Budget primitif 2015 : présentation de l’équilibre général et vote du budget primitif 2015 (avec vidéo)

Intervention de Bruno Gollnisch – 30 janvier 2015

Rapport n° 15.12.090

Monsieur le Président, chers collègues,

Bruno-Gollnisch-ptJe ne surprendrai personne en disant que nous ne voterons pas le budget que vous nous proposez, et ceci pour des raisons qui, à l’orée de cette discussion, ont été clairement et brillamment exposées par mon collègue Charles PERROT.

En effet, les quatre caractéristiques principales de votre budget nous conduisent à cette position :

• Premièrement, je le rappelle, le fonctionnement, qui absorbe 70 % des ressources au détriment de l’investissement.

• Deuxièmement, l’obligation récurrente d’emprunter, et nous avons rappelé que l’emprunt avait été multiplié par quatre depuis que vous êtes Président de la Région.

• Troisièmement, l’inflation constante des effectifs de la Fonction Publique Régionale, en dépit de la crise que traverse notre pays.

• Quatrièmement, le fait que 20 % du budget, soit 500 millions d’euros, soit affectés à des dépenses hors compétences.

Monsieur le Président, mes chers collègues, permettez-moi de saisir cette occasion pour parler un peu à propos de la Région et de ses finances et, cependant, de mon expérience personnelle. Je m’exprime ici avec un peu d’émotion, car je présenterai demain ma démission des fonctions de Conseiller régional de Rhône-Alpes à Monsieur le Préfet et à vous-même, Monsieur le Président, qui êtes avec moi l’un des plus anciens dans cette institution, à ceci près que l’exercice de mes mandats a été continu et que les vôtres, sauf erreur, ont connu une interruption. Il y a en effet presque 29 années que j’ai été élu dans cette Assemblée, où je siège sans interruption depuis 1986.

Vous n’en avez pas fini avec moi, mes chers collègues. Je vous rappelle que je représente toujours notre Région au Parlement Européen.

Mes chers collègues, au cours de ces nombreuses années, avec mes amis du Front National, nous n’avons pas ménagé nos critiques, la plupart du temps sérieuses, parfois aussi ironiques, mordantes, ni nos remises en cause de la dictature morale de ce qu’il est convenu d’appeler le « politiquement correct ». J’ai parfois été saisi par l’indignation, voire la colère, contre ce qui me paraissait contraire à l’intérêt général. Je n’ai pas fui la polémique, et je ne le regrette pas.

D’autre part, cette intransigeance dans la défense de nos convictions est allée, je crois, de pair avec une meilleure compréhension des personnes, car c’est aussi à cela que servent les assemblées délibératives. En démocratie, elles sont le lieu normal où les élus des citoyens expriment les convictions de leurs mandants : un lieu d’affrontements, certes souvent vifs, mais exempts de violence, un lieu où nous apprenons aussi à nous connaître.

Se connaître, cela ne veut pas dire émousser ses convictions, pour en arriver à les dissoudre dans une espèce de convivialité dite« républicaine », paravent d’une complicité de notables heureux des petits ou grands privilèges matériels ou moraux qui les distinguent du reste de la population. Cette évolution-là, qui se rencontre parfois, serait détestable.

Mais bien différente et légitime est la compréhension de ce qui anime les adversaires de bonne foi qui, pour être des collègues, n’en restent pas moins des adversaires. Je crois ainsi comprendre qu’à la base de la motivation de nos collègues de gauche et d’extrême-gauche, il y a – ou il y a eu, au moins au départ de leur engagement – la lutte contre l’injustice sociale, certes, dévoyée par les totalitarismes révolutionnaires, mais qui n’en reste pas moins réelle, en ces temps où les rétributions de certains dirigeants économiques affichent un niveau de démesure et d’arrogance rarement atteint. Celui qui parle a cependant toujours été partisan de l’économie de marché.

Je crois aussi comprendre les inquiétudes de nos collègues écologistes, car il me semble légitime de rappeler que l’homme n’est pas le maître absolu de la nature, que le productivisme n’est pas forcément un gage de bonheur, que le dogme de la croissance ne signifie rien en soi, tant que l’on ne s’est pas interrogé sur la nature exacte des biens et des services qui devraient croître et sur le regard que nous portons sur eux.

Monsieur KHOLHAAS, je regrette cependant de leur part un certain dogmatisme sur plusieurs sujets et le fait que, légitimement soucieux de la biodiversité, ces écologismes me paraissent indifférents à l’accueil de la vie, à la transmission du patrimoine et au sort de ce peuple français qui mériterait, hélas, à plus d’un titre, la qualification d’espèce menacée de disparition.

Enfin, je suis parfois d’accord avec les propos de nos collègues de l’UMP, que je dois pouvoir qualifier sans connotation péjorative de « conservateurs » et de « libéraux », à ceci près que je reproche à leurs dirigeants de ne pas avoir conservé ce qui devait l’être quand ils avaient la possibilité de le faire et de n’avoir guère libéré notre pays et notre économie des carcans du fiscalisme qui spolie, et de la bureaucratie qui paralyse.

Mes chers collègues, permettez-moi en conclusion de vous livrer une réflexion, que vous avez déjà entendue pour beaucoup d’entre vous, sur l’avenir de notre collectivité régionale. La bonne volonté que je reconnais et la compétence de beaucoup – qui fait parfois, je dois le dire, mon admiration – dans le maniement des dizaines ou des centaines de règles, de règlements, de structures, d’organismes, de programmes multiples, ne sauraient tarir l’inquiétude que nous nourrissons à l’égard de notre système. Reconnaissons honnêtement que notre système administratif politique est en effet devenu de plus en plus incompréhensible à l’immense majorité de nos concitoyens.

Ceux-ci ignorent – faites-en l’expérience – les compétences et les rôles exacts de nos Collectivités territoriales et, par conséquent, de nous-mêmes, Collectivités dont le nombre n’a pas cessé d’augmenter. Ici même, arrondissements, communes, communautés urbaines tentaculaires devenues maintenant métropoles, départements qui subsistent à l’état de croupions, pays servant de cadre aux programmes de développement, régions, Etat, dont l’hypertrophie administrative n’a jamais été réduite, Union européenne aux interventions omniprésentes, partout élus et agents travaillent, échangent, rivalisent, mais personne ne s’y retrouve.

Il faut clarifier, il faut simplifier, il faut revenir à trois niveaux d’administrations dont les ressources, les compétences et le fonctionnement soient clairement individualisés. Il faut que ces Collectivités soient proches des citoyens, ce qui ne sera certainement pas le cas – je le regrette -, des énormes Euroländer que l’on nous prépare. Demandez aux habitants du Bourbonnais, qui supportent déjà mal la tutelle de Clermont-Ferrand, s’il leur fait plaisir d’être gouvernés depuis Lyon.

Clarifier et simplifier ne suffira certes pas à résoudre les graves problèmes de notre pays, les terribles problèmes de notre pays que sont la dénatalité, la destruction de la famille, l’ouverture des frontières à des flux incontrôlés de personnes, de marchandises et de capitaux, l’asservissement de notre souveraineté, l’oubli du patrimoine, des valeurs et des disciplines qui ont fait la grandeur de notre civilisation dont nos villes et nos campagnes sont encore une magnifique illustration.

Oui, clarifier et simplifier ne suffira pas, mais irait dans le bon sens. C’est ce que je souhaite ardemment, dans le souci de l’intérêt général qui est, et qui doit rester, notre seule boussole.

Je vous remercie.


Le dernier discours de Bruno Gollnisch par FNRhoneAlpes

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