Les élus Perrot et Favre critiquent la gestion de l’économie régionale (avec vidéo)

Intervention de Charles Perrot et de Marie Favre – 30 mai 2013

Rapport n° 13.12.302  : Compte administratif 2012
Rapport n° 13.12.303 : Compte de gestion 2012
Rapport n° 13.12.305 : Rapport d’activités / Développement durable 3012

Madame la Présidente,

Charles-PerrotMerci de bien vouloir noter que je partagerai notre temps de parole avec Madame FAVRE qui interviendra, en seconde partie, sur le rapport « Contrats de Projets État/Région ».

Madame la Présidente, Monsieur le Vice-Président, ce mois de mai voit donc, comme chaque année, la publication du compte administratif de notre Région, comme d’ailleurs c’est l’époque, puisque c’est le mois de la publication des bilans des entreprises. Le compte administratif 2012 de la Région, c’est le bilan de votre exécutif, c’est votre bilan à vous.

Comme d’habitude, depuis quelques années, chaque fois que je lis votre bilan, je reste un peu pantois. Je reste pantois, parce que j’oscille, chaque fois, entre le sourire triste et désabusé, et une certaine exaspération affligée.

Pourquoi ? Parce que, depuis de nombreuses années, la France va mal. La France s’est installée véritablement dans la crise en 2008. La France va mal socialement, économiquement, et la Région Rhône-Alpes aussi. Elle va mal, elle en subit les conséquences, mais, pour autant, chaque fois que je lis ces comptes administratifs, chaque fois que je lis vos bilans, j’ai l’impression qu’elle est déconnectée de cette réalité-là. Je dois dire que le lecteur qui peut s’attacher, au-delà des explications alambiquées qui sont les vôtres, à comprendre, ne trouve pas, dans vos lignes, la réalité de ce qu’il vit.

Ce bilan 2012 augure donc bien mal de notre avenir, et si nous reprenons les grandes lignes, débarrassées de ces justifications confuses et de certaines comparaisons (qui pour moi, ne sont pas raison), il apparaît clairement un certain nombre d’éléments, que je vais vous donner.

Contrairement à ce que dit Monsieur JOUVE, ce compte administratif, ce bilan n’est pas plat. Je crois qu’un bilan, isolé de son contexte… n’importe qui faisant une analyse de bilan d’entreprise n’étudie pas le bilan d’une année. Cela n’a aucun sens. Ce qui compte, c’est, justement, de le mettre en perspective.

D’ailleurs, vous faites un très beau tableau, en page 31, qui s’intitule Analyse rétrospective. Donc, ce qui importe, c’est de voir ce compte administratif 2012 et de le mettre en parallèle ; dans ce tableau, vous avez mis six exercices successifs.

C’est exactement ce que l’on fait pour les entreprises, sociétés anonymes ou autres, où l’on doit publier les cinq derniers bilans. Cela permet de suivre l’évolution de tous les ratios de cette entreprise.

En l’occurrence, cela nous permet de suivre, effectivement, l’évolution, donc les ratios, de vos bilans.

Quand, Monsieur JOUVE dit que c’est un compte administratif plat, je note que, de 2007 à 2012 (et chacun peut prendre ce tableau, page 31), les dépenses de fonctionnement ont augmenté de +19 %. Nous sommes passés de 1 351 M€, à 1 601 M€, soit +19 %.

Les dépenses d’investissement, quant à elles, ont reculé de 12 %. Nous sommes passés de 1 020 M€ à 909 M€, et si l’on exclut le remboursement en capital, c’est davantage, la baisse est de 17 %. Le budget total a augmenté de 8 %. Nous sommes passés de 2 116 M€ à 2 279 M€.

L’encours de la dette : +38 %. Nous sommes passés de 1 135 M€ à 1 563 M€.

Il est très intéressant de se dire : « J’ai une période de référence de six bilans, c’est de la rétrospective. Faisons un peu de prospective ». Je prends les chiffres qui sont les vôtres, je prends ces ratios, et je vais me projeter 12 années plus tard, c’est-à-dire en 2024. Je prends vos ratios et je fais une analyse, non pas rétrospective, mais prospective : qu’est-ce que serait le compte administratif de la Région en 2024 ?

Les dépenses de fonctionnement seraient à 3 Mrd€. Les dépenses d’investissement : 400 M€. Le budget total : 3 Mrd€, c’est-à-dire que le budget total serait équivalent aux dépenses de fonctionnement. L’encours de la dette : 3 Mrd€. Petit détail, parce que je me suis aussi amusé à comparer les effectifs de la Région : je vous avertis tout de suite, nous aurons changé de siège, ce siège-là sera beaucoup trop petit, parce que, en 2024, il y aura 5 000 attachés…

Mais si, Monsieur DEBAT ! Ce sont vos chiffres à vous !

Evidemment, il n’en sera pas ainsi, ce n’est pas possible, je suis d’accord avec vous, mais cela veut tout de même dire une chose, c’est qu’il faut changer de régime. Il faut changer de régime de calcul, de régime politique ce serait encore mieux, bien évidemment. Il faut que vous changiez ce que vous avez fait depuis au moins six ans. Mais si l’on va un peu plus loin dans le passé, c’est encore pire, il faut totalement changer votre logiciel !

Cette analyse prospective a au moins le mérite de s’interroger et de se dire « mais où va-t-on ? » Je ne sais pas si, en 2024, il y aura un successeur à Monsieur QUEYRANNE comme « capitaine de pédalo » de cette institution, en tout cas, une chose est certaine, si l’on continuait de cette manière, avec cette crise, depuis 2008, qui continue, avec le socialisme qui continue, dans cette Région, à multiplier les frais de fonctionnement et les subventions « aux petits copains », alors on aura un pays en lambeaux, on aura une nation qui sera déchirée et divisée, et dont vous serez le responsable. On aura évidemment une économie exsangue, encore plus qu’aujourd’hui. Eh bien ! de tout cela nous ne voulons pas ! Nous vous laissons votre « radeau de la Méduse » ! Merci.

Rapport n° 13.14.307 : Compte rendu d’exécution du contrat de projets Etat-Région 2007-2013 – Bilan au 31 décembre 2012

Madame la Présidente,

Marie-FavreJ’aimerais tout d’abord demander à Monsieur JOUVE, et les Verts, s’ils n’étaient pas dans la majorité en 2007, lors de l’adoption de ce Contrat de Plan Etat/Région. Il vient d’en faire une critique impitoyable.

Moi-même, en lisant ce compte rendu d’exécution pour l’année 2012, je me suis demandé si la prédiction que je faisais ici même, l’an passé, et sur le même sujet, se trouverait confirmée.

Vous attaquiez, les années précédentes, l’État, montré du doigt comme seul responsable des lenteurs dans les 11 grands projets, la droite devenant votre meilleure excuse.

Après un an d’exécutif socialiste à la tête de notre pays, force est de reconnaître que les choses n’ont en rien changé. Et pour cause, la crise financière et sociale dans laquelle vos appareils politiques ont emmené la France ne permet pas de soutenir tous les investissements voulus.

Nous ne pouvons que constater de grandes disparités dans l’avancement de ce Contrat de Projets. De plus, la part de l’État est toujours aussi faible, et votre espoir de voir, à la fin de l’année 2013, le taux de participation maintenu à 88 % des objectifs nous semble un voeu pieux.

Le projet N° 5, qui concerne l’innovation globale et le renforcement de la croissance des PME, voit le concours timide de l’Etat, plafonné à 95 % de son engagement, alors que celui de la Région atteint 275 % du montant initialement prévu.

Dès 2008, notre groupe avait émis des doutes sur les conditions de mise en oeuvre de l’ARDI. L’innovation est, bien sûr, indispensable au développement économique, mais en 2013 nous n’avons toujours pas l’assurance que les emplois en France seront préservés. L’argent public engagé ne profitera-t-il pas, à terme, à des délocalisations ?

A ce jour, rien ne nous permet d’affirmer que le soutien financier accordé aux PME va réellement bénéficier durablement à la production en France.

Dans le Grand Projet 9, investir dans les ressources environnementales de la montagne, on peut constater que, en matière de PNR (pleine compétence régionale, je vous le concède), l’État a tenu son engagement, mais le budget régional prévu a été multiplié par 2,2 passant de 28 000 000 € à 61 420 000 €.

On peut s’étonner de voir les périmètres des parcs et des zones protégées évoluer en même temps que le personnel, les infrastructures, le matériel, l’informatique… Toujours plus d’actions financées par la Région, mais ces dépenses ne sont pas toujours justifiées…

La Région, en matière de parcs, pratique un coûteux saupoudrage, un affichage, comme le disait Monsieur JOUVE. Que dire du sacro-saint problème du réchauffement climatique, qui reste un gros poste de dépenses sur lequel vous ne lésinez pas : à ce jour, plus de 168 M€ avec nos impôts. Après le trou dans la couche d’ozone, que vous nous faisiez craindre dans les années 80-90, vous voici dans une manipulation totalement débridée !

Chacun se rend compte aujourd’hui que, derrière des opportunistes, élus ou non, il y a toute une clique de fabricants d’idéologie qui travaillent à la formation d’un pouvoir politique mondial. Il leur suffit de découvrir, parfois d’inventer, des problèmes globaux qui exigent la coopération de tous. Il ne s’agit là, en fait, que d’un fascisme écologique.

Monsieur le Président, vous ne pourrez pas tromper indéfiniment les électeurs. Ils sont las de vos projets pharaoniques et de vos ambitions folles. Ils demandent du réalisme, de l’utilité et de la performance.

Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à penser cela, et je terminerai en citant la presse suisse (une presse libre en Suisse) qui invoquait la visite de Sénateurs français, je cite :

« La crise française est plus grave que prévu. On se trompe notamment sur sa cause. La France n’est malade ni de son chômage, ni de sa dette ; elle est malade de son aveuglement, incapable de se remettre en question. Elle coule, coule encore et ce n’est que le début ».

Je vous remercie.


Les élus Perrot et Favre critiquent la gestion… par FNRhoneAlpes

(Vous trouverez d’autres vidéos de nos élus dans la colonne de droite ou ICI.)

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