Présentation du compte administratif 2009, du compte de gestion 2009 du payeur régional et du rapport d’activité 2009 de la Région Rhône-Alpes

Intervention de Charles Perrot – 27 mai 2010

Rapports n° 10.12.308, 10.12.309 et 10.12.311

Monsieur le Président,

Le compte administratif 2009 est, en somme, nous l’avons déjà dit, la photographie à l’instant « T », au 31 décembre, de l’exécution des recettes et des dépenses de l’année écoulée. Monsieur le Président, vous êtes en somme un grand photographe d’un immense instantané de 542 pages, 466 pour les annexes.

Pour commencer mon propos et même si je ne suis pas féru de technique photographique, je voudrais dire les choses clairement : la photographie que vous nous proposez, malgré sa densité, ne manque pas de netteté. La résolution est bonne, le cadrage est précis, bref, Monsieur le Président photographe, vous montrez que vous maîtrisez bien la technique, chacun de nous peut alors piocher à loisir dans le dédale des lignes, des détours et contours de cet instantané, la substance de sa propre intervention qui est pour vos amis politique, nous venons de le voir, la substance de l’autosatisfaction.

Restons dans le domaine photographique, nous savons bien que le numérique a supplanté l’argentique largement et en matière de gros sous, de gros argent, car finalement un compte administratif n’est que cela, l’argentique est bien préférable car, avec l’argentique, avant d’obtenir une bonne photographie, il faut avant toute chose un excellent négatif. Je vais m’appliquer, si vous le voulez bien, à vous donner le négatif de votre positif photographique.Par exemple, page 35 de ce présent rapport, votre positif photographique dit, je vous cite : « Les compétences centrales de la Région, enseignement, formation, transport, action économique, constituent 76% des dépenses régionales en 2009 »

Cela, nous le savons, mais que dit le négatif ? Ce serait : les autres compétences non centrales de la Région constituent 24 % des dépenses régionales en 2009, c’est donc, rapportées à 2,3 Md€, 322 M€, dont nous devons discuter le bien-fondé au minimum, 322 M€ de dépenses non centrales (puisque telle est votre expression) dont tout ou partie doit pouvoir être remis en cause, voire même supprimé purement et simplement quand notre pays, notre Région s’enfoncent dans cette crise lancinante qui n’en finit pas de rebondir et qui abandonne à leur sort des milliers de nos compatriotes.

Dans ces 322 M€ de subvention, il est intéressant de jeter un œil et de voir ce qu’ils contiennent, il suffit d’aller à l’annexe de la page 239 à la page 467. Je n’ai pas tout lu, comme il y a environ 80 lignes de subventions par page, vous faites le calcul, cela donne environ 15 000 lignes de subventions pour l’année 2009.

Je relèverai simplement quelques-unes d’entre elles montrant également l’art consommé du saucissonnage ? Qu’est-ce que le saucissonnage ? Cela permet à des associations de se « goinfrer » au-delà de toute raison en émargeant dans plusieurs départements, voire dans plusieurs politiques.

Alors, le domaine de l’écologie est pour cela très intéressant. Nous avons souvent cité, et à titre personnel j’ai souvent cité la FRAPNA. Il est intéressant que tout le monde sache bien comment elle fonctionne : elle est une fédération régionale de protection de la nature qui a évidemment une FRAPNA dans chaque département,

  • dans l’Ain 15 750 €,
  • dans l’Ardèche 85 880 €,
  • dans la Drôme 61 318 €,
  • dans l’Isère 58 000 €,
  • dans la Loire 36 000 €,
  • dans le Rhône 47 000 €,
  • en Savoie 38 000 €,
  • en Haute-Savoie 69 000 €,
  • il faut aussi rajouter la FRAPNA Rhône-Alpes 18 000 € et
  • la FRAPNA Région à Villeurbanne 346 000 €.

Lorsque nous consolidons tout cela, nous arrivons pour la FRAPNA à 776 464 € pour l’année 2009, je crois que cela est intéressant !

D’autres associations existent et sont en fait les mêmes, c’est à dire que l’on prend les mêmes individus mais ils sont associés, ils se trouvent dans les deux associations à la fois, c’est la valse des casquettes. Je parle du CORA à Lyon 411 654 €, donc 776 464 plus 411 654, puis nous pourrions citer GRAINE 69 avec 163 848, le CREN (Conservatoire Régional des Espaces Naturels) de Vourles 784 000 €. Voici ce que j’appelle la technique du saucissonnage. Si vous consolidez tout cela, vous arrivez largement à 3 M€ pour toutes les associations écologistes style FRAPNA, CORA et je n’ai pas parlé de LPO ni de GRAINE, je ne les ai pas consolidés non plus.

Nous trouvons aussi quelques associations exotiques mais incontournables comme le MRAP, « Ni Putes Ni Soumises », SOS Racisme, etc…

Des choses encore plus exotiques existent puisque nous avons la congrégation bouddhiste Karma Migyur Ling à Izeron dans l’Isère, 69 000 €.

Puis, des choses qui sont peut-être moins drôles et contre lesquelles nous nous élevons largement, il s’agit du comité régional CGT Lyon, excusez du peu : 286 374,50 €.
Tout cela représente 15°000 lignes de subventions que nous dénonçons évidemment.

Que dit encore le négatif de votre instantané photographique ? Page 39, vous faites de l’autosatisfaction et vous dites que la Région Rhône-Alpes est très bien placée sur ses taux de fiscalité. En foncier bâti, nous sommes au troisième rang par ordre croissant sur les 24 régions ou 22 métropoles. Pour le foncier non bâti, nous sommes au quatrième rang. Pour la taxe professionnelle, nous sommes au deuxième rang. Ceci constitue votre comparaison flatteuse qui consiste à dire que finalement vous prélevez très peu. C’est la vision de votre positif mais, en négatif, que disons-nous ? Nous disons simplement que nous ne sommes pas au premier rang des régions françaises et la pression fiscale est encore trop forte. Telle est la vision que nous avons de votre fiscalité régionale.

Être au premier rang… pourquoi est-ce que je dis cela Monsieur le Président ? Parce que c’est ce que vous avez toujours voulu toute votre vie, quand vous vous êtes engagé dans toutes les joutes électorales, y compris la dernière.

Refaisons le film : au soir du 14 mars, vous êtes deuxième derrière Françoise Grossetête, vous auriez bien aimé être le premier, entre nous ! Vous êtes deuxième, c’est bien, le résultat est bon puisqu’il y en a encore sept derrière. Il s’agit de votre vision bien à vous que vous nous rapportez dans votre compte administratif. Si nous refaisons le film, vous auriez pu être troisième, Monsieur Meirieu aurait pu être devant vous. Cela ne vous aurait pas plus du tout, mais votre vision est de dire : « Je suis troisième, c’est bien, il y en a encore six derrière ». Mais vous auriez pu être aussi quatrième, Bruno Gollnisch devenant le troisième, pourquoi pas ? Vous diriez : « Finalement, je suis quatrième, c’est bien car il y en a encore cinq derrière ».

C’est la différence. Or, des différences comme celle-là sont nombreuses, nous n’allons pas refaire le film total, nous pourrions multiplier les décalages entre la photographie que vous nous proposez et la réalité. Ce que j’appelle la réalité est le négatif que nous en déduisons. L’original est ce qui est vécu et ressenti par nos compatriotes et c’est ce décalage permanent entre ce que vous écrivez et une réalité ressentie qui nous choque le plus.

Enfin, vous avez raison, Monsieur le Président photographe, il faut aller de l’avant, même si nous allons dans le mur.

Concernant le compte de gestion du payeur régional, il s’agit d’une simple photocopie de votre photographie, pas de commentaires.

Concernant le rapport d’activité, je m’étonne qu’il ait été si peu traité par nos collègues. Là, Monsieur le Président photographe, vous vous transformez en Grand Timonier de Rhône-Alpes, cela va à la gloire du développement durable, contre le réchauffement climatique, pour le commerce équitable, rajoutons une bonne louche de démocratie participative au service de la vie associative, de la solidarité internationale, des coopérations décentralisées, etc… C’est un grand moment de littérature normalisée, tout est codifié, codé.

Je dois dire que la sémantique que vous utilisez m’étonne toujours. Je m’y suis fait depuis quelques années mais je suis un peu naïf et je me suis dit que j’allais soumettre cela à quelques personnes qui ne sont pas des politiques. Je me suis donc essayé à faire lire quelques pages prises au hasard de ce rapport à des personnes non initiées à ce verbiage, j’ai choisi des cadres salariés de PME. Je leur ai simplement demandé ce qu’ils pensaient et comment ils jugeaient le chapitre II.C-1 sur la mise en œuvre du plan développement économique dans votre rapport d’activité. Qu’ai-je obtenu comme réponses ?

La première personne m’a rendu le rapport et m’a simplement gratifié d’un énorme éclat de rire. Je n’ai rien eu de plus.
La deuxième personne m’a dit : « Ils sont en plein délire à Charbonnières, savent-ils au moins comment marche une entreprise ? »
La troisième personne m’a confirmé ce que je pensais depuis longtemps : « Heureusement qu’ils font de la politique, s’ils commençaient à travailler à leur compte, ils auraient vite fait de « bouffer la grenouille » ! »

Voilà les réponses que j’obtiens de personnes qui ne savent pas ce que nous faisons à Charbonnières, à qui l’on donne ce que vous avez proposé dans votre rapport d’activité.

Ce rapport d’activité illustre parfaitement ce fossé béant qui maintient sur deux rives de plus en plus opposées d’un côté la France qui travaille, qui a travaillé ou qui voudrait bien retravailler, c’est la réalité d’une France qui souffre, et de l’autre côté, la classe politique dont vous faites partie, c’est un peu l’hyper classe, chère à Attali, imbibée de ses dogmes, de son idéologie socialo-libérale, de sa volonté de façonner un homme nouveau dans une société que vous dites ou que vous rêvez d’idéale mais qui n’est qu’une chimère. Lorsque nous vous opposons la réalité, lorsque nous vous opposons ce qui est, lorsque nous vous opposons le monde tel qu’il va, vous nous renvoyez votre constructivisme et votre utopie.

Vous ne voulez pas voir la réalité ; alors, vous dites qu’elle est un fantasme. Telle est bien la trame de ce rapport d’activité à la plus grande gloire du Grand Timonier de Rhône-Alpes.

Je conclus, oui déjà ! Qui ne comprend pas la cause d’un problème, ne comprendra pas non plus sa solution, même s’il l’a sous les yeux. Si j’invoque ainsi Aristote, c’est bien d’actualité car, malheureusement, il semble bien que ce soit des rives grecques que nous arrive la nouvelle crise affectant « l’Euroland » , en effet, la Grèce a aussi piétiné par idéologie les préceptes de son plus grand philosophe Aristote ; donc, des rives grecques aux provinces de Rhône-Alpes, la même séduction libérale et socialiste adossée au mensonge des chiffres et le même aveuglement sécrètent les mêmes effets délétères.
Et c’est ainsi que, Monsieur le Photographe Président et Grand Timonier, vous entraînez non seulement et pays et notre Région et notre économie vers l’abîme.

Je vous remercie.

Les commentaires sont fermés.