Service Public Régional de la Formation (SPRF)

Intervention de Dominique MARTIN – 12 juillet 2012

Rapport n°12.02.426 :
LA CONTINUITÉ DES PARCOURS
EN FORMATION ET VERS L’EMPLOI
(Délibération cadre)

Rapport n°12.02.427 :
ORGANISATION DE LA FORMATION DANS LES DOMAINES DE LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLE
ET DE LA CERTIFICATION

Monsieur le Président, chers Collègues,

C’est en décembre 2008 que vous avez commencé votre réflexion, pour installer en décembre 2009 le Service Public Régional de la Formation. En mai 2010, vous en étiez encore aux bilans, aux évaluations, aux expérimentations. En octobre 2010, on voyait poindre les premières propositions. En avril 2011, nous y étions, tout était ficelé, le Service Public Régional de la Formation allait enfin fonctionner et ce de façon efficace ! Nous avait-on dit…

Et voilà qu’en juillet 2012, vous nous proposez une nouvelle délibération cadre pour la continuité des parcours en formation et vers l’emploi.

Il serait temps après 4 ans de réflexion et de concertation, alors que vous en êtes à votre huitième année de présidence. Il serait temps surtout pour la Région Rhône-Alpes qui a accepté cette compétence en 1993 lorsque l’État s’est désengagé des Formations Continues sur nos collectivités territoriales.

19 ans déjà, et le chômage continue de progresser, tout comme l’illettrisme, pendant que nos jeunes peinent de plus en plus à rentrer dans la vie active.

Votre rapport est cependant courageux et audacieux.

Courageux car vous pointez tout ce qui ne va pas. Vous faites même un état des lieux catastrophiques, une fois de plus me direz-vous :
•    La multiplicité des acteurs qui rend illisibles les mesures préconisées, en page 3.
•    Un budget orienté à 85% vers les jeunes, en page 3.
•    Un taux de refus moyen de 32%, en page 4.
•    Des financements croisés finalement inefficaces, en page 4.
•    Des outils peu visibles ou insuffisamment coordonnés, en page 6.

Audacieux car vous proposez de réelles innovations :
•    La réduction du nombre de dispositifs, en page 8.
•    Une convention cadre d’engagement réciproque, en page 10. Que n’y a-t-on pensé plus tôt ?
•    Renforcer la concertation, en page 11. Afin de mieux coller à la réalité de ce qui existe déjà, peut-être ? Je pose la question.
•    Accroître les partenariats financiers, dans un souci d’efficacité (en évitant les doublons), et d’économie, je pose aussi la question.
•    Un « référent de parcours », en page 5, qui suivra le stagiaire tout au long de sa formation.
•    Un « référent d’action », en page 8, qui débrouillera ce même stagiaire à tout instant.
•    Un « e-portfolio » unique et facilement accessible, en page 6, qui retracera toute ses démarches et son cursus complet.

Monsieur le Président, je vous le dis, bravo d’aller vers une simplification :
•    Avec « Une convention cadre d’engagement réciproque » entre tous les partenaires ;
bravo d’aller vers plus d’efficacité en renforçant :
•    « La concertation aux niveaux régional et territorial ».

Un bémol cependant, Monsieur le Président, avec ce que vous appelez « la levée des freins périphériques » qui fera de votre « référent d’action » une assistante sociale de plus, ce qui n’est pas de notre compétence d’une part, et j’ai peur que nous soyons vite débordés, d’autre part.
Vous l’écrivez dans l’exposé de vos motifs, page 8, je vous cite :
« Concernant spécifiquement les actions de formation comportant de l’accompagnement social et pédagogique (…) ‘le référent d’action’ pourra être la personne chargée de l’accompagnement social et pédagogique »,
(fermez les guillemets), ce qui est principalement de la compétence des départements et des communes.

Pour donner un avis général sur ce premier rapport, je trouve qu’il y a encore beaucoup d’expérimentation à venir, et beaucoup de concertation en vue.

En ce qui concerne le rapport n°12.02.427 sur l’Organisation de la Formation dans les domaines de la Qualification Professionnelle et de la Certification », on retrouve la même objectivité dans l’analyse, et le même souci de simplification et de clarification, et je vous en félicite.

Vous réduisez la Qualification Professionnelle à cinq segments pertinents de formation, et simplifier les dispositifs en ramenant leurs mises en œuvre à trois modalités.

Il en va de même pour la Certification ramenée à deux segments de formation, et à trois modalités de mise en œuvre.

Bel effort, mais il s’agit d’un vœu pieu.

D’abord, parce que cela ne concerne que 21 000 demandeurs d’emploi (selon vos propres chiffres en pages 15 et 19) sur les 270 000 que comptent la Région Rhône-Alpes.

Ensuite, et tout le monde le sait, bénéficiaires, organismes, entreprises, il s’agit ici du traitement social du chômage : les demandeurs d’emploi, dans leur grande majorité, entrent en formation uniquement pour le maintien de leur situation financière, sans vraiment profiter des formations proposées. Ils en sortent en cours de cycle sitôt un emploi retrouvé, alors que la formation est intégralement payée par la Région aux organismes : beau gaspillage de l’impôt des Rhônalpins, joli rendement pour les organismes bénéficiaires.

Les pseudos stagiaires de la formation sont tenus sous perfusion dans l’attente d’un nouvel emploi plus ou moins précaire, sans véritables motivations quant au contenu des formations dispensées.

Cela a le double avantage :
•    Pour nos gouvernants de faire artificiellement baisser les chiffres du chômage, puisqu’un demandeur d’emploi en formation n’est pas comptabilisé comme chômeur.
•    Pour l’UNEDIC de faire des économies sur les assurances chômage ainsi non versées.

Quant aux Obligations de service public que vous vous imposez, je vous renvoie à mon intervention d’octobre 2011 dont le Professeur Mérieux se souvient encore…

C’est plus fort que vous, pour faire bonne mesure, vous n’oubliez pas de rajouter dans votre cocktail un zeste de lutte contre la discrimination, un zeste d’égalité homme-femme, un cocktail évidemment destiné en priorité aux jeunes bénéficiant déjà de toutes les largesses de la sacro-sainte Politique de la Ville, plus un zeste de développement durable pour amadouer vos terribles alliés Verts.

Pour conclure, et très sincèrement, M. Le Président, même s’il y a des avancées significatives dans ce que vous nous proposez aujourd’hui, je crains que cela soit insuffisant par les temps qui courent.

Vous vous agitez, vous gesticulez, vous ne savez pas quoi faire, car vous prenez le problème par le petit bout de la lorgnette. Plutôt que de vous attaquer aux causes, ce que vous ne pouvez pas ou ne voulez pas, vous essayez sans succès dès lors, encore et toujours, de traiter les effets.

J’ose à peine vous le rappeler, mais des dysfonctionnements similaires à ceux de l’Éducation Nationale se retrouvent en matière de Formation. La Formation Professionnelle comme la Formation Continue sont trop souvent utilisées comme des outils de traitement des problèmes sociaux pour les personnes en difficulté, et non comme un dispositif d’acquisition et de valorisation des compétences. Le constat est certes amer, mais la Formation est devenue un dispositif de plus pour gérer l’échec de l’Education Nationale et les effets collatéraux de la mondialisation et de l’immigration.

Le Front National restera résolument pour l’école de l’effort, pour l’école du mérite, et continuera d’aider toutes celles et tous ceux qui veulent s’élever, dans leur propre intérêt, comme dans l’intérêt de la collectivité toute entière, plutôt que de profiter de tous les avantages sociaux qui entretiennent l’oisiveté et la décadence de notre société.

Monsieur le Président, chers Collègues,

Je vous remercie de votre (aimable) attention.

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