Pass contraception-prévention : un dispositif d’accès à la contraception [?]

Intervention Sophie Robert– 26 mai 2011

Rapport n° 11.15.324

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Et bien voilà, nous y sommes : le fameux pass-contraception, l’un de vos engagements de campagne, Monsieur Queyranne, est arrivé, et plus vite qu’on l’attendait … avant même d’avoir été voté. C’est M. Chabrol qui en fait l’aveu au terme d’une ces multiples réunions-concertations en déclarant : « je vous confirme que le travail pour lequel nous vous sollicitons débouchera en 2011, notre budget en tient compte ! ». Merci de nous l’apprendre ! Merci aussi Mme Boukaala qui avez annoncé que ce projet n’impliquerait pas d’augmentation d’impôt alors que vous évaluiez le coût à 2 ou 3 millions d’euros – c’est très précis – même si aucun budget n’est mentionné dans la délibération … Là, permettez-moi de vous le dire, vous faites fort !

Et pourtant c’est notamment par la carte M’ra que vous voulez doter les jeunes du pass-contraception avec 1 visite gratuite, chez le médecin, la distribution de préservatifs, un porte-monnaie électronique utilisable chez le pharmacien en vu de couvrir des besoins de contraception sur 1 an, la délivrance de la pilule du lendemain gratuitement, la carte sera aussi équipée d’un flash code renvoyant à un portail internet ; et comme vous voulez que tous les jeunes de 15 à 25 ans y aient accès, les bénéficiaires de cette carte passeraient de 300 000 à 800 000 et garantirait ainsi, contrairement à la carte vitale des parents, un anonymat sans le contrôle des parents.

Madame, vous avez confirmé jeudi dernier en commission que cela n’impliquerait aucun coût supplémentaire à la carte M’ra ; alors il faudra nous expliquer ce tour de passe- passe car j’aimerai connaitre la formule pour pouvoir l’appliquer à mon budget familial !

D’autant plus que le projet ne se limite pas à la carte M’ra. Lors d’une réunion, Leila Ben Charif a insisté pour impliquer tous les professeurs « dès la maternelle, dès la crèche » (ce sont ses mots) ajoutant qu’il n’est pas possible de faire l’économie de la formation des acteurs associatifs dans les MJC, dans les missions locales, des jeunes en service civique qui interviendraient auprès d’autres jeunes dans les lieux festifs, dans les établissements scolaires, auprès des jeunes saisonniers …

Quelle ambition ! On croirait presque la région en état d’urgence ! Gardons notre calme et regardons sereinement la situation.

Outre le fait que l’on généralise l’assistanat financier jusque dans un sujet qui touche les jeunes dans leur intimité, ne vous semble-t-il pas nécessaire de considérer cette question avec toute l’attention qu’elle mérite, donc hors de toute idéologie et avec l’objectivité dont la société a besoin pour avancer et progresser ?

En effet, le pass contraception à travers la carte M’RA va permettre à la collectivité de se substituer aux parents : ce ne sera plus à la famille à veiller sur la santé, l’équilibre, les préoccupations et fréquentations de ses enfants. Non, ça ferait ringard… Déjà des associations agréées par l’Education nationale font la tournée des écoles pour expliquer à nos enfants de CP comment leur grand-père ou leur père pourrait abuser d’eux, ou aux élèves de 5ème comment enfiler un préservatif, ou encore faire observer au microscope un échantillon de sperme (tout ceci étant des choses vécues par mes enfants dans le cadre des séances d’ « éducation affective, relationnelle et sexuelle en milieu scolaire » obligatoires). Et voilà que la Région voudrait encore aller plus loin dans le matraquage de la pensée unique ! La sexualité, c’est la sexualité, rien de plus ; c’est technique, ça ne se rêve pas, ça se réalise.

Mais ne serait-il pas urgent, en effet, que la collectivité – plutôt que de donner une éducation hygiénique et technique de l‘éducation sexuelle, en banalisant l’acte « le sexe pour le sexe » uniquement dans sa dimension physique et sanitaire – apporte une parole forte d’adulte qui relie la sexualité à l’amour et qui, plutôt que d’effrayer nos enfants, leur montre la beauté des relations qui impliquent un respect par rapport à leur corps. C’est une question d’ambition pour une région qui se veut à l’écoute des jeunes car, si les jeunes peuvent notamment à travers internet avoir accès à tout, et surtout au pire, les éducateurs doivent être là pour leur montrer que, s’ils sont soumis naturellement à leurs pulsions, ils aspirent tout autant à trouver le bonheur et l’harmonie avec l’autre.

La prévention n’est-elle donc pas d’apprendre aux jeunes à connaitre leur corps (sans rentrer dans les détails, juste un exemple : combien de filles savent par exemple qu’elles n’ovulent qu’une fois dans leur cycle et donc qu’elles ne sont fertiles que quelques jours par mois : en moyenne 5 jours), alors qu’on les incite à prendre à vie une pilule qui par la prise d’hormone dérègle l’ensemble de leur cycle naturel avec des conséquences importantes qu’on n’a pas fini encore aujourd’hui de mesurer.

Le danger est grand -quand on banalise le geste contraceptif- de se sentir déresponsabilisé vis-à-vis de la valeur de la vie et ainsi d’envisager l’avortement comme un simple moyen de contraception sans comprendre qu’il y a en jeu la vie d’un être humain en formation. D’ailleurs dans votre pass-contraception vous offrez la possibilité aux jeunes d’obtenir gratuitement l’implant, le stérilet, le patch, la pilule du lendemain et même des rendez-vous avec le Planning familial qui de toute manière ne proposera que l’avortement en cas de grossesse. Vous confondez contraceptif et abortif car partant du principe scientifique qu’à partir de la conception, l’embryon est un être humain unique puisqu’il a tout ses chromosomes (ceux-ci déterminent toutes les caractéristiques de chaque individu : couleur de cheveux, taille, morphologie, caractère), le stérilet par exemple par l’intermédiaire d’un petit morceau de cuivre rejette et évacue l’embryon par les voies naturelles, il supprime donc l’œuf sans que la mère ne s’en rende compte ; la pilule du lendemain dite contraception post-coïtale est elle aussi abortive car, s’ il y a conception, elle empêche l’utérus de recevoir l’œuf.

Notons au passage que plusieurs études montrent à l’évidence aujourd’hui que la diffusion de contraception en France n’a pas fait baisser le nombre d’avortements. Bien au contraire.

Votre pass-contraception ne fera que favoriser l’avortement, ce drame traumatisant avec ses conséquences physiques et psychiques dramatiques : un syndrome post-avortement, des suicides chez les femmes, le syndrome du survivant pour les frères et sœurs.

Parce que je connais trop de détresses de femmes, parce que je suis née juste avant la loi qui a eu pour conséquence de faire oublier que tout avortement tue un enfant et que, de ce fait, il faut me considérer comme une «survivante», parce que je ne peux supporter cette injustice faite à un innocent, pour toutes ces raisons vous comprendrez que je ne pouvais laisser passer ce dossier sans évoquer tout ce drame.

Pour nos enfants et pour qu’ils construisent une société où la vie et l’amour prévalent sur la mort et l’insécurité, nous ne voterons pas votre dossier, nous ne participerons pas aux amendements proposés, nous ne voterons pas non plus les dispositifs qui impliqueraient votre pass-contraception comme le dispositif demain en main, le printemps de la jupe et bien sur la carte M’ra dont nous ne voterons plus les budgets puisqu’ils se limitent plus à la promotion de la culture pour les jeunes.

Plus que jamais, en ces temps troublés où notre société perd tous ses repères, et particulièrement les jeunes générations, sous l’influence conjuguée d’un totalitarisme sexuel débridé et d’un hédonisme dévastateur, il nous faut revenir aux « fondamentaux » de la loi naturelle.

Je vous remercie.

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