Pacte rébond pour l’emploi : plan « Un jeune – une solution » (avec amendements)

Intervention de Muriel Burgaz – 23 février 2021

Rapport n° 4866

Le 23 février 2021, en Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes, Muriel Burgaz (RN) a proposé une meilleure politique régionale en faveur de l’emploi et de la formation des jeunes que celle proposé par l’Exécutif de Laurent Wauquiez (LR) :

Monsieur le Président,

Quand on a entendu ce slogan de l’Etat « Un jeune – une solution » on s’est dit « whaou », ils ont enfin trouvé quelque chose de nouveau et de différent pour l’insertion professionnelle des jeunes.

Aujourd’hui, certainement devant l’ampleur de la promesse, l’Etat vient solliciter les régions pour essayer de concrétiser ce bel effet d’annonce. Une annonce dont l’idée révolutionnaire serait de réinventer un circuit-court, simplifié, pour mettre en relation directement les entreprises qui recrutent avec les jeunes demandeurs d’emploi. C’est-à-dire se passer de cette flopée de structures publiques et usine à gaz de dispositifs … pour simplifier la mise en relation Et là, tout le monde s’enthousiasme, les mêmes qui réclament à longueur d’année dans les commissions plus de subventions pour tous ces organismes qui n’ont pas rempli leur objectif.

Et oui, en fait, quel aveu d’échecs pour les dispositifs et structures dont c’était pourtant la mission, au 1er desquels, je citerai les Missions Locales qui, rappelons-le avaient été créées pour gérer spécialement le chômage des jeunes en difficulté d’insertion, avec l’objectif de se substituer efficacement à l’éducation nationale et à Pôle Emploi. Ont-elles fait diminuer le chômage des jeunes en France ? non bien au contraire. Aujourd’hui, plus d’un jeune sur 4 est au chômage, le plus mauvais chiffre de l’union européenne, alors qu’aucune structure analogue n’existe chez nos voisins.

2ème point qui doit nous interpeller, c’est que cet effet d’annonce n’est pas réaliste, à la fois sur l’ampleur et sur la rapidité.

Comment raisonnablement, tout à coup, vouloir générer l’arrivée sur le marché du travail, au niveau national, de 800 000 jeunes en 2 ans ? avec des milliers de nouveaux contrats de professionnalisation, autant en apprentissage, des milliers de nouvelles places en formation, en service civique, l’ouverture de milliers de nouveaux parcours d’insertion, de contrats aidés dans le secteur marchand, ect.  Et même au niveau régional, Comment la Région peut-elle en si peu de temps, mobiliser l’action publique, modifier, adapter ses actions avec tous les acteurs en place, … ? La réponse n’est pas, en tout cas, dans ce rapport.

L’insertion professionnelle des jeunes n’est pas bien sûr qu’une question de mesures administratives mais surtout de volonté politique de fond et de long terme. Bien sûr que les jeunes, (avec ou sans diplôme), sont les 1ers à subir les conséquences d’un marché du travail morose et encore plus dans la crise que l’on traverse. Mais avant de créer une énième plateforme internet ou autres, on souhaiterait surtout voir évoluer les choses sur ces points :

– sur l’allègement du coût du travail pour les entreprises

– sur une revalorisation des filières professionnelles dans l’orientation.

Parce que c’est bien beau de parler aujourd’hui de « formations qualifiantes » et de « métiers en tensions » mais s’ils sont en “en tension” ? à qui la faute ? quand notre société et l’éducation nationale, depuis des décennies, ont délaissé, voire dénigré les voies professionnelles.

On souhaiterait voir aussi :

– une vraie et grande politique nationale de réindustrialisation

– voir s’abaisser l’âge d’entrée en apprentissage

– voir un protectionnisme intelligent de notre économie

– mettre en application le principe de priorité nationale à l’embauche,

– avoir une vraie réforme des formations en alternance

– avoir un vrai retour de la voie de la méritocratie

– mettre aussi une proportion de droits et devoirs des entreprises, notamment dans les marchés publics, en subordonnant les aides en fonction de l’embauche des jeunes.

ET PUIS AUSSI… et là je préviens, forcément ça ne va pas plaire : on ne peut objectivement parler du chômage des jeunes sans évoquer un chiffre et une réalité (chiffre fourni par l’OCDE) : “En France, 3 millions de personnes, âgées de 15 à 34 ans, ne sont ni en enseignement, ni en formation, ni en emploi, et parmi ces 3 millions : 40 % sont des jeunes issus de l’immigration.”

Ce chiffre est celui de l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, suite aux études de l’INSEE et de l’INED sur le lieu de naissance.

Alors non, soulever cela ne témoigne pas d’un manque d’humanisme, bien au contraire, c’est être responsable face à une réalité économique qui ne fera ensuite que des déçus, car ce beau slogan « un jeune-une solution » ne dit pas la vérité. Il n’y a déjà pas suffisamment de solutions pour nos jeunes alors utiliser la voie de la formation professionnelle et de l’apprentissage pour les jeunes issus de l’immigration, c’est être totalement irresponsable.

Voilà, nous voulions expliquer pourquoi, sous un bel effet d’annonce médiatique, cet accord état-région ne contient rien de pertinent.

Malgré cela, la seule mesure concrète et positive dans ce dossier, que nous avions justement demandée dans un récent amendement, c’est l’augmentation de la rémunération des stagiaires de la formation professionnelle.

Pour cela, parce qu’ils en ont bien besoin, nous voterons POUR ce rapport.


Amendement présenté par Muriel Burgaz

Prioriser les jeunes des territoires ruraux

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Exposé des motifs :

Dans le cadre de son plan « un jeune-une solution », l’Etat veut accompagner l’effort régional en direction des jeunes : étudiants ou sans emploi ou sans formation.  Cette volonté de décentralisation doit se justifier par de nouvelles réflexions et mesures politiques de la part de la Région, sinon ce nouveau partenariat, comme on le constate dans le contenu de ce rapport, n’apportera absolument rien de nouveau à tout ce qui est déjà mis en place au niveau régional (réclamer de la décentralisation et ne rien faire de différent que les politiques nationales est d’ailleurs souvent constaté…).

Dans cette « action coup de poing » qui vise à faciliter l’entrée des jeunes dans la vie professionnelle, nous souhaitons soulever le décalage important entre les jeunes des grandes métropoles et les jeunes des territoires ruraux où la coordination des politiques publiques semble vraiment insuffisante. Une réalité rendue encore plus difficile bien sûr dans le contexte de la crise sanitaire.

Les jeunes, qui sont pourtant un élément déterminant pour l’avenir et la dynamique de nos territoires ruraux, ont le sentiment d’être moins avantagés que les jeunes urbains face à leur avenir professionnel, d’accès à la formation, aux possibilités de choix d’orientation et d’accès à l’emploi et peuvent ressentir un sentiment d’abandon de la part des pouvoirs publics et du monde professionnel.

Nous proposons donc de cibler et d’orienter cette nouvelle action d’accompagnement pour ces 11 000 parcours sélectionnés, en priorité au profit des jeunes ruraux, par la mise en place par exemple d’un « Pacte Jeunes Ruraux » qui pour une fois les prendra en considération et montrera notre intérêt pour nos territoires éloignés.

AMENDEMENT :

Compléter le point I comme suit :

I) D’approuver la coopération de l’Etat et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre de la politique régionale en faveur de l’accompagnement et de l’accès des jeunes à l’emploi ; en menant une action prioritaire à destination des jeunes des territoires ruraux.


Amendement présenté par Muriel Burgaz

Veiller à ne pas faire de la formation une filière d’immigration

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Exposé des motifs :

On constate de plus en plus que dans le cadre des politiques « d’insertion sociale et professionnelle des jeunes », les politiques publiques et organismes de formation privés, utilisent activement cette voie pour un mode d’intégration organisé au service de l’immigration, ce qui génère bien sûr une concurrence déloyale avec les candidats régionaux français aux formations et à l’apprentissage.

(Exemple : Mise en place entre le CREFOP et des organismes de Formation, d’actions pour l’insertion des réfugiés. Création de places dans les Centres AFPA réservées à la formation des migrants (PILOT, HOPE, …) avec une offre intégrant hébergement, restauration, formation professionnelle et accès prioritaire à l’emploi.Mis en place, par les MFR Maison Familiale Rurale avec les Missions Locales, de nouveaux dispositifs de créations de places en formation agricole réservées aux jeunes migrants, etc.).

Même s’il y a bien sûr des réussites ponctuelles, même si cela rend service en terme d’avantages ou autres à des entrepreneurs ou à des artisans auvergnats et rhônalpins, la réalité est que ce procédé fait des malheureux partout : pour des jeunes dans notre région qui du coup ne sont pas prioritaires et n’ont pas les mêmes chances pour profiter d’une formation. Pour des jeunes qui sont incités à quitter leur pays, à prendre des risques et qui vont malheureusement venir grossir nos listes de chômeurs déjà conséquentes.

Soutenir et amplifier cette politique d’incitation est totalement irresponsable et ne peut que pénaliser les budgets des collectivités consacrés à la formation et l’insertion professionnelle et entrainer une concurrence d’accès à l’emploi.

AMENDEMENT :

Compléter le point I comme suit :

I) D’approuver la coopération de l’Etat et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre de la politique régionale en faveur de l’accompagnement et de l’accès des jeunes à l’emploi ; en donnant la priorité au public des jeunes Français résidant dans notre région.

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