Charte développement langue occitane

Intervention de Liliane Boury – 10 février 2012

                                                             Rapport n° 12.11.108

Les rapports que vous proposez sont souvent pleins de bonnes intentions, et celui-ci paraît de suite sympathique, nous qui sommes comme vous le savez attachés à l’identité, la conservation, la tradition, les racines du peuple, nous pourrions être prêts à y souscrire.

On peut cependant s’interroger sur l’évolution de la question linguistique : la langue occitane, celle de la poésie courtoise, de la Chanson de la Croisade, a vécu un splendide essor au Moyen Age, puis l’ordonnance de Villers Cotterets imposant le français dans tout acte administratif a participé à l’unification du royaume, et peu à peu la langue occitane a été reléguée au domaine de l’oralité.

A la révolution, l’abbé Grégoire a voulu éradiquer les patois, qui servaient de support aux revendications populaires et la République, dont on se réclame tant, sous la belle intention de la volonté d’instruire tous les Français, mais surtout pour faire pénétrer ses valeurs au plus profond de tous les foyers de cette France rurale riche de ses particularités, interdit l’usage du patois et impose le français partout.

Alors, Girondins contre Jacobins ?

Cette charte, adoptée par d’autres régions que vous nous demandez d’approuver, commence par une affirmation discutable : l’occitan n’est pas vraiment la langue régionale propre et vivante de Midi Pyrénées, du Limousin, de Prov A CA, de l’Aquitaine, de l’Auvergne, du Poitou Charentes, etc.

Le gascon n’est ni le provençal, ni l’auvergnat, ni le limousin, ni le vivaro-alpin… Au-delà de la zone géographique d’origine (si l’on peut dire, car la véritable origine est le latin), il n’y a pas d’unité, et vouloir un occitan uniforme est une reconstitution artificielle.

N’est pas Mistral qui veut !

Les axes opérationnels proposés sont nombreux, tous azimuts.

Vouloir que l’occitan soit présent dans la vie publique, la vie économique, les médias, les programmes audio visuels, et pour cela promouvoir la formation initiale, professionnelle et supérieure en occitan, sans oublier les structures de la petite enfance, mérite quand même quelques réflexions :

1er point : c’est vouloir ignorer tout ce qui existe déjà : grâce d’abord au Félibrige qui lui a redonné son essor, puis aux Calendretas, l’occitan voit sa pérennité assurée par l’enseignement dans des classes bilingues ; licence, master, options existent à l’université, des centaines de périodiques, de radios, d’associations, de compagnies de théâtre professionnelles ou amateurs, ont l’occitan pour objet

Vouloir en faire beaucoup plus, comme je l’ai énuméré, et c’est mon 2e point,

outre tous les bidules habituels (institution de régulation, éléments d’évaluation et de prospective, instance de concertation institutionnelle, comité de pilotage et j’en passe), cela implique du matériel pédagogique, des heures d’enseignement, des enseignants, des moyens budgétaires supplémentaires du Ministère de l’Éducation Nationale, tout cela, bien sûr, sera au détriment des heures consacrées au français

Le français, cette langue facteur d’intégration et d’unité, mais qui est de plus en plus en déclin, de plus en plus oubliée sur la scène internationale, certes en Afrique où les dialectes traditionnels sont multiples, le français est utilisée pour la compréhension inter ethnies ou inter états, mais ailleurs ? Prenons l’exemple de la Russie où il n’y a pas si longtemps (un siècle) on parlait français à la cour, où les grands auteurs écrivaient en français, il n’y a pas une œuvre de Pouchkine qui ne contienne des vers français, même Lénine parlait français, on voit maintenant dans les musées, y compris dans le plus grand, l’Ermitage, les explications écrites seulement en anglais ou en allemand !

Le français est de plus en plus malmené par une population de moins en moins cultivée, de moins en moins instruite de moins en moins aussi en possession de la langue nationale dès le berceau c’est le français qui est en danger

mais votre référence à la convention de l’Unesco révèle tout : « la diversité est considérée comme un patrimoine commun de l’humanité, la diversité linguistique est un élément fondamental de la diversité culturelle, » quand on voit la pagaille à Bruxelles avec 27 pays et autant de langues, on veut en rajouter ?

Souvenez vous :

Gardarem lou Larzac, c’était beau, mais ce n’était pas pour sauver le Larzac mais pour combattre l’armée de même promouvoir les langues régionales n’est ce pas pour fissurer l’unité nationale ?

Promouvoir l’Europe des régions n’est ce pas pour détricoter l’état nation ? Promouvoir la diversité n’est ce pas pour affaiblir la culture française ?

Finalement, en la lisant bien, on s’aperçoit que cette charte n’est qu’un marchepied au service d’une idéologie anti-nationale, aussi vous nous permettrez d’être plus Occident qu’Occitan.

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