Un nouvel élan pour nos Parcs naturels régionaux

Explication de vote de Maxime Chaussat – 14 juin 2018

Rapport n°AP-2018-06 / 07-3-1657

Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes du 14 juin 2018 : Maxime Chaussat s’est prononcé sur la politique des Parcs naturels régionaux (PNR) :

Monsieur le Président, chers conseillers régionaux,

Avec ce rapport sur les Parcs Naturels Régionaux, les PNR, il nous est proposé de penser notre politique régionale d’aménagement du territoire, d’en faire le bilan et enfin, de tirer de ce dernier des conclusions et enseignements utiles.

Je vous annonce sans plus de suspens, Monsieur le Président que notre groupe s’abstiendra.

Bien sûr, à la première lecture, il apparaît que les aménagements présentés dans ce rapport vont globalement dans le bon sens. On peut en effet considérer qu’accentuer la baisse des frais de fonctionnements va dans le bon sens, qu’augmenter de manière raisonnée et substantielle l’investissement, cela va aussi dans le bon sens, que la mise en place de contrats triannuels avec chacun des PNR, cela va toujours dans le bon sens et que s’assurer de la bonne utilisation de l’argent public ne peut s’inspirer, là encore, qu’une volonté de bon sens.

Néanmoins, le rapport que nous avons eu à examiner ne manque pas de susciter un certain nombre de questionnements qui se résument ainsi :

Les PNR sont-ils les structures administratives les plus adaptées aux objectifs que vous voulez fixer ?

En l’état, nous ne le croyons pas.

Mais plus profondément, ce rapport est, circonscrit à sa limite courte. J’entends par là à une vision comptable, strictement administrative et financière. Il faut travailler bien sûr sur ce champ, mais réduire les PNR à ces notions nous semble être une erreur ou pour le moins un raccourci fâcheux.

Car en effet ce rapport est sans âme. Le vrai enjeu n’est ni comptable ni administratif, il ne peut se résumer aux notions vagues qui définissent aujourd’hui les missions assignées aux PNR :

Comme par exemple : « l’accueil, l’information, l’innovation ».

Cela ne signifie rien, en soi. Cela justifie tout et son contraire.

Et c’est pourtant là, réellement, que réside le défi de notre époque. A l’heure de la mondialisation sauvage, du matérialisme triomphant, de l’individualisme érigé en vertu suprême indépassable, les mots creux et les bonnes intentions stériles ne sont plus suffisants.

Il faut enrichir notre vision de ces dispositifs avec des paramètres essentiels, qui nous conduiront à une meilleure appréhension et à la conduite d’une politique de qualité.

Je vous propose aujourd’hui d’élargir notre champ de vision

La vraie  et seule question nous semble être de savoir comment, à notre époque on hérite d’un territoire, on l’administre, on le préserve et on l’enrichie, de manière à le transmettre aux générations futures.

C’est la notion d’écologie humaine, Monsieur le Président, celle que notre mouvement défend depuis de nombreuses années, il fût même le premier à l’évoquer. Cette réelle écologie qui commence par la conscience de notre enracinement, de ce que nous sommes, de là où nous sommes. Il en découle une volonté naturelle de préservation du patrimoine culturel, naturel, paysager et historique. Cette volonté ne s’expose pas, elle est instinctive. L’écologie, la vraie, est par essence l’expression d’un conservatisme.

L’écologie humaine, c’est la capacité de penser le développement humain dans le long terme en symbiose avec son environnement. Les philosophes grecques parlaient de Cosmos, aujourd’hui nous emploierions plus volontiers le terme d’harmonie, mais depuis 5000 ans les mêmes interrogations s’imposent à nous.

Aujourd’hui, que signifie être un Auvergnat, un Ligérien, un Rhodanien ou encore un Dombiste ?

De toute évidence, s’est s’inscrire dans une dynamique historique, dans l’héritage d’un destin que le monde d’aujourd’hui rend tragiquement fragile.

C’est vivre en harmonie avec un environnement reconnu comme précieux, avec l’ Homme au cœur de son organisation et de sa préservation. C’est prendre en compte le devoir de transmission, lutter contre l’oubli des traditions et des personnages emblématiques.

Le vrai défi est là, c’est un défi dans le sens où  il va contre le monde tel qu’on nous le vend, contre l’individualisme forcené, contre le consumérisme aveugle et mondialisé, contre les idées prêtes à penser distillées au plus grand profit d’autres que nous.

C’est ce pari, Monsieur le Président, que nous voudrions réussir. Assorti pourquoi pas du cadre administratif que vous proposez, à savoir les Parcs Naturels Régionaux, gérer en héritiers conscients et fiers de notre patrimoine historique.

Cette volonté affirmée nous aiderait à mettre en œuvre efficacement un certain nombre de notions salvatrices comme :

La limitation des déplacements de populations et donc la lutte contre le phénomène de métropolisation.

Le respect des habitats naturels, la construction avec des matériaux locaux dans l’esprit architectural traditionnel.

L’incitation aux solidarités naturelles, familiales et locales.

L’évidente et essentielle promotion des cultures traditionnelles locales.

Le soutien aux circuits courts agricoles.

Et bien d’autres choses encore.

Vous l’avez sans doute compris Monsieur le Président, ce que nous attendons c’est de pouvoir aborder ces sujets en prenant de la hauteur, en s’émancipant du cadre étriqué des notions administratives et comptables que nous mettons en œuvre, sans vision, dans cet hémicycle.

Je ne résiste pas au plaisir de conclure cette intervention en citant l’un de plus fameux enfants que les pays de l’Ain ont vu grandir, qui a lui seul incarne le fait qu’un enracinement profond est le plus bel atout pour nourrir les ambitions de dépassement de soi les plus nobles, Antoine de Saint-Exupéry :  » Nous héritons pas de la terre de nos parents, nous l’emprunteront à nos enfants. »

Je vous remercie.

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