Lutte contre le travail détaché

Intervention de Christophe Boudot – 9 février 2017

Rapport n° 2

Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes du 9 février 2017 : le président du groupe FN, Christophe Boudot, s’est prononcé contre tous les travailleurs détachés en France, illégaux et légaux !

Monsieur le Président, chers collègues, Mesdames, Messieurs,

A la lecture de ce rapport, il revient à ma mémoire mes propres interventions ici même dans cet hémicycle en 2014, puis en 2015. Nous avions dénoncé à l’époque – « vox populi in deserto » – les dangers de la directive détaché issue de la directive Bolkenstein de 1996 qui prenait de plus en plus d’importance et qui ruinait des centaines de TPE sous nos yeux.

Mais cette folie de la directive détachement dont vous voulez contrôler les abus aujourd’hui à grand renfort de communication n’a pu exister, je vous le rappelle, que par le bon vouloir des groupes politiques au Parlement Européen.

Oui c’est parce que les groupes socialistes et libéraux de votre majorité ont voté cette directive qu’elle a pu être mise en œuvre sur notre sol et partout en Europe.

De même, laissez moi vous rappeler tout de même que lorsqu’au mois de juin 2015, je présentais ici même un vœu pour lutter contre le travail détaché, ce vœu fut rejeté par tous les élus de cette assemblée et votre groupe, Monsieur le Président, le groupe de Monsieur Kovacs, le groupe de Monsieur Meunier, le groupe de madame Grossetête, etc… Ce groupe UDC de la droite et du centre avait choisi courageusement de mettre la tête sous leur pupitre, de ne pas prendre par au vote sur un sujet de cette importance. Cela entache à mon avis durablement la crédibilité de la droite et du centre sur ces sujets…

En lisant ce rapport, comment ne pas penser également à la centaine d’élus FN qui se sont succédés au sein de mon groupe depuis 30 ans et qui, sans relâche, ont défendu l’emploi local, la priorité régionale, notamment dans l’accès aux marchés publics dans cette assemblée sous l’indifférence de la presse, sous le mépris continu de vos élus et sous les insultes convenues de vous tous, groupe de droite comme de gauche… Mes amis Perrot, barbier peuvent en témoigner.

Que tous ces glorieux soldats du combat national soient aujourd’hui honorés, ils voient aujourd’hui que leur combat n’a pas été vain et que leurs idées de bon sens commencent à être appliquées, une application régionale qui préfigure le programme de reconquête nationale de Marine dans quelques mois.

Le recours aux travailleurs détachés a explosé en France en 2015 et en 2016 : le chiffre officiel est de près de 300 000, il est plus proche des 400 000 si l’on compte les travailleurs illégaux sur cette période ; c’est plus de 20 % de hausse par an.

Dans notre Région, il a dépassé les 50 000 personnes.

Mais ces chiffres sont une évidence depuis très longtemps et il fallait « avoir des peaux de sauce devant les yeux », comme on dit a Lyon, pour ne pas le voir, pas voir que pour la construction du grand stade de Décines, jusqu’à 1200 travailleurs détachés dont de nombreux illégaux avaient travaillé et avait démarré notamment le gros œuvre… sous les yeux des chômeurs du BTP de notre Région et de leur famille.

Si on va plus loin, on peut même se demander combien y a t il eu d’entreprises qui ont eu recours au travailleurs détachés pour construire cet hôtel de Région, dans cette enceinte où résonnent aujourd’hui les discours de lutte contre un travail détaché qui a fait tellement de victimes, qui est la cause de tellement de faillite de PME et de suicide de petits patrons et d’ouvriers père de famille. Combien de centaines de personnes ont construit le musée des confluences, dépense inutile et folie mégalo des années frics de la droite et du centre lyonnais ?

Avec ce rapport, vous entendez aider l’emploi local et lutter contre le travail détaché. Si mes informations sont exactes, la Région finance environ 120 chantiers par an et attribue donc en moyenne 1200 lots chaque année.

Votre dispositif reposera sur une attestation sur l’honneur des entreprises qui doivent déclarer le recours aux travailleurs détachés. Il y aura des contrôles et des pénalités en cas de fraude à la déclaration.

Et puis, il y a cette clause Molière, véritable « tarte à la crème » du dispositif. Cette clause de langue française qui vise à obliger le titulaire du marché ainsi que ses sous-traitants à maitriser la langue française, ou plutôt non… et c’est bien différent : à une maitrise de la langue française suffisante, permettant la bonne compréhension des consignes de sécurité… Comme toujours : effet d’annonce et dispositif à minima.

Vous promettez des contrôles, vous promettez une carte d’identité professionnelle. C’est en fait la loi travail, la loi Macron que vous vous voulez simplement appliquer. Vous promettez une brigade de 3 contrôleurs à partir du mois d’avril prochain, vous substituant là aux contrôles de l’inspection du travail, pratiquant un mélange des genres assez troublant.

Mais à bien y regarder, votre rapport, comme souvent, ne va pas au fond des choses : vous ne pouvez pas car vous êtes tenu par l’Union Européenne dont vous ne voulez pas sortir.

Le véritable problème, il n’est même plus dans le contrôle de la fraude à la directive européenne, mais le véritable problème c’est la directive européenne elle–même, c’est le travail détaché en lui même et c’est lui qu’il faut d’urgence abolir.

Un récent rapport du Sénat montrait que la seule fraude annuelle se montait à plus de 500 millions de manque à gagner pour les caisses de l’Etat.

Puisque vous semblez manifestement vous rapprocher de nous de mois en mois, de séance plénière en séance plénière, je ne saurai trop vous conseiller la lecture du programme de Marine et en particulier la mesure numéro 38 du programme de la présidentielle :

« Supprimer sur notre territoire la directive « détachement des travailleurs » qui y crée une concurrence déloyale inadmissible. »

Oui Monsieur le Président, allez dire à vos collègues de l’Assemblée nationale et de Bruxelles qu’il faut sortir de cette spirale infernale de la mondialisation, de cette libre circulation qui entretient un dumping social et une concurrence déloyale honteuse pour nos compatriotes condamnés au chômage de masse.

Avec le maintien de cette dérégulation libérale européenne que vous tentez naïvement de contrôler en Région, vous n’êtes plus que les syndics de faillite du marché du travail français.

Mais quel est finalement le but de cette folie du détachement ? Attirer des ouvriers corvéables et mal payés dans un pays qui compte déjà plus de 6 millions de chômeurs ? Faire produire par des esclaves pour vendre à des chômeurs, voilà la finalité de cette libéralisation du travail que nous supprimerons évidement en libérant les français du carcan de l’UE dans quelques mois.

Et oui Monsieur le Président, vous l’avez vu, la campagne a commencé.

Avec ce rapport vous appliquez une part du programme que, seuls, nous avons toujours défendu, alors continuez !

La victoire des idées précède toujours celle des urnes. Il est temps et de rejoindre la vague Bleu Marine des patriotes et de quitter le navire républicain, rafiot sans pilote et sans gouvernail.

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