Rapport d’observation définitives de la Cambre régionale des comptes sur la gestion de l’association « Les Nouvelles Subsistances » (avec vidéo)

Intervention de Liliane Boury – 15 octobre 2015


L. BOURY (FN) critique la politique régionale… par FNRhoneAlpes

Liliane-BouryEn politique, il n’y a pas de place pour les sentiments. Si c’était le cas, M. le Président, je vous exprimerais notre compassion.

Vous n’avez en effet pas de chance que la chambre régionale des comptes publie son rapport sur les Subsistances maintenant, à la fin de votre mandat que vous souhaiteriez renouveler. Les Subsistances, rappelons le, c’est un lieu, à Lyon consacré à l’émergence artistique, dont l’objet est d’accueillir des compagnies en résidence afin d’aider à la création artistique et de favoriser l’émergence de nouvelles esthétiques.

C’est aussi une association dotée d’un budget de 3,7 millions d’euros, composé à 90 % de subventions publiques : 3,1M€ de la ville de Lyon, mairie socialiste, 300000 de la Région. Pourquoi vous parle-je de compassion ? Parce que la chambre régionale des comptes dresse un constat accablant de la gestion des Subsistance : manque de transparence, copinage, surestimation de la fréquentation, rémunération des dirigeants épinglée, manque de contrôle de la ville de Lyon, déontologie du commissaire aux comptes mise à l’index, etc. Après lecture, il y a un moment d’hésitation. Non, il ne s’agit pas d’une intervention d’un élu Front National dénonçant les fonctionnements de votre politique de « subventionnite », il s’agit bien d’un rapport officiel accablant.

Voyons rapidement dans le détail :

Absence de transparence :
La ville de Lyon est épinglée pour être « peu investie dans le suivi des actions menées malgré l’importance de son soutien financier et matériel ».

Copinage… ?
La chambre relève , sur les conditions d’accueil des compagnies d’artistes que « le processus de sélection en lui-même n’est pas encadré. Les dossiers sont examinés principalement par le directeur et la directrice déléguée , sans que leur décision ne fasse l’objet de compte-rendu ou d’une motivation. Il ne ressort pas des comptes rendus du conseil d’administration que celui-ci validerait la sélection. (…) 49% des résidences de la période ont été attribuées à des compagnies accueillies plusieurs fois. 20% des compagnies bénéficient d’un peu moins de la moitié des résidences. Certaines d’entre-elles ont bénéficié de 4 ou 5 résidences sur ces six dernières années ». Et il est précisé qu' »il ne s’agit pas de résidences sur un même projet qui se prolongerait sur plusieurs saisons, mais de multiples résidences successives accordées aux mêmes artistes sur des projets différents ». Le rapport critique donc le choix du prince qui laisse la porte ouverte à tous les copinages. Il précise aussi que « cette critique est d’ailleurs récurrente dans le monde culturel lyonnais. »

L’Abandon des droits est déploré :
L’association abandonne ses droits de coproducteur sur les spectacles créés. Autrement dit, la réussite et l’exploitation d’un spectacle créé aux Subsistances n’entrainent aucune retombée financière. Pas besoin de se décarcasser, de toute façon les subventions tombent !

Baisse de la fréquentation :
Pour la chambre, la structure connaît mal ses chiffres de fréquentation et les surestime, en les superposant, en les ajoutant à ceux de la villa Gillet. Le chiffre de 40 000 spectateurs par an est avancé dans les documents de communication alors que le rapport révèle qu’ils sont deux fois moins nombreux et même de moins en moins nombreux. « De 23 000 spectateurs pour la saison 2008-2009, la fréquentation est tombée à environ 17 000 spectateurs pour la saison 2013-2014 ».

Gouvernance :
La chambre épingle d’autres aspects de la gestion des Subsistances, notamment sa gouvernance. Une Assemblée générale est normalement composée de membres à jour de cotisation. Or ici, aucune adhésion n’est perçue, dès lors aucune des Assemblées générales qui ont été tenues n’était régulière, et d’ailleurs, comme pour le conseil d’administration, la participation est très faible, le quota est atteint seulement par les pouvoirs que le Président cumule, certains membres « qualifiés » ont été constamment absents. Le rapport alerte sur le risque que, gérées sous le statut d’une association loi 1901, les Subsistances pourraient être rattrapées par l’administration fiscale en raison du risque d’une gestion de fait de la part des directeurs salariés. L’un d’eux perçoit pour les seules Subsistances plus de 9 SMIC, et au-delà de 9000 euros, ce qui semble contradictoire avec le caractère en théorie non lucratif d’une association loi 1901.

Il faut savoir que celui-ci dirige également la Villa Gillet. Il est écrit à son sujet qu’il cumule 2 emplois à temps plein ! On connaissait les doubles journées, que font beaucoup de femmes qui ont un emploi extérieur ; enfin c’est un stéréotype, il ne faut pas faire hurler vos suffragettes militantes de l’indifférenciation des genres… mais le double temps plein, ça il faut être socialiste pour l’accomplir !

On rajoute l’absence d’application d’une convention collective, les déplacements, missions et réceptions insuffisamment encadrés… Voilà comment sont abandonnés les fonds publics, c.-à.-d. l’argent des contribuables. La direction peut bien s’engager à remédier aux irrégularités, la ville de Lyon à renforcer son contrôle, et vous certainement faire de même, nous savons bien qu’il n’y aura pas de vérification, que ce qui est dénoncé ici est intrinsèque à votre politique de subventions à tous vents, que ce système pervers qu’est le régime des copains et des coquins que nous n’avons cessé de dénoncer continuera… sauf…, sauf que dans quelques semaines Christophe Boudot sera dans votre fauteuil, alors là, vraiment, tout ça sera terminé !

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