ; mais quels seront-ils à l’avenir, ces frais, si nous devons constamment ajuster notre contribution aux dépenses de la Cité ? Déjà, Monsieur Vincent ne parle plus de baisser le budget initial contre lequel il s’était pourtant élevé en d’autres temps…

Autre question que nous nous posons : Vous entendez promouvoir cette institution pour aider les entreprises ; bien. Mais ne s’agit-il pas là d’un cadeau empoisonné ? Et le design constitue-t’il réellement une mission de service public ? Actuellement, lorsqu’une entreprise a besoin des services d’un designer, elle s’adresse à un designer privé qu’elle choisit et dont elle paie les services ; nul besoin pour elle d’un organisme intermédiaire qui ne fera qu’augmenter les coûts et alourdir la procédure.

Il y a là en réalité une belle opération de communication, comme vous l’avez vous-même très bien compris, Monsieur le Président ; il suffit de taper « Cité du Design » sur Google, et on tombe presque directement sur un blog à la gloire de monsieur le Président de la Région !  Monsieur Vincent non plus n’est pas le dernier a en escompter de fructueuses retombées. A quelques mois d’une élection importante, çà peut rapporter gros… L’inauguration et le battage médiatique auquel elle a donné lieu ne doivent rien au hasard.

Dans un tel contexte, nous préférerons donc nous abstenir sur ce dossier.

(Marie-Christine de Penfentenyo a été Conseillère régionale du FN jusqu’en mars 2010, réd.)

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