Compte rendu d’exécution du contrat de projets Etat-Région 2007-2013 – Bilan au 31/12/2010

Intervention de Gabriel de Peyrecave – 23 septembre 2011

Rapport n° 11.00.529

Monsieur le Président,

Comme chaque année au mois d’octobre c’est le grand rituel du compte-rendu d’exécution contrat de projets Etat-Région. Nous prenons acte du présent compte-rendu que vous nous avez transmis, mais nous souhaitons quand même y ajouter un certain nombre de remarques. Somme toute, ce bilan est celui de l’action conjointe de votre majorité et de celle de l’Etat sarkozyste sur une série de dossiers. Certains sont louables et semblent avancer correctement, d’autres, assez nombreux, méritent que l’on s’y arrête un instant.

Avant d’aller à l’essentiel, je souhaite revenir sur ma longue et pénible lecture de ce compte-rendu. En effet, pourquoi pénible lecture ? Car on manque considérablement de visibilité puisque les compétences se croisent et s’enchevêtrent et les pilotages sont multiples. Mais pourquoi nous faire subir un tel manque de visibilité ? Eh bien tout simplement, et je le pense sincèrement, pour noyer le poisson. On crée la confusion, on nous embrouille, on nous noie sous ce flot de belles paroles, de beaux projets, de manière à nous étourdir. Je tiens à m’expliquer en utilisant cette expression.

Le sens du verbe noyer est très clair : il permet de provoquer l’asphyxie d’un être vivant en le plongeant dans un liquide. Et pourtant, si vous essayez de noyer un poisson en lui enfonçant la tête dans l’eau, vous vous fatiguerez certainement avant lui. Cette expression est donc plutôt bizarre. Peut-être faut-il y voir un rapprochement avec l’expression « La sauce fait passer le poisson » où le goût du poisson pas frais est noyé par celui de la sauce, la sauce étant bien sûr ce volumineux rapport et le goût du poisson pas frais étant ce qu’il y a à l’intérieur.

En fait, c’est Alphonse Daudet qui nous donne l’explication dans L’Immortel. Autrefois les pêcheurs l’utilisaient pour décrire la manœuvre qui consiste, une fois le poisson ferré, à le faire alternativement sortir et entrer dans l’eau de manière à l’épuiser pour qu’il finisse par ne plus opposer de résistance.

Eh bien, ce compte-rendu qui ressort chaque année tente de nous épuiser, d’épuiser les Rhônalpins afin qu’ils ne se rendent compte de rien.

Cependant, j’ai bien lu votre rapport et je me suis rendu compte des effets de vos politiques sur la population et mon groupe, le Front National, se rend bien compte qu’au-delà des bilans, des commissions, des études et surtout de votre autosatisfaction, les habitants de notre région, eux, vivent des situations bien différentes que celles de toutes ces belles lignes.

Quelques exemples. L’Etat et vous, accompagnez des démarches de développement durable, terme pompeux signifiant au final pas grand-chose, si ce n’est votre soumission au lobby vert en toute hypocrisie bien sûr puisque jamais la société libérale que vous défendez tous ici n’a été aussi polluante, produisant toujours plus loin, consommant en France et retraitant là encore toujours plus loin, là où les peuples n’ont pas le droit à la parole qui leur a été confisquée par les multinationales qui les exploitent par leur plus grand profit, sans que vous ne vous y soyez vraiment opposé.

Puisque vous n’êtes pas à une contradiction près, vous nous parlez aussi de la politique de l’installation des jeunes agriculteurs. Jeunes agriculteurs et agriculture que les supers structures européennes, que les euro-socialistes ont mises en place, ont contribué à faire disparaître.

Bref, dans ce bilan d’exécution nous retrouvons un concentré du pire des orientations du PS et du pire des orientations de l’UMP. En fait, l’Etat et la Région s’amusent à la baballe avec les grands projets. Qui lance le plus loin la baballe est un champion. On assiste à un véritable match Etat-Région, à celui qui avance le plus, à celui qui dépense le plus.

Mais bon sang, la baballe, c’est l’argent du contribuable ! Et cet argent, il vient toujours de la même poche. Alors, un peu de modestie, ne faites pas de grand discours sur ce compte-rendu, surtout pas en ce temps de crise. N’essayez pas de nous faire passer la pilule en nous décrivant toujours plus de projets pharaoniques ! Ces projets ne font en fait qu’accélérer le processus pervers du gaspillage.

Regardons combien cela coûte et ce que les Rhônalpins retirent de ce simulacre de contrat. Quand on parcourt cet imposant compte-rendu de plus de 180 pages, on relève qu’en 2010 ce sont plus de 400 M€ que les Rhônalpins ont payé par leurs impôts locaux à travers la part régionale, ce n’est pas rien et ce, d’autant plus que cela se répète chaque année. Je rappelle qu’en 2009 nous étions déjà à 287 M€. Quand je lis les commentaires de chaque tableau, la Région s’enorgueillit de ces dépenses toujours plus élevées. Mon groupe a déjà dénoncé à plusieurs reprises cette politique en vous posant les bonnes questions et je vous les repose à nouveau.

Croyez-vous vraiment que vous pouvez négocier avec l’Etat, peut-on vraiment gouverner une région en passant contrat avec l’Etat quand on sait que les engagements de l’Etat ne sont ni contraignants, ni irrévocables et les contrats de projets ne sont que des contrats d’objectifs ? Dans ce match, la Région va perdre et les Rhônalpins aussi. Comme le réclame votre rapport, nous en prenons acte avec une profonde tristesse et je terminerai : « Bonne est la maille qui sauve le denier ».

Merci.

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