Avenant à la convention cadre Etat-Région pour une vision partagée de la refondation de l’école et une coopération renforcée (avec vidéo)

Intervention de Sophie Robert, Conseillère régionale et Secrétaire départementale de la Loire – 7 mai 2015

Rapport n° 15.01.298

Monsieur le Président, Chers collèges,

Sophie_Robert« Mettre l’enfant au centre du système éducatif et lutter contre les inégalités à l’école » : telle était l’ambition affichée par le gouvernement de F. Hollande au début de son quinquennat. Et on a eu droit à la modification des rythmes scolaires, à la réduction du temps consacré aux matières principales, au profit des TAP (Temps d’Accueil Périscolaire). Cette version scolaire de l’école primaire confond les moyens (la pédagogie qui doit s’adapter à chaque élève) et la fin (transmettre les savoirs et la culture). Au lieu de faire éclore l’enfant hors de lui-même pour qu’il s’intègre dans une histoire et une société qui le précèdent, on lui impose de se construire seul, dans un système d’expérimentation et d’autoévaluation, sans livre, sans règles, sans chronologie ; les enfants doivent faire leur propre cours par rapport à des bouts de textes sur des photocopies ou deviner les règles de mathématiques en analysant ce qu’ils voient, car il parait qu’apprendre d’abord des règles pour les appliquer ensuite est traumatisant. L’école ne doit plus donner le savoir, mais l’épanouissement personnel, et nos enfants deviennent complétement déstructurés sans repère, sans règle.

Et voilà que Mme Najat Vallaud-Belkacem s’en prend maintenant au collège. Pour faire face, par exemple, à cette inégalité scandaleuse qui consiste à laisser des élèves sérieux et motivés suivre des cours optionnels tel le latin, le gouvernement avait deux possibilités : rendre le cours de latin obligatoire ou le supprimer. La solution retenue va conduire à sa suppression pure et simple. Et, avec la suppression de cette langue dite morte, les sections européennes. Et le grec. Quant à l’allemand, il faut aussi l’interdire. Problème : la connaissance de la culture germanique fait partie du grand programme de réconciliation franco-allemande depuis cinquante ans…

Au nom de l’égalité sans doute, on va encore davantage « discriminer ». Quelle horreur que le spectacle de ces familles fortunées allant inscrire à l’établissement privé voisin leurs enfants, à qui l’enseignement public refuse l’enseignement n’entrant plus dans le moule officiel : les belles lettres, l’humanisme, l’histoire (sauf l’auto-flagellation et la repentance, bien entendu) et, bien sûr, tout ce qui touche à la civilisation chrétienne qui structure 15 siècles de l’histoire de France. Là, tout sera revu en fonction de la bien-pensance officielle. Lorsque les élèves seront face à leur copie et leur sujet à l’École Normale Supérieure, on ne se demandera pas s’ils ont joué le jeu de l’école publique ou si le compte en banque des parents leur a permis d’y échapper. On ne se demandera pas comment ils « savent tout ça ». Car il y aura aussi ceux qui auront été victimes d’un désir sanglant d’égalitarisme et qui n’auront pu apprendre que ce que le programme voulait bien leur enseigner, les valeurs républicaines. Comme l’a si excellemment écrit ce professeur de gauche, Jean-Paul Brighelli, « l’école : la fabrique des crétins ».

Le Conseil supérieur des programmes distingue les sujets «obligatoirement étudiés» des sujets «traités au choix de l’enseignant». Ainsi, l’étude de l’Islam sera obligatoire, mais celle du christianisme médiéval facultative – ceux qui choisiront de l’enseigner devront le faire uniquement sous l’angle de l’ «emprise de l’Église sur les mentalités rurales». Les petits crétins… fabriqués par des grands crétins !

Mais je m’éloigne du sujet, on en arrive au lycées ; en réalité, cette convention qu’on nous demande d’approuver aura pour seul effet – à part un accroissement évident de nos dépenses – d’aggraver sérieusement l’entreprise de démolition du savoir en France : en effet, sur les champs d’action de cette convention sont réunis tous les éléments qui vont détruire notre pays :
1) Le numérique : pourquoi pas, mais si nos enfants avaient au préalable reçu l’enseignement qui les structure ; or, aujourd’hui les enfants n’ont plus le sens du concret. La semaine dernière, une maîtresse de maternelle m’expliquait que les enfants arrivaient à empiler des cubes sur l’ordinateur avec une souris, mais qu’au moment de prendre de vrais cubes pour les empiler réellement, ils n’y arrivaient pas… Tel est le résultat du numérique éducatif que vous souhaitez élargir : vivre dans le virtuel, et fuir le réel !
2) L’orientation tout au long de la vie et la prévention du décrochage : mais alors, prouvez-nous que les milliards d’euros mis sur ces budgets depuis tant d’années ont servi à quelque chose ! Non, c’est un échec complet, il y a de plus en plus de décrocheurs ! Et on continue en rajoutant toujours davantage d’argent public! Tout le monde le sait, mais presque tout le monde le tait !
3) Préparer les enfants à vivre en société, pour devenir des citoyens responsables et libres, par l’art, la culture et le sport, l’éco-responsabilité, la citoyenneté, l’égalité filles-garçons, les besoins éducatifs particuliers et le produire autrement. Ouf !… Mais tout ceci n’est que foutaise. Vous poursuivez servilement l’objectif idéologique de créer une société de gens déracinés, sans histoire, formatés pour qu’ils pensent uniformément, n’ayant plus aucune capacité de penser librement : on se croirait dans « 1984 » de Georges Orwell.

Et bien sûr, pour que chacun soit exonéré de sa propre et terrifiante responsabilité, c’est par le biais d’une convention tripartite que ce rouleau compresseur se met en place ; ainsi, sait-on jamais, chacun des signataires pourra toujours faire retomber sa faute sur l’autre, et la paperasserie administrative sera multipliée par trois, et les personnels qui s’en occuperont également !

Vous l’avez compris, nous n’approuverons pas cette convention Etat-Région. Des expérimentations sont déjà en cours, et nous les regrettons ; et nous ne souhaitons pas non plus la création d’un comité de pilotage de plus… non, de trop !

Je vous remercie !


Sophie Robert (FN) sur la refondation de l’école par FNRhoneAlpes

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