Intervention de Charles Perrot – 4 juin 2009
Rapport n° 09.12.334
Monsieur le Président,
Cette DM illustre à merveille votre obstination. Quoi qu’il arrive, il faut continuer. Quelle que soit la crise, son ampleur, sa durée, son caractère systémique mondial, il faut aller encore plus vite, encore plus loin, encore plus loin qu’avant. Et vous nous proposez très exactement ce deal : puisque ma politique était excellente avant la crise alors combien plus elle va faire merveille dans la résolution de cette crise. Bien sûr !
C’est donc pour vous l’occasion de nous proposer cette DM qui intègre la traduction budgétaire de nouvelles mesures dites de soutien à l’économie et à l’emploi à hauteur de 74 M€. En ce qui nous concerne Monsieur le Président, étant aux antipodes de votre idéologie, nous avons la certitude que cette DM ne changera rien à l’affaire, comme l’illustra d’ailleurs par son propos M. Jacques Dermagne, Président du Conseil Économique et Social dans une interview qu’il donnait au quotidien « Les Echos » le 21 mars 2007, je le cite : « Arrêtez de mettre des rustines là où il faut changer la chambre à air ».
Vous nous demandez en somme d’acheter pour 74 M€ de rustines supplémentaires afin de colmater la chambre à air, cette baudruche socialo-libérale ou la bulle libéralo-socialiste, comme vous voulez, cette bulle qui enfle, qui enfle, de peur qu’elle ne vous pète à la figure.
Car c’est bien cela la réalité, cette crise dont nul n’avait prévu ou prédit l’éclatement agit comme un fantastique révélateur. Un révélateur du caractère des hommes d’abord, révélateur des forces et des faiblesses des entreprises aussi. Certaines sont déjà mortes, d’autres vont mourir, certaines survivront. Révélateur des forces et des faiblesses des systèmes économiques qui effectivement réagissent plus ou moins bien, s’en sortent plus ou moins bien, révélateur des forces et des faiblesses des systèmes politiques et de gouvernement.
Mais révélateur aussi du cynisme manipulateur qui permet de justifier ce qui paraît de plus en plus injustifiable, voire même aux yeux de certains scandaleux en ces temps de disette économique, avec ce dossier emblématique de votre nouveau palais régional que vous nous présentez lui aussi comme un investissement au soutien à l’emploi. Décidément, grâce aux rustines, vous ne manquez pas d’air !
À la façon de répondre et de faire face à la crise, chacun peut en effet mesurer le degré extraordinaire de connivence des élus, qu’ils soient de droite ou de gauche, et nos collègues Fleuret et Dullin viennent de nous le dire à l’instant, il faut toujours aller plus loin et plus vite dans la même politique. Degré de connivence car ils agissent tous de façon identique.
Je reviens au quotidien « Les Echos » que vous avez d’ailleurs cité tout à l’heure, c’est l’édition du 19 mai 2009. Le grand titre, c’est : « Les élus locaux promettent 19 Mrds d’€ pour la relance ». 19 Mrds d’€ à travers 18 700 collectivités. En somme, 19 Mrds d’€ de rustines supplémentaires pour 18 700 collectivités, colleurs de rustines supplémentaires, dont notre Région bien sûr. 18 700 collectivités qui communiquent toutes dans le même élan, cette mobilisation générale face à l’ennemi que l’on appelle la crise, il n’y manque plus que la fleur au fusil !
Je me pose la question de savoir s’il n’y aurait pas une autre possibilité de gérer une collectivité en temps de crise, quelle que soit sa taille, une autre possibilité de gérer la nation. Je pense qu’il en existe une, Monsieur le Président, et nous l’avons d’ailleurs déjà signalé plusieurs fois, il faudrait au contraire une thérapie de choc portant sur 150 Mrds d’€ de dépenses en moins au niveau de l’État français, toutes collectivités confondues. 150 Mrds d’€, c’est l’excès de nos dépenses publiques par rapport à la moyenne européenne, 150 Mrds d’€ c’est aussi le montant des gaspillages énoncés par différents auteurs depuis plusieurs années. Nous traînons ainsi un boulet de 150 Mrds d’€ qui nous empêche d’être plus compétitifs et de retrouver notre place dans le concert des nations.
Je cite souvent Robert Mundell qui fut prix Nobel d’économie en 1999 et qui a dit ceci de très simple : « Les démocraties qui ne diminuent pas leurs dépenses publiques et leurs impôts creusent leur propre tombe ».
Alors, Monsieur le Président, ce sera là ma conclusion, que vous creusiez la propre tombe du socialisme cela ne peut que nous réjouir, que vous entraîniez à la suite vos clones ou clowns de l’UMP, du MoDem et du nouveau Centre, cela nous est parfaitement égal, mais que vous creusiez la tombe de la France, cela le Front National et beaucoup de Français ne l’acceptent pas.