Gestion et administration de la Région Rhône-Alpes (avec vidéo)

Interventions de Charles Perrot (vidéo) et de Nicole de Lacheisserie (par écrit) – 20 juin 2014

Rapport n° 14.12.324 : Compte de gestion 2013

Rapport n° 14.12.323 : Compte administratif 2013

Présentation des éléments liés à l’exigence de transparence financière de la part des partenaires bancaires et financiers

Rapport n° 14.12.325 : Rapport d’activité développement durable 2013 et rapport d’avancement 2013 du plan climat de la Région

Rapport n° 14.12.327 : Rapport annuel du comité de suivi de la dynamique d’évaluation des politiques (Année 2013)

Rapport n° 14.13.326 : Rhône-Alpes Tourisme : Rapport d’activités et rapport financier pour l’année 2013

Madame la Présidente, M. le Vice-président,

Charles-Perrot(Merci de bien vouloir noter que je partagerai le temps de parole de notre groupe avec Mme de LACHEISSERIE, qui interviendra en seconde partie sur le rapport d’activités de Rhône-Alpes Tourisme.)

Madame la Présidente, comme chaque année à pareille époque, vient à notre ordre du jour, la publication du compte administratif, sa discussion, ainsi d’ailleurs qu’il en va de l’immense majorité des entreprises, puisque ces mois pré-estivaux sont les mois de la publication et de l’approbation des bilans de l’année écoulée. Le compte administratif 2013 de la Région Rhône-Alpes, c’est donc bien son bilan, avec un rapport d’activités, de façon similaire, et c’est bien, en fait, votre bilan. Si je dresse ce parallèle avec la publication des bilans des entreprises, c’est parce que, comme dans toutes les entreprises, un bilan isolé n’a que peu de valeur d’enseignement. D’ailleurs, vous avez vous-même encore ce matin, mis ce bilan 2013 en perspective avec surtout les deux années antérieures. Donc vous avez pris une période référentielle de trois années. Un bilan comme ici à la Région, avec le compte administratif, doit être mis en perspective, non pas avec les deux années antérieures, et vous l’avez d’ailleurs fait puisque ces documents que vous nous avez transmis, qui s’appelle « Analyse rétrospective », c’est la page 29 du rapport, annexe I, et vous considérez effectivement six années, de 2008 à 2013. Cette analyse rétrospective est tout à fait claire, et je vous remercie d’ailleurs de nous avoir donné des éléments tout à fait clairs. Elle est donc éclairante, mais elle est surtout parlante, encore faut-il savoir faire parler les chiffres. Et il est très facile, en partant de cette analyse rétrospective, de tracer ce qu’on appelle les tendances, les fameux trends – j’en avais déjà parlé l’année dernière – des analystes financiers, qui sont plus spécialisés dans les entreprises du CAC 40 que dans les comptes administratifs des collectivités. C’est pour ça que je crois utile de revenir à cet exercice.

Quelles sont donc les tendances qui se dégagent sur les six années, de 2008 à 2013 ? Deux tendances sont évidemment prioritaires pour mesurer le bon usage ou le mauvais usage que vous faites de l’argent des Rhônalpins. Le premier trend, la première tendance, concerne les dépenses de fonctionnement. Le deuxième, les dépenses d’investissement. Ces deux tendances seront toutes les deux mises en perspective avec trois autres éléments : le budget total de notre collectivité, son endettement et son épargne. Concernant les dépenses de fonctionnement, sur les années 2008 à 2013, la tendance est positive, la courbe des dépenses monte, monte. La hausse cumulée sur cette période considérée de six exercices est de plus 14,2 %. Premier chiffre à retenir.

Concernant les dépenses d’investissement, sur les six mêmes années, 2008 à 2013, la tendance est négative. La tendance est donc à la baisse. La courbe des dépenses descend, descend. Et la baisse cumulée dans ces six exercices est donc de moins 9 %. Deuxième chiffre à retenir.

En valeur absolue, la Région a dépensé en 2013, 1,651 milliard d’euros en fonctionnement, et ne dépense que 840 millions en investissement. Nous sommes donc parvenus en 2013, et c’est la première année, c’est intéressant à noter, à cette situation dans laquelle le fonctionnement est le double de l’investissement. Le double de l’investissement.

Et donc, Madame la Présidente, Monsieur le Vice-président, j’estime qu’il faut un sacré volume de culot, une bonne louche de cynisme, sans oublier une pincée de mensonges, pour oser asséner en page 1 de ce rapport, et je vous cite : « La Région confirme son action tournée vers l’investissement» alors que l’investissement n’a jamais été aussi faible depuis sa création dans notre Région.

En somme, si je reprends ces deux chiffres, je traduis ça par une équation, l’équation QUEYRANNE, j’avais aussi parlé du théorème de DEBAT, que je peux résumer de la façon suivante : -9 % de dépenses d’investissement sur six ans, +14 % de dépenses de fonctionnement sur six ans = action de la Région tournée vers l’investissement. Comprenne qui pourra ! Mais ces mots que vous utilisez pour travestir les chiffres, prouvent bien que le socialisme ne sait jamais comment faire pour dire et démontrer par des mots, l’exact contraire de ce que prouvent les chiffres. Tout cela est proprement surréaliste, si ce n’est ubuesque, et je m’arrêterai là concernant les qualificatifs.

Concernant le budget total de notre Région sur cette même période 2008 à 2013, la tendance est à la hausse, très légère, sur six ans, pratiquement plus un point chaque année, puisque sur le total de ces six exercices, le budget s’établit en hausse de plus 7 %. Mais on voit bien, il suffit de reprendre les valeurs, que le surcroît de recettes est évidemment affecté en totalité, consacré en totalité, et ça ne suffit d’ailleurs pas, au financement de l’augmentation perpétuelle des dépenses de fonctionnement. Et dans le même temps, ces six années, l’encours de dette consolidée, lui, au 31 décembre, passe de 1,4 milliard d’euros à 2,1 milliards d’euros, soit plus 700 millions d’euros en six ans, soit donc plus 43 %, dont plus 7 % pour la seule année 2013. Là encore, pour faire passer ce très mauvais chiffre, vous osez à nouveau écrire, pour vous dédouaner, je ne sais pas, pour vous rassurer, pour nous rassurer, ou plutôt pour nous enfumer, et je vous cite : « Cette tendance à l’augmentation est constatée pour l’ensemble des Régions». En somme : je ne suis pas très bon, mais tous les autres sont comme moi. Ah oui, c’est vrai, tous les autres présidents de Région sont aussi socialistes !

Enfin, enfin nous assistons corrélativement à l’effondrement de l’épargne nette : -29 %…

Et là, Madame la Présidente, Monsieur le Vice-président, pour faire passer cette pilule amère, qu’osez-vous écrire : « Le niveau d’épargne reste encore élevé ». C’est dire si l’enfumage devient votre code de conduite. Pourtant, M. DEBAT, jeudi dernier en commission Finances, était beaucoup plus modéré dans le propos, puisqu’il a utilisé deux termes pour caractériser l’évolution de l’épargne nette : « effritement », « érosion ». Ce sont vos mots à vous, Monsieur DEBAT. Moi, je suis désolé, quand je vois ces situations sur six années, ce n’est pas de l’effritement, ce n’est pas de l’érosion, c’est de la mauvaise gestion tout simplement. Et ce genre de gestion vous verrait révoqué ad nutum si vous exerciez identiquement vos mêmes talents au sein de n’importe quelle entreprise privée. Heureusement, la République est bonne fille, elle vous a pris dans ses bras.

En conclusion, ce compte administratif porte toutes les marques de fabrique d’une gestion socialiste. Vous avez parlé de fondamentaux, je les rappellerai, ils sont tout simples, et ils s’imposent à tous, qu’on soit de droite ou de gauche :
1) toujours plus de fonctionnement, toujours moins d’investissement ;
2) toujours plus d’endettement, toujours moins d’épargne ;
3) toujours enfumer les citoyens, mais toujours subventionner largement les amis, pour en faire de la chair à canon électorale. Fort heureusement, le beau printemps électoral que nous venons de vivre démontre que les yeux de nos compatriotes s’ouvrent, le vernis s’effrite, le rideau tombe, et même Manuel VALLS s’en émeut, en disant que la gauche peut mourir…

Avec un PS ridiculisé à 13 % en Rhône-Alpes, avec une UMP désormais discréditée par les pestilences de ses magouilles ignobles. Bref, comme disait Jean-Paul SARTRE : « Deux grands cadavres à la renverse où les vers se sont mis », eh bien, selon cette belle formule, les électeurs de notre Région viennent enfin de signer, Monsieur le Président, leur retour à la maison, leur retour à la nation. Merci.

 


Charles Perrot (FN) critique la gestion… par FNRhoneAlpes

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Nicole-de-Lacheisserie

(Par manque de temps, Nicole de Lacheisserie n’a finalement pas pu s’exprimer. Voici l’intervention qu’elle avait préparée )

Il est toujours bon de rappeler que Rhône-Alpes est la 2e destination touristique de France, une industrie clé pour l’économie et l’emploi dans notre région : 7% du PIB régional soit 10milliards d’euros de consommation annuelle et 200 000 emplois directs et indirects.

Par contre, on ne parle que très rarement de son budget global dans les investissements et le fonctionnement, que l’Europe, l’Etat et les différentes collectivités territoriales y engloutissent, sachant la complexité et le grand désordre qui règnent dans la répartition des compétences.

Sans remettre en cause le travail de RAT (ex CRT) et ce rapport financier, dont le budget totalise 9 millions d’euros, financé, je le rappelle à 89% par le Conseil Régional et 100% par le contribuable, doit-on accorder ces retombées économiques à de telles dépenses, ou tout simplement à la renommée de notre région due à la diversité de ses paysages ?

Vous même, Monsieur le Président le reconnaissiez l’année dernière : « Beaucoup de monde se marche sur les pieds et les bonnes intentions peuvent créer dans ce domaine beaucoup de dépenses budgétaires pour les collectivités territoriales qui pourraient être mieux gérées ».

A la même période, votre homologue de la Région Poitou-Charentes demande la dissolution du CRT qu’elle justifie par une économie budgétaire d’ 1 million d’euros et en raison de la réforme territoriale en cours.

Le projet de loi de cette réforme territoriale cite les régions comme chefs de file de la politique touristique. Il attribue une compétence obligatoire dans ce domaine aux intercommunalités tout en faisant de cette compétence une compétence partagée.

Le changement dans la continuité !! Chaque acteur du tourisme, pourra ainsi continuer à apposer son logo au moindre projet, quelles qu’en soient les retombées économiques, pourvu que les retombées médiatiques et hédonistes soient bien réelles.

Cette intervention de Nicole de Lacheisserie n’a malheureusement pas pu être tenue, faute de temps de parole (réd.).

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