Intervention de Gabriel de Peyrecave – 29 mars 2012
Rapport n° 12.04.210
Monsieur le Président,
Les objectifs du programme régional de soutien au développement des emplois verts/nouveaux emplois peuvent apparaître louables et peuvent constituer un véritable programme de création de richesse et d’emploi. Objectif censé, c’est vrai, mais réalisable peut-être, mais seulement dans les lignes.
Mon groupe veut tout d’abord vous rappeler que la création d’emploi est liée exclusivement à l’entreprise. Seule l’entreprise crée l’emploi. Et la question se pose : quelles seront encore les contraintes de vos objectifs ? Avez-vous pris en compte tous les paramètres pour favoriser la création de 20 000 emplois et la transformation de 50 000 autres afin de diminuer l’empreinte écologique ?
Je ne crois pas que vous ayez l’esprit assez clair pour appliquer un tel programme par le biais de vos politiques.
Permettez-moi d’exposer ce que veulent vraiment les Français. Bien entendu, les Français veulent des emplois. Bien entendu, les Français veulent la préservation de la flore, de la faune et des paysages qui constitue un objectif au coeur de la vision de l’Homme que nous défendons, c’est-à-dire un Homme vivant en harmonie avec son environnement, maîtrisant les conséquences de son action sur la terre et sur son lieu de vie et respectant le patrimoine légué à travers les âges. Nous faisons nôtre l’aphorisme de Francis BACON : « On ne peut commander à la nature qu’en obéissant à ses lois. »
Ce respect des lois de la nature et la maîtrise du développement économique, agricole et industriel de la France participent évidemment à la défense de l’identité nationale et de la qualité de vie de nos concitoyens.
Cependant, du fait de l’aggravation de la crise, les préoccupations des Français sont aujourd’hui d’abord tournées vers le court terme. Pourtant, l’écologie, préoccupation de long terme par excellence, compte beaucoup pour nos concitoyens qui s’interrogent sur l’avenir de l’environnement que nous allons laisser à nos enfants. Problématique intimement liée à la régulation de la mondialisation, l’écologie ne peut être déconnectée des grands choix économiques et le monopole que s’octroient les Verts dans cette assemblée dévalorise cet enjeu écologique.
Notre groupe a toujours considéré que l’enjeu environnemental était lié aux questions économiques, donc à la création d’emplois plus ou moins verts. La question écologique doit dès lors s’inscrire dans la cohérence générale d’un projet politique et elle doit être en conformité avec les autres propositions si l’on veut sincèrement mener une politique efficace en la matière.
Comment concevoir alors que des groupes présents dans cette assemblée dépendant de partis mondialistes farouchement favorables à la dérégulation de l’économie mondiale, complices des délocalisations et de l’internationalisation des productions, puissent prétendre défendre une politique favorable à l’environnement en créant des emplois verts ou verdissants ?
La prise de conscience écologique et la maîtrise de l’empreinte écologique de chacun sur la terre où il vit, où il travaille, constituent également des objectifs fondamentaux. Quand bien même la Région doit porter une politique favorable à la préservation de l’environnement, il appartient également à chaque individu et à chaque acteur économique d’agir dans le respect de son environnement. L’écologie ne doit en aucun cas être synonyme de décroissance. Il convient alors de ne jamais négliger les implications des mesures écologiques sur la croissance économique en visant systématiquement les décisions écologiques les plus favorables au développement de l’économie.
Ne pensez-vous pas que le durcissement des contraintes environnementales entraînera la destruction d’emplois dans les filières traditionnelles ? Que deviendront les PME et TPE qui dégagent encore du CO2 ? Pas de subventions ou peut-être une création d’un petit impôt pour mieux détruire encore nos petites exploitations agricoles dont le bétail dégage trop de CO2 ?
Je rappelle aussi que la Région Rhône-Alpes a voté une charte d’engagement que mon groupe a dénoncée car elle exprime un diktat sans la force mais avec une application de véritables contraintes aux entreprises.
Notre Région, comme l’ensemble des Régions de France, a besoin d’une énergie abondante et sûre pour assurer le bon fonctionnement de son industrie, de son agriculture, ainsi que le confort domestique. La cohérence et la pertinence de nos orientations énergétiques sont fondamentales, elles accompagnent la réussite politique de la réindustrialisation, de la relocalisation de plein emploi, d’accroissement du pouvoir d’achat des Français et de soucis écologiques.
Nous avons longtemps bénéficié d’une avance en matière de recherche et de nouvelles technologies énergique. Dans votre programme, vous proposez effectivement de soutenir la recherche et l’innovation verte, certes, mais vous dirigez cette Région depuis plusieurs années et rien n’est fait concrètement. Les politiques publiques entreprises ces dernières années n’ont pas permis de maintenir cette avance. Le soutien aux entreprises innovantes n’a pas été au rendez-vous et le choix de céder certaines technologies à des puissances étrangères nous place aujourd’hui dans une situation délicate.
Pour conclure, je tiens à préciser que tous vos dispositifs sont un échec. Pour preuve, votre programme commence par ce constat : « Cette crise économique, qui devient structurelle, tant elle semble se prolonger et muter avec le temps, est tout autant une crise économique, sociale et environnementale. Le chômage, la précarité et la pauvreté se développent (…) », mais à qui la faute ? Certainement pas à Marine LE PEN ni au Front National.
Regardez le propre siège de notre Région ici à Confluence qui se dit vert, comment vous faire confiance Monsieur le Président ? Tout part en cacahuètes ! Nous ne vous faisons pas confiance aujourd’hui comme hier pas plus que demain. Nous voterons contre ce programme et le Gascon que je suis reprend volontiers en la parodiant la plus petite fable de La Fontaine : « Vos emplois verts sont trop verts, ils sont bons pour les goujats. »
Merci Monsieur le Président.