Vœu du Front de Gauche concernant Lejaby

Explication de vote de Bruno Gollnisch – 27 mai 2010

Nos collègues du Front de Gauche, qui sont marxistes en règle générale, découvrent les ravages du libre-échange dont Karl Marx était un chaud partisan précisément à cause de ses effets destructeurs sur la société et dont il pensait que, de ce fait, cela contribuait à « dissoudre les anciennes solidarités — je reprends ses propres termes — à dissoudre notamment les nations, à pousser à l’extrême l’antagonisme entre le prolétariat et la bourgeoisie, et c’est en ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote résolument en faveur du libre-échange. »

En réalité, nos collègues ont évolué, ils évoluent dans le sens, et c’est tout à fait louable, qui est celui du Front National, c’est-à-dire dans un sens de souci de la protection des intérêts nationaux et de la protection des industries nationales, parce que c’est bien cela qui est en cause.

C’est le fait que notamment, par exemple en Chine, il y a un gisement quasi inépuisable de main d’œuvre qui ne dispose pas de protection sociale. Allez parler de la retraite à 60 ans aux Chinois, allez leur parler des 39 heures ! La durée hebdomadaire du travail en France est de 35 heures, en Chine ils dorment chaque semaine 35 heures, c’est cela la différence, et le reste du temps ils travaillent comme dans l’usine où la société Apple fait fabriquer ce genre d’instruments, dont je me suis rendu acquéreur comme beaucoup d’autres, et où les suicides sont en train de se multiplier, on se croirait presque à France Telecom.

Il y a des choses très justes dans le vœu de nos collègues et qui, d’une certaine façon, nous poussent à le voter. Mais le problème est encore une fois qu’il faut que nos collègues adoptent, réadaptent leur discours, leur doctrine et admettent qu’ils sont devenus des défenseurs des industries nationales, par conséquent des patriotes, par conséquent qu’ils sont hostiles à la division internationale du travail, qu’ils sont pour le rétablissement des frontières économiques, parce que ce sera la seule façon de lutter contre cette spéculation, qu’ils sont pour des taxes compensatoires à l’exploitation méthodique de centaines de millions de travailleurs exploités dans ce paradis du capitalisme le plus cynique qu’est devenue la Chine communiste. Puisque, comme c’est une dictature, non seulement il n’y a pas de pension de retraite ou très peu, il n’y a pas de sécurité sociale digne de ce nom, mais il n’y a même pas de syndicats libres, il n’y a pas la possibilité de faire grève et de revendiquer librement une condition meilleure.

Je tends donc la main à nos collègues de Gauche, je sais qu’ils ne la prendront pas, ils ont tort à mon avis, pour que nous travaillons ensemble sur ce dossier et pour dire que nous sommes tout à fait d’accord pour faire ce qu’il est possible de faire à l’intérieur du cadre régional pour Lejaby, en étant conscient que cette entreprise comme tant d’autres ne peut être sauvée que s’il y a une modification radicale du cadre économique dans lequel nous évoluons à l’heure actuelle.

Nous votons le vœu, nous votons le gras, nous ne sommes pas d’accord avec l’exposé des motifs, mais ce n’est pas ce qui est en cause et c’est la raison pour laquelle nous voterons ce dispositif.

(…)

Sur cette affaire des élus — les parlementaires ou les élus locaux territorialement compétents — parce que tout de même vous dites qu’il n’est pas dans notre esprit, dans notre intention de refuser cette participation, ce n’est pas si évident que cela. À la dernière Conférence des Présidents, je me suis étonné du fait qu’un élu par groupe soit convoqué à une réunion avec ce qu’il est convenu d’appeler les forces sociales, etc. qui étaient conviées par Monsieur le Président Queyranne à la Région pour discuter des conséquences de la crise économique et des perspectives précisément de l’emploi dans la Région.

Les élus étaient conviés religieusement à écouter ce qui se disait, sans dire un mot, ce que j’ai trouvé quand même je dois dire passablement anormal, outrecuidant s’agissant d’une réunion conviée à la Région, en présence du Président de Région. Dans ces conditions d’ailleurs, personnellement je n’y ai pas assisté.

Je ne vois pas quel est l’inconvénient qu’il y a à mentionner que l’on souhaite, puisque c’est un souhait qui est exprimé, que les élus territorialement compétents soient associés à cette table ronde. Ce ne sont pas seulement les parlementaires parce que le rôle des parlementaires n’est pas de gérer leur circonscription comme s’ils étaient des sous-préfets. Le rôle des parlementaires est de voter la loi et de contrôler l’usage qui est fait de l’argent des contribuables, ce n’est pas de voler au secours de toutes les entreprises, même s’il est tout à fait naturel qu’ils le fassent et qu’ils s’y intéressent.

Encore une fois, ne nous faisons pas beaucoup d’illusion, le fond du problème n’est pas l’action de la Région, c’est que les ouvriers tunisiens se contentent de salaires 5 fois inférieurs aux maigres salaires déjà qui sont servis en France et les ouvriers chinois de 25 fois moins. Dans un contexte de libre-échange international, vous ne pourrez pas empêcher la fuite des emplois de se poursuivre, dès lors surtout que ces produits sont ensuite réimportés sur notre marché sans pratiquement payer de droit de douane du fait de notre insertion dans l’Organisation Mondiale du Commerce. Il faut prendre la mesure du problème qui est international.

J’ajouterai un dernier mot quand même aussi, c’est qu’on paie peut-être aussi les conséquences d’une prétendue libération des femmes, de jeunes…

Pourquoi pas ? Bien sûr, Mesdames, je suis maintenant un vieux Monsieur mais j’ai été jeune. Je me souviens du Women’s Lib où, solennellement, on balançait les soutiens-gorge par la fenêtre en signe de libération. Voilà les conséquences sur le marché à Lejaby, bien sûr, c’est que, quand on ne porte plus de soutien-gorge et même quand on ne porte plus culotte, il y a plus de marché pour Lejaby.

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