Politique régionale en faveur de l’orientation professionnelle et de la découverte des métiers

Intervention Joël Cheval – 13 octobre 2011

                                                         Rapport n° 11.01.644

M. Le Président,

Le chômage et l’incapacité de notre formation, à produire les ouvriers qualifiés qui manquent à nos industries représentent un terrible échec.

Un échec énorme, dont vous êtes responsable M. le Président puisque la formation est la compétence majeure de notre institution régionale.

Cet échec se chiffre en milliards d’euros gâchés par l’Etat et la Région depuis des décennies, mais aussi il représente un affreux gâchis de carrières ratées ou ignorées et parallèlement d’industries régionales en panne de compétitivité !

Et pourtant, vos actions notamment en communication pour la formation ne manquent pas, au travers d’une kyrielle d’organismes tel que le PRAO, les structures AIO, les ZTEF, le PRDF, les CTEF et tout cela en lien, nous assure-t-on, avec les services de l’État et de Pôle Emploi.

Alors, comment expliquer ce gâchis ?

Sans doute parce qu’en bon socialiste que vous êtes, vous croyez qu’il suffit de faire des colloques et de dispenser l’argent du contribuable pour mécaniquement résoudre les carences de la formation professionnelle.

L’argent et les moyens ne suffisent pas, M. Queyranne. La preuve ? l’Éducation nationale,malgré son armée d’enseignants : 850000 profs et avec le premier budget de l’État de 60 milliards d’euros, produit un taux illettrisme battant comme jamais des records avec plus de 10% de la population active.

Il faut donc autre chose, qui relève d’une véritable révolution des mentalités, susceptibles de susciter les vocations qui manquent dans nos industries. Cela suppose des notions d’effort, de discipline, de compétition, de performance, et de mérite bien éloignées de la pédagogie actuelle.

Certes, le mondial des métiers, point central de ce rapport, est une vitrine incomparable pour découvrir les différentes carrières au sein de nos entreprises Rhône-Alpes.

Mais cette manifestation qui mobilise le concours de près de 6000 personnes, une logistique gigantesque et nécessite pour la seule Région une subvention de 880.000 euros, ne dure que 4 jours ! Même si le mondial se décline aussi en forums locaux aux quatre coins de notre région, cela est bien insuffisant.

4 jours !C’est bien faible pour susciter l’intérêt et la vocation des jeunes. Alors que le jeune se construit sur les 196 jours de sa scolarité. En effet, c’est au cours de ces 196 jours de scolarité par an  qu’un jeune lycéen se construit au quotidien dans sa personnalité et dans le métier qu’il exercera demain.

Force est de constater que les entreprises industrielles, nos PME/PMI manquent de vocations et de personnels aptes et formés. Nos entreprises ont les emplois, mais n’ont pas les candidats !

En réalité, ce n’est que dans l’apprentissage, la longue et patiente acquisition des habitudes et des pratiques au long de la scolarité qui peut forger l’âme du futur ouvrier spécialisé ou de l’ingénieur dans tel ou tel domaine professionnel.

Ce qui signifie que seul un partenariat étroit Ecole-Entreprise, comme en Allemagne, peut donner – et ce dès 14 ans – à l’élève les bonnes pratiques et l’envie de s’investir dans un domaine professionnel futur.

C’est donc au sein des entreprises elle-mêmes qu’il faut donner un espace de démonstration -ET de formation-ouvert en permanence aux élèves et non épisodiquement sur des salons comme celui du Mondial des Métiers.

L’apprentissage et l’alternance de façon régulière des élèves dans les entreprises, voilà où l’on doit concentrer tous nos efforts. Rendons donc aux entreprises leur argent consacré à notre budget communication-formation, elles l’utiliseront pour une véritable politique de l’apprentissage, par et pour les besoins industrielles de nos entreprises, et l’épanouissement de nos jeunes.

Nous en sommes, hélas une fois de plus, très loin dans ce rapport.

Je vous remercie de votre attention.

Joël CHEVAL

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