Service public régional de la formation

Intervention de Dominique Martin – 7 avril 2011

Rapport n°11.02.203 :
ORGANISATION DE L’OFFRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE
DE LA RÉGION RHÔNE-ALPES

Rapport n°11.02.204 :
PROGRAMMATION RÉGIONALE DES FORMATIONS « PARCOURS DE QUALIFICATION PROFESSIONNELLE
ET DE CERTIFICATION »

Rapport n°11.02.205 :
DÉVELOPPEMENT DE LA VALIDATION
DES ACQUIS DE L’EXPÉRIENCE (VAE)

Monsieur le Président, chers Collègues,

C’est en décembre 2008 que vous avez commencé votre réflexion, pour installer en décembre 2009 le Service Public Régional de la Formation. En mai 2010, vous en étiez encore aux bilans, aux évaluations, aux expérimentations. En octobre 2010, on voyait poindre les premières propositions.

Aujourd’hui, en avril 2011, ça y est, nous y sommes, tout est ficelé, le Service Public Régional de la Formation va enfin fonctionner et ce de façon efficace ! Nous dit-on…

Il serait temps, alors que vous entamez votre huitième année de présidence, un sacré bail quand même. Il serait temps surtout pour la Région qui a accepté cette compétence en 1993 lorsque l’État s’est désengagé des Formations Continues sur nos collectivités territoriales. Il nous transmettait alors les fameux CFI (Crédits Formation Individualisée), avec leur triste corollaire imposé par la loi : le programme TRACE (Trajectoire d’ACCès à l’Emploi) contre les exclusions afin de renforcer le suivi des jeunes les plus en difficulté. Et Charles Million, à l’époque, de sauter dessus à pieds joints dès 1994, ce qui n’était pas une obligation pour la Région.

18 ans déjà, et le chômage continue de progresser, tout comme l’illettrisme, pendant que nos jeunes peinent de plus en plus à rentrer dans la vie active.

Très sincèrement, M. Le Président, je vous le répète, je crains que cela soit insuffisant par les temps qui courent.

Vous vous agitez, vous gesticulez, vous ne savez pas quoi faire, car vous prenez le problème par le petit bout de la lorgnette. Plutôt que de vous attaquer aux causes, ce que vous ne pouvez pas, vous essayez sans succès dès lors, encore et toujours, de traiter les effets.

J’ose à peine vous le rappeler, mais des dysfonctionnements similaires à ceux de l’Éducation Nationale se retrouvent en matière de Formation. La Formation Professionnelle et la Formation Continue sont trop souvent utilisées comme des outils de traitement des problèmes sociaux pour les personnes en difficulté, et non comme un dispositif d’acquisition et de valorisation des compétences. Le constat est certes amer, mais la Formation est devenue un dispositif de plus pour gérer l’échec de l’Education Nationale et les effets collatéraux de la mondialisation et de l’immigration.

Vous le constatez vous-même dans l’exposé de vos motifs, page une du rapport, je vous cite : « …, ce sont près de 140 000 jeunes qui sortent annuellement de l’enseignement secondaire sans diplôme, dont 40 000 sans qualification ».

Véritable usine à gaz, la formation professionnelle connaît une quadruple dérive :
–    Elle génère des financements colossaux, à l’utilisation opaque et mal contrôlée.
–    Elle pâtit d’un faible accès des salariés aux formations.
–    Elle débouche rarement sur un emploi stable et durable.
–    Elle persiste à offrir des formations en inadéquation avec les besoins réels du monde économique.

Et vous le savez, je vous cite encore, toujours page une : « …une difficulté apparaît de manière récurrente, tant dans la bouche des personnes concernées que dans celle des élus, des professionnels de la formation et des chercheurs : la complexité et l’entrelacement des dispositifs, le fractionnement des propositions, la confusion des logiques d’accès (accès par statut, accès par secteur professionnel, accès par territoire, accès par réseau d’accueil, etc.). C’est ainsi que la formation professionnelle continue des adultes apparaît comme un paysage peu lisible, juxtaposant des éléments qui ont tous eu, à un moment ou à un autre, une légitimité, mais qui finissent, ensemble, par obscurcir l’horizon, voire décourager les personnes, en particulier les plus fragiles et en difficulté ».

Dans votre premier rapport, le rapport n°11.02.203, je trouve cependant deux idées intéressantes dans l’exposé de vos motifs (c’est tellement rare, qu’il faut bien le signaler) deux idées intéressantes  pour faire du ménage et rendre le système plus lisible :

•    La première étant de clarifier le cadre d’intervention autour de trois finalités, ou trois portes d’accès :
1.    Les compétences premières : en fait savoir lire, écrire et compter, même si c’est la mission de l’Éducation Nationale.
2.    La qualification professionnelle ou le véritable apprentissage d’un métier.
3.    Et la certification par l’obtention d’une formation diplômante.

•    La seconde étant la mise en ouvre de deux modalités :
1.    Une modalité structurante que vous appelez « la programmation collective », pour répondre aux besoins des territoires et des entreprises.
2.    Et une modalité de soutien aux « projets individuels et collectifs de formation », pour répondre aux besoins des personnes.

Malheureusement, le reste de votre exposé noyant totalement ces deux excellentes avancées, nous ne pourrons cependant pas vous suivre.

Monsieur le Président, chers collègues,

aujourd’hui, après trois années d’inutiles concertations tous azimuts, vous nous proposez une nouvelle et énième organisation de la formation. Veuillez excuser mon immodestie récurrente, mais par avance je peux vous affirmer que cela ne changera rien à l’affaire, et ce pour deux raisons majeures :

•    D’abord parce que les mêmes partenaires, les mêmes dispositifs et les mêmes outils sont maintenus et conservés en l’état. On retrouve pêle-mêle le PRAO, les structures AIO, les ZTEF, avec le PRDF et les CTEF, et tout cela en lien, mais en lien resserré nous assure-t-on,    avec les services de l’État et le Pôle Emploi.
•    Ensuite, parce que l’État va continuer de réduire les transferts de crédits nécessaires, comme il le fait depuis 1993.

Pour faire bonne mesure, vous n’oubliez pas de rajouter dans votre cocktail un zeste de lutte contre la discrimination, un zeste d’égalité homme-femme, un cocktail évidemment destiné en priorité aux jeunes bénéficiant déjà de toutes les largesses de la sacro-sainte Politique de la Ville, plus un zeste de développement durable pour amadouer vos terribles alliés Verts.

Je vous rappelle notre position : la seule mesure à prendre pour accéder à l’efficacité en matière de formation est de tout remettre à plat, et de placer l’entreprise au centre des dispositifs de transmission des savoir-faire, en revalorisant l’apprentissage, et ce dès l’âge de 14 ans. Car seules les entreprises, en particulier les PMI-PME, créent de l’emploi, et elles seules transmettent les savoir-faire, tout en restant à la pointe de la technologie.

À l’échelon national, on sait que l’ensemble des dépenses consacrées à la formation professionnelle et à l’apprentissage représente près de 23 milliards d’euros, dont plus de 40 % sont financés directement par les entreprises.

Les entreprises étant soucieuses de leurs investissements, on peut imaginer que leurs seuls investissements suffiraient à financer une Formation Professionnelle performante, le reste étant du gaspillage.

Quant à l’apprentissage, victime de la dépréciation du travail manuel et du prolongement de la scolarité, il est souvent perçu par l’entreprise comme une charge supplémentaire.    Le choix du maître d’apprentissage, la revalorisation des métiers et le retour à une logique de liberté concernant un financement qui devrait profiter aux entreprises, surtout les PME et le TPE, constitueraient des axes de progrès.

Prendre un apprenti ou un adulte en formation a un coût pour l’entreprise :
–    Le salaire du maître de stage.
–    Le salaire du stagiaire.
–    L’immobilisation du poste de travail, les outils, la matière, etc…
–    La médecine du travail.
–    La paperasserie inévitable, car nous sommes en France.

Que le maître de stage soit rémunéré par la collectivité comme l’est l’enseignant par l’Éducation Nationale, que l’entreprise soit aidée également par la collectivité comme cette dernière participe au fonctionnement et à l’investissement de l’Éducation Nationale, et vous verrez que les PMI-PME prendront des stagiaires en masse.

Cela aurait en outre l’avantage de sauver l’emploi des seniors, ainsi valorisés par cette belle mission qui serait celle de transmettre leur savoir-faire, fruit d’une vie de travail.

Votre rapport n°11.02.204 sur la Programmation Régionale des Formations « Parcours de Qualification Professionnelle et de Certification » est archétypique de ce que vous dénoncez vous-même page une de votre exposé, je vous cite à nouveau :
« À cela s’ajoutent des parcours professionnels davantage marqués par la succession de périodes d’emploi et de chômage, le développement de situations précaires et les nécessaires adaptations de compétences tout au long de la vie professionnelle… ».

Tout le monde le sait, bénéficiaires, organismes, entreprises, il s’agit ici du traitement social du chômage : les demandeurs d’emploi, dans leur grande majorité, entrent en formation uniquement pour le maintien de leur situation financière, sans vraiment profiter des formations proposées. Ils en sortent en cours de cycle sitôt un emploi retrouvé, alors que la formation est intégralement payée par la Région aux organismes : beau gaspillage de l’impôt des Rhônalpins, joli rendement pour les organismes bénéficiaires.

Les pseudos stagiaires de la formation sont tenus sous perfusion dans l’attente d’un nouvel emploi plus ou moins précaire, sans véritables motivations quant au contenu des formations dispensées.

Cela a le double avantage :
•    Pour nos gouvernants de faire artificiellement baisser les chiffres du chômage, puisqu’un demandeur d’emploi en formation n’est pas comptabilisé comme chômeur.
•    Pour l’UNEDIC de faire des économies sur les assurances chômage ainsi non versées.

Nous ne voterons donc pas ce second rapport.

Enfin, et pour conclure, reste votre Rapport n°11.02.205 : Développement de La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE).

Même si l’on y retrouve les travers que j’ai précédemment évoqués, même si parfois, là aussi, il s’agit d’un cache-sexe pour le chômage, nous voterons ce troisième rapport, car nous souhaitons encourager les salariés véritablement volontaires qui font l’effort de suivre des formations au sein de l’entreprise comme à l’extérieur, sur leur temps de travail ou sur leur temps libre, pour progresser professionnellement.

Le Front National reste résolument pour l’école de l’effort, pour l’école du mérite, et continuera d’aider toutes celles et tous ceux qui veulent s’élever, dans leur propre intérêt, comme dans l’intérêt de la collectivité toute entière, plutôt que de profiter des tous les avantages sociaux qui entretiennent l’oisiveté et la décadence de notre société.

Monsieur le Président, chers Collègues,

Je vous remercie de votre (aimable) attention.

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