Budget primitif 2017

Intervention de Charles Perrot – 15 décembre 2016

Rapport n° 1505

En Assemblée plénière de la Région Auvergne – Rhône-Alpes du 15 décembre 2016, Charles Perrot s’est prononcé sur le budget primitif 2017 :

Monsieur le Président,

Nous avoir honorés de sa présence lors de la commission finances, jeudi dernier. Il est vrai que c’est nettement mieux quand il y participe. N’estce pas Monsieur KOVACS ? Monsieur le Président, vous avez donné une interview dans Les Échos le 1e r avril 2016, qui m’a intéressée. Vous y avez dit : « La crise du politique c’est avant tout une crise de l’efficacité. » Non, Monsieur le Président, vous vous trompez. La crise du politique c’est avant tout une crise de la volonté et du courage. De ce courage et de cette volonté qui furent totalement absents, quarante ans durant, chez vos amis de la droite française en général, et la droite régionale en particulier. Et vous le savez vous-même très bien, si vous ne le dites pas. La preuve, vous nous l’administrez avec ce budget primitif 2017, car là vous « secouez le cocotier ».

Lorsque l’on compare 2015 et 2017, 2017 neutralisées des effets de la loi NOTRe et de la compétence transférée, on a pratiquement un budget constant autour de 3 Md€ (3 157 M€ et 3 100 M€ en 2017). Les dépenses réelles de fonctionnement baissent de 150 M€, c’est votre annonce, et les dépenses d’investissements sont inscrites pour plus 140 M€. L’épargne brute augmente de 170 M€. Les chiffres ont été rappelés. Avec un budget primitif comme celui-ci, nous assistons bien au retour de la volonté et du courage politique. Je l’ai déjà dit, c’est un changement de paradigme politique qui nous réjouit.

J’en reviens aux frais de fonctionnement. La semaine dernière, Monsieur le Vice-Président BLANC, en commission finances, nous a décrit avec quelle rigueur de gestion il travaillait, comment il « passait au peigne fin » toutes les dépenses de fonctionnement. Bref, il a dit lui-même qu’il se livrait à un vrai travail de bénédictin. Alors, Monsieur le Vice-Président, vous gagnez en somme votre paradis à Confluence, vous tutoyez le ciel et, vous inspirez de la belle devise bénédictine « ora et labora » (prie et travaille), nous nous en réjouissons.

Objectif donc, 75 M€ d’économies, mais qui seront d’autant plus faciles à trouver si, à l’instar de votre collègue Madame PECRESSE en Ile-de-France, Monsieur le Président, vous affirmiez votre volonté définitive de ne travailler qu’avec les seules « associations sérieuses » -ce sont ses motsc’est-à-dire refuser de subventionner celles qui ne le sont pas, car ne présentant pas de bilan ou présentant un bilan frelaté -c’est d’ailleurs le sens du Code général des collectivités territoriales-, ou alors en passant par zéro la subvention 2017 à celles qui, au prétexte d’une baisse de leurs subventions en 2016, vous ont délivré, Monsieur le Président, un brevet de fascisme ou la Croix de fer.

« Au peigne fin » de Monsieur BLANC, il manque encore quelques dents ! Un exemple parmi d’autres, nous avons trouvé cette année 165 000 € pour différentes actions à Rabat-Salé-Kenitra, sur le thème du soutien aux femmes vulnérables. Monsieur le Président, je vous rappelle qu’il y a aujourd’hui en France, 15 % des Français qui vivent sous le seuil de pauvreté, qui sont donc eux aussi, vulnérables. À notre sens, ils ont droit eux d’abord, à notre soutien.

Concernant la fiscalité régionale, baisse de la carte grise, exonération de carte grise pour les véhicules propres, vous dites : « Le budget 2017 protège nos habitants de toute augmentation d’impôt. » J’ai envie de dire, Monsieur WAUQUIEZ, c’est Zorro. En réalité, la baisse est bien modeste puisque ces deux mesures représentent un bonus fiscal inférieur à 4 M€. Politique vertueuse, dites-vous, peut-être, mais surtout politique de toute petite vertu. L’autre impôt régional en revanche, et c’est plus grave, c’est la TICPE que j’appelle « racket à la pompe à essence » qui ne baisse pas. Vous maintenez pour 2017 et pour cette deuxième année, cette taxe au taux maximum. Nul n’a oublié ici la posture de vos amis de droite en 2013, qui vociféraient dans l’hémicycle, qui conspuaient l’exécutif de Monsieur QUEYRANNE en dénonçant le tarif maximum socialiste dénoncé par vos propres amis comme un racket. Vous en souvenez-vous Monsieur KOVACS ? En somme, Monsieur le Président, si je comprends bien, le racket a changé de camp, mais pour nous le combat n’a pas changé d’âmes.

Concernant l’investissement à 980 M€, sur ce montant nous vous suivons d’autant que vous ne parlez pas de préférence régionale, mais vous affichez la terminologie édulcorée de « valorisation de l’achat local ». Madame CUKIERMAN vous a comparé à Diafoirus, le médecin de Molière, pour nous vous êtes plutôt Monsieur Jourdain. Il faisait de la prose sans le savoir. Vous, vous faites du Front National sans oser le dire.

Mais l’essentiel, c’est que cela soit fait.

Nous vous suivons aussi dans votre volonté de renforcer la sécurité. Nous vous suivons d’autant plus que là aussi, c’est bien le Front National qui vous a montré le chemin et depuis longtemps, et même sous les quolibets de certains qui aujourd’hui vous entourent. L’Assiette au beurre, Monsieur le Président.

Sur cette politique de la sécurité je vous pose une question simple : Qui suit qui ? Est-ce qu’un jour au moins vous aurez la franchise et la décence de nous reconnaître le bénéfice de l’antériorité ?

Sur d’autres projets d’investissements, nous sommes contre, l’A45, le Lyon Turin, c’est non, non et encore non.

Pour conclure, Monsieur le Président, dans ce budget primitif, il y a du bon, il y a du moins bon et il y a encore du mauvais, mais il y a surtout que c’est bien le Front National qui rythme désormais le tempo de la vie politique française, et Monsieur DUGLÉRY n’a rien dit d’autre. Il nous a rendu cet hommage, à son corps défendant, car nous sommes tout simplement le centre de gravité de la vie politique française. J’ai acquis la certitude que, sans le Front National, sans la force qu’il représente aujourd’hui, sans la demande de nos compatriotes, vous n’existeriez pas tout simplement. Vous existeriez, mais vous ne seriez qu’un camelot de plus à fourguer à nos compatriotes une politique frelatée avec des budgets faisandés.

Pour autant, ce budget primitif est-il le plan miracle annoncé ? Le New Deal ? Nous aimons moins, Monsieur le Président, votre tropisme américain, vos escapades à Las Vegas, le vocable « Tech Région » et cette référence à la Grande dépression américaine des années 30 et à ROOSEVELT. Je pense savoir pourquoi. Parce que Roosevelt était l’homme du New Deal et qu’il fut le seul Président des États-Unis à avoir été réélu trois fois. C’est peut-être une explication.

En somme, après la transcendance bénédictine du Vice-Président BLANC, après vous être vous-même présenté en Zorro protecteur du contribuable régional, puis nous être apparu en Monsieur JOURDAIN qui fait du Front National sans oser le dire, faut-il désormais que par la grâce de ce New Deal, nous vous appelions désormais, à l’initial de votre patronyme, Mister W ?

Du bon, du moins bon, et du mauvais. Ce budget primitif ne rejoint pas encore ce qui est nécessaire pour notre Région. Vous faites déjà un petit bout de chemin, pas suffisamment. Nous voterons donc contre. Merci.

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