Mise en place du service public régional de formation

Intervention de Sophie Robert – 22 octobre 2010

Expérimentation d’un service d’accueil et d’information généraliste sur la formation et l’emploi « point accueil information-formation » dans le cadre du service public régional de formation
Rapport n°10.02.636

Création du dispositif « projet formation emploi » dans le cadre du service public régional de la formation
Rapport n°10.02.637

Mise en œuvre à partir de 2011, dans le cadre du SPRF, des crédits décentralisés au titre de la loi du 13 aout 2004 (AFPA)
Rapport n°10.02.638

Monsieur le président, mes chers collègues,

Avec votre proposition d’expérimentation « Points accueil information-formation », vous introduisez votre dossier plein de bonnes intentions en rappelant que la formation implique le droit à l’information et à l’orientation dans de bonnes conditions : de la proximité, la gratuité, des horaires aménageables, un service axé sur l’utilisateur, un accueil, de la qualité, du suivi, des propositions, un encadrement tout en gardant de l’autonomie … Voilà donc  de bonnes résolutions qui devraient réunir tout le monde. Mais pourquoi faut-il donc qu’après tant d’années de travail (et donc de crédits dépensés) sur les structures et dispositifs divers dédiés à la formation et à la recherche d’emploi, on en soit encore à l’expérimentation ?

Est-ce à dire que tout ce qui a été mis en place depuis 20 ans par l’UMP et le PS et financé par la Région à coût de millions d’euros, était si désorganisé, sans proximité, sans accueil, sans suivi, sans proposition, sans encadrement, sans qualité ? On en reste sans voix !

Mais enfin la vraie question n’est pas là : à quoi bon dépenser l’argent du contribuable pour la formation et l’aide à la recherche d’emploi s’il n’y a pas d’emploi en France ? A quoi bon continuer à monter des projets qui coûtent très cher à la Région pour un résultat économique nul ? Qu’on nous donne la preuve que les chiffres du chômage baissent suivant la même courbe que le montant des crédits annuels versés par Rhône-Alpes dans le cadre du service public régional de formation !

Malgré votre bonne volonté pour organiser des services plus faciles d’accès, plus humains, plus à l’écoute des demandeurs  et plus performants dans les propositions d’emplois ou de formation, vous ne résoudrez pas ainsi le problème majeur de notre pays qui est le manque d’emploi.

La vraie solution, elle est dans l’entreprise qui a besoin d’être protégée, non pas à coup de subventions, mais par une politique nationale audacieuse destinée à contrebalancer la concurrence déloyale issue du mondialisme.

C’est un cercle vicieux : les entreprises françaises sont plus pressurées que les autres, le coût de la main d’œuvre et du travail est plus cher, et l’exportation plus difficile (un exemple : lorsqu’une entreprise exporte en Inde, le gouvernement indien taxe les importations de ses produits de 100%, et lorsqu’une entreprise indienne exporte en France ou en Europe, il y a 0% de taxe). Et, pendant ce temps, pour permettre à nos entreprises -que l’on a livrées à cette concurrence déloyale en ouvrant tout grand nos frontières- de survivre péniblement,  les collectivités locales les subventionnent.

Depuis 30 ans, le Front National dénonce cette politique mondialiste suicidaire en proposant un éventail de solutions seules à même de nous sortir de cette crise. Il reste la voix qui crie dans le désert… Ne serait-ce pas par hasard parce qu’elles sont toutes inspirées des analyses du seul prix Nobel  français d’économie Maurice Allais (1988), décédé il y a quelques jours , auquel nous rendons hommage aujourd’hui et dont les Princes qui nous gouvernent feraient bien de relire les morceaux choisis ?

Arrêtons donc le gaspillage. La seule solution pour que nos compatriotes et donc les Rhônalpins retrouvent du travail est de soutenir nos entreprises en mettant en place des frontières économiques protectrices, susceptibles de taxer les produits qui viennent de l’étranger. Pour que les entreprises françaises soient compétitives, retrouvons  notre autonomie financière afin de pouvoir, le cas échéant, dévaluer ou réévaluer notre monnaie quand la situation le réclamera. A ce moment, nos entreprises pourront à nouveau embaucher et former leur personnel sans ces dispositifs multiples, onéreux et lourds dénommés « points accueil-information formation », renonçant aux projets formation-emploi, supprimant les innombrables structures qui se multiplient d’année en année et rendent opaque, pour les entreprises comme pour les usagers, la formation tout au long de la vie comme un domaine où nul ne se retrouve.

On observera d’ailleurs que, d’après le rapport, même l’Etat ne veut plus poursuivre sa convention tripartite avec l’AFPA et la Région ; le Conseil de la concurrence ne manque pas au demeurant d’appeler notre attention sur les disfonctionnements de cette structure qui visiblement a oublié qu’avec tous les crédits alloués elle était sensé faire de la formation… Pourquoi donc s’obstiner à subventionner un organisme qui se propose par exemple, à travers des « parcours qualifiants », de créer un millier de places supplémentaires pour se former aux métiers du bois, du cuir et  de l’imprimerie, alors même que ces filières sont en train de disparaitre les unes après les autres ? A  quoi ça sert ? Et pour quel résultat ?

Les entreprises, si elles retrouvaient leur dynamisme économique, seraient les mieux placées pour former leurs futurs salariés, même en embauchant les publics les plus affectés par le chômage de longue durée et les jeunes non qualifiés. Il est urgent de se ressaisir : vous comprendrez donc que, dans ces conditions, il nous est impossible d’adopter ce rapport.

Mais puisque j’ai relevé, monsieur le Président, votre ambitieux slogan pour la région Rhône-Alpes : « Plus de jeunes de 16 à 25 ans sans une formation, un stage et un emploi », je vous proposerai plutôt une formule moins discriminatoire « Un emploi pour tous dans une économie assainie et un marché du travail loyal ».
Je vous remercie de votre attention.

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