Orientations budgétaires 2015 et Décisions modificative n° 2 de l’exercice 2014 (avec vidéo)

Intervention de Charles Perrot – 11 décembre 2014

Rapports n° 14.12.636 et 14.12.635

Monsieur le Président, Monsieur le Vice-président, Monsieur le gardien du temple,

Charles_PerrotD’habitude, le plat de résistance que vous nous offrez en cadeau de Noël, votre dinde aux marrons pour cette dernière de décembre, c’est le budget primitif. Nous avons donc droit cette année à un plat de substitution roboratif à souhait avec ce rapport des orientations budgétaires 2015, rapport de qualité sur la forme, étoffé, étayé, argumenté et précis ; un peu lourd peut-être.

Mais comme l’a rappelé avant-hier un éditorialiste de la presse écrite, « retour de la croissance : faut-il croire au Père-Noël ? », j’ai un peu, je vous l’avoue, ce sentiment dubitatif à chaque fois que je lis de la prose socialiste, et notamment dans ce genre de rapport quand il vous faut, pour justifier vos chiffres, vos prévisions de dépenses et de recettes, bref, vos orientations budgétaires, enrober tout cela dans une sauce qui tient à la fois de la méthode Coué et des oracles de la Pythie de Delphes ; en somme, la croyance et l’immanence.

Monsieur le Président, la méthode Coué, chacun sait ce que c’est : c’est cette prophétie auto-réalisatrice du nom de son inventeur Émile Coué de la Chataigneraie, méthode fondée sur la suggestion et l’autohypnose. Alors, vous allez me demander où je vais, mais j’y viens : j’ai mis en parallèle ce rapport des orientations budgétaires 2015 avec les trois précédents des orientations budgétaires 2012, 2013 et 2014. Eh bien, j’affirme que vous êtes exactement dans l’autosuggestion et dans l’auto-persuasion.

Pour faire simple, vous vous dites, année après année, et vous nous dites, dans ces rapports d’orientations budgétaires successifs : « ça va marcher, ça va marcher, ça va marcher », mais ça ne marche toujours pas, ça ne va toujours pas mieux. Bien sûr, comme le disait mon facteur, adhérent du Front National : « si le socialisme marchait, ça se saurait ». Bon.

Année après année, pourtant, avec ce rapport, vous nous brossez l’état de la France et l’état de Rhône-Alpes, tels qu’ils vont, ou plutôt tels qu’ils ne vont pas très bien. Année après année, pourtant, vous en trapercevez du mieux, comme un peu de ciel bleu après l’orage, et vous nous annoncez que ce sera mieux l’an prochain. L’an dernier, par exemple, en octobre 2013, vous avez écrit – je vous cite : « l’activité économique donne des premiers signes d’encouragement, ce que les experts qualifient de timide éclaircie ». Elle est où, l’éclaircie ?

Année après année, pourtant, depuis la crise de 2008, vous nous brossez un état fidèle du contexte économique et social. Vous ne nous cachez rien de l’état de crise durable. Vous appelez notre attention sur le contexte budgétaire compliqué avec lequel vous devez composer, et les orientations budgétaires sont l’occasion de nous annoncer un budget de sortie de crise.

En 2011, donc pour les orientations budgétaires de 2011, en octobre 2010, ici même, vous avez dit : « notre Région subit toujours les conséquences de la crise », et vous nous avez proposé en octobre 2010 une feuille de route de sortie de crise, car « l’urgence absolue doit être la sortie de la crise » – je vous cite. Avec un air martial, vous nous avez proposé, Monsieur le Président, et je vous cite encore : « un budget offensif et responsable pour assurer la relance et préparer l’avenir » (octobre 2010). Quatre ans plus tard, où est la relance ? Quel avenir avez-vous préparé ?

Et pour 2015, le socialisme assure-t-il toujours la relance ? Prépare-t-il toujours l’avenir ? Oui, je vous ai entendu : l’avenir de la fusion des deux Régions, etc. Face à une situation en fait qui nécessiterait des remises en cause politiques, force est de constater que ces orientations budgétaires et les budgets qui suivent n’ont infléchi en rien la situation de crise que nous connaissons, voire même ont contribué à l’aggraver.

Année après année, pourtant, vous nous gratifiez de fortes paroles qui, à elles seules, sont des orientations budgétaires que nous serions prêts à suivre, sincèrement. Mais malheureusement, nous serions prêts à les suivre si et seulement si elles avaient leur traduction immédiate et chiffrée.

Un exemple : cette année, dans ces orientations budgétaires, au bas de la page 4, vous énoncez une phrase très forte, u ne orientation budgétaire qu’effectivement nous pourrions suivre, et vous dites : « le recours à l’emprunt ne peut pas être la marge d’ajustement de l’équilibre budgétaire, vivre à crédit n’est en aucun cas la solution » ; ce qui en réalité se traduit dans les chiffres du tableau page 22 par une inscription de 256 millions d’euros d’emprunts sur 2015, plus 22 millions par rapport à l’année dernière, et nous atteignons ici, aujourd’hui, dans votre proposition, un record hist orique dans notre institution d’inscription d’emprunts.

Et pourtant, année après année, Monsieur le Vice-président, vous nous parlez de nécessaires réorientations budgétaires. L’an passé, vous avez dit : « la démarche initiée a permis de stabiliser en 2013 les dépenses par redéploiement, et en 2014, elle permettra de réaliser de véritables économies en ne renouvelant pas certains projets éloignés des priorités ». C’était ce que j’avais appelé l’année dernière « l’orientation budgétaire magique », celle que nous appelons de nos vœux depuis tant d’années et pour laquelle, vous, il vous aura fallu quand même dix ans pour dire : « c’est peut-être cela, l’idée ».

Mais quelle traduction dans les chiffres avons-nous vue en 2014 ? Pas grand-chose. Pas grand-chose, puisque derechef cette année, et avec encore plus d’assurance, vous annoncez la stabilité des dépenses de fonctionnement à périmètre constant. Vous dites : « stabiliser l’épargne brute à 336 millions d’euros », comme en 2014, et vous dites que pour ce faire, il est nécessaire de diminuer les dépenses de fonctionnement. Et vous annoncez un chiffre de 28 millions d’euros d’économies. Cette fois-ci, franchement, Monsieur le Président, j’ai tendance à dire : « c’est enfin du sérieux ». C’est du sérieux, mais cela fait tant d’années, depuis la création du Conseil régional, en fait, que toutes les dépenses de fonctionnement ont toujours constamment progressé, beaucoup plus vite que tous les autres postes budgétaires, beaucoup plus vite, beaucoup trop vite !

Vous annoncez vouloir réévaluer notre niveau d’engagement sur des dispositifs facultatifs, et même à l’instant, vous parlez de nous retirer de certains dispositifs. Nous sommes preneurs, Monsieur le Président. Nous attendons donc avec gourmandise la traduction chiffrée de ce niveau de réévaluation, en regard de la liste des dispositifs facultatifs que vous ne manquerez pas d’identifier lors du budget primitif 2015. Mais que l’exercice doit être difficile, prisonnier que vous êtes de tant d’ obligés de si longue date, tant d’associations qui ne vivent que tant que dure la subvention, tant de dispositifs facultatifs qui ont éclos à l’abri de la manne tutélaire des subventions régionales !

Composer avec la baisse sans précédent des dotations de l’État socialiste : heureusement, ce sont vos amis ; composer avec la raréfaction des ressources publiques ; composer avec la crise intra-européenne, qui a pour conséquence la saisie du produit de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. C’est pour vous l’obligation de mettre fin à une politique qui a prévalu continûment depuis 30 ans au sein de notre institution ; politique du chien crevé au fil de l’eau : certains mal intentionnés le pensent ; politique clientéliste : d’autres le pensent aussi, et nous en sommes ; politique au service de l’idéologie et du sectarisme de la gauche et de l’extrême gauche : ça, c’est une évidence. Que l’équation du futur budget primitif va être dure, Monsieur le Président, qui plus est en cette année électorale 2015, où vos petits amis politiques à votre gauche profiteront de l’occasion pour surenchérir dans leurs exigences, tout en affûtant la lame de leur surin !

Pour conclure, et paraphrasant mon éditorialiste de papier cité en introduction, « retour de la croissance : faut-il croire au Père-Noël ?», la question est désormais posée, que je vous livre ex abrupto : « orientations budgétaires 2015 : faut-il croire encore au père Jean-Jack ? »

Je vous remercie.


Charles Perrot (FN) pour une autre politique… par FNRhoneAlpes

Les commentaires sont fermés.