Débat sur le projet de loi relatif à la réforme ferroviaire et ses conséquences sur le transport régional (avec vidéo)

Intervention de Christophe Boudot, Secrétaire départemental du FN du Rhône et Conseiller régional – 19 juin 2014

Christophe-BoudotCe débat consacré au projet de loi relatif à la réforme ferroviaire et ses conséquences sur le transport régional touche directement à l’avenir de la SNCF, et plus globalement à l’avenir de notre service public ferroviaire qui fait notre fierté et parfois notre consternation depuis plus d’un siècle.

Qu’en est il exactement, au delà des grèves massives qui sont de véritables prises d’otages des clients usagers ? Mais je reviendrai plus tard sur le rôle des centrales syndicales en la matière…

Par cette réforme portée par le gouvernement socialiste de François Hollande, mais qui aurait été porté de la même manière par l’UMP et ses affidés, le service public du rail est logiquement soumis à la libéralisation totale imposée par l’Union européenne au gouvernement et qui vise à ouvrir totalement à la concurrence d’ici 2019 pour les TGV et d’ici à 2022 pour les lignes régionales.

Plusieurs problèmes sont soulevés par ce projet de loi :

D’abord, la dette de la SNCF : une dette abyssale de 44 Milliards d’euros qui n’en finit pas de progresser d’environ 2 Milliards par an…

Dans le but avoué de séparer les comptes, en 1997, on a scindé les activités de la SNCF en deux parties : d’un coté le réseau des voies ferrées confié à RFF et de l’autre l’exploitation du réseau qui est resté à la SNCF.

Cette séparation historique a permis de soulager financièrement la SNCF et de transférer à l’époque 134 Milliards de francs de dette à RFF, (l’équivalent de 21 Milliards d’euros) sur 38 de dette totale et de faire apparaître la SNCF comme étant dans une situation relativement équilibrée et capable d’affronter l’avenir, c’est à dire les défis européens de l’ouverture totale à la concurrence, car c’est bien de cela qu’il s’agit.

Il est assez révélateur d’ailleurs que l’homme qui, en 1997, porta ce changement radical, fut le ministre communiste, de triste mémoire, j’en conviens, Jean-Claude Gayssot. Il a voulu, avec l’approbation des syndicats, entamer la mise aux normes européennes de notre service public du rail, et a préparé la casse de ce service public, si respecté et utile, aux Français.

Aujourd’hui, dans ce projet de loi, le gouvernement veut nous faire croire qu’il entend réunifier le rail en France, qu’il souhaite rassembler la famille ferroviaire pour en quelque sorte gommer les erreurs du passé, lutter contre la dette et éviter les dysfonctionnements, que l’on a pu voir dernièrement.

Par exemple… le gag à 50 Millions d’Euros, des rames de TER trop larges et des quais de gares trop étroits à raboter d’urgence !

On aurait en quelque sorte compris les faiblesses d’une séparation maladroite, mais il n’en est rien : le nouveau projet que l’on nous présente est bel et bien la constitution d’une holding ferroviaire et la marche rapide vers une forme de privatisation de la SNCF.

Le 1er janvier 2015, les deux sociétés RFF et SNCF se trouveront toujours séparées, avec d’un coté SNCF Mobilités qui gérera les transports, et de l’autre SNCF Réseaux qui reprendra les attribution actuelles de RFF.

Nous sommes très loin du grand groupe de service public à la française réunifié et modernisé que nous appelons de nos vœux.

Pourtant, ce grand groupe stratégique du rail qui déjà possède des centaines de filiales de droit privé doit effectivement se moderniser, et l’ensemble de son personnel doit maintenant prendre conscience que maintenir ses privilèges à vie n’est plus possible dans le monde d’aujourd’hui.

Le mouvement de grève auquel nous assistons depuis bientôt dix jours dans notre pays est inadmissible.

Il apparaît comme une véritable prise d’otage des clients-usagers et consacre la faillite du dialogue social, faillite en grande partie causée par un monde syndical politisé et arque boutés sur sa défense de privilèges d’une autre époque.

Mes chers collègues, autant je comprends les cheminots et les ouvriers de la SNCF qui se sentent trahis et impuissants face à la destruction déjà entamée, du service public du rail français, autant je dénonce les syndicats, CGT et SUD en tête, car ils sont directement complices de ce saccage programmé.

N’oublions pas que ces centrales syndicales stipendiées d’extrême gauche, maitres chanteurs professionnels de la France qui travaille, est trop largement arrosé d’argent public, en l’occurrence le nôtre, et a toujours défendu bec et ongle l’Europe de Bruxelles.

Nous, au Front National, nous nous prenons parfois à rêver d’un syndicalisme français, de branche, un syndicalisme français non politisé, qui serait attaché à la préservation du dialogue social et qui serait soucieux de la compétitivité et de l’avenir des filières qu’il serait censé défendre.

La situation de blocage actuelle nous encourage à exiger d’urgence une réforme globale des syndicats en France, pour qu’ils deviennent libres et véritablement représentatifs des salariés.

Rappelons qu’en 2005, Bernard Thibaud, numéro un de la CGT, a fait campagne pour le OUI à la Constitution européenne, exactement comme l’UMP et le MEDEF du baron Seillière.

En disant OUI au traité européen, la CGT a dit OUI aux directives européennes sur le rail, la CGT a dit Oui à la libéralisation sauvage et programmée de nos services publics.

Comment peut-elle se plaindre aujourd’hui des conséquences de son vote d’hier ? Cela s’appelle au mieux de la complicité, cela s’appelle véritablement de la trahison : la trahison des travailleurs français que l’on soumet, sans cesse depuis 40 ans, à une immigration massive qui pèse à la baisse sur les salaires de nos ouvriers et que l’on soumet au diktat de Bruxelles dont les conséquences apparaissent aujourd’hui pour le rail mais demain dans d’autres domaines industriels.

Ce qui se passe aujourd’hui en France est très grave : le gouvernement, en se soumettant aux règles de l’Union Européenne, est en train de tuer le service public du rail, si stratégique et si bénéfique pour notre pays, pour sa cohérence territoriale et pour son économie.

A n’en pas douter, la SNCF déjà lourdement endettée à hauteur, je le rappelle, de 44 Milliards d’euros, sera concurrencée, elle l’est déjà pour le fret qui se meurt, sur ses axes les plus rentables, et verra sa situation s’assombrir de plus en plus.

Les conséquences seront rapides et inéluctables :

– une baisse de la sécurité, comme on a pu le voir depuis 25 ans en Grande Bretagne ou en Belgique,
– une aggravation des problèmes de ponctualité et de fréquences déjà si récurrents,
– une hausse immanquable des tarifs, comme on l’a vu déjà pour l’énergie, notamment le gaz et l’électricité,
– et à terme, la suppression des lignes les moins rentables, notamment en zones rurales, même si on nous dit que ces entreprises européennes concurrentes soumissionneront à des appels d’offres complets, et joueront le jeu. Je n’y crois pas une seconde.

Il existe pourtant des solutions politiques à ce chaos programmé par le projet de loi du gouvernement que vous soutenez.

Nous demandons à l’Etat français de se libérer des contraintes de l’Union Européenne, cette Union Européenne qui a été clairement désavouée par une majorité de Français, il y a 3 semaines.

Nous demandons que l’Etat français reprenne la main et impose le monopole de la SNCF, seul moyen d’avenir pour garantir et sanctuariser les exigences de sécurité des voyageurs, de garantie des tarifs et de desserte cohérente du territoire français.

Bref, nous demandons que notre Etat stratège prenne la mesure du chaos qui s’annonce, organise un véritable service minimum en cas de grève prolongée, ce qui n’est pas fait, et assure aux Français un avenir durable du rail en France.


Ferroviaire : Christophe Boudot (FN) contre l… par FNRhoneAlpes

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