Intervention de Maurice Faurobert – 28 mars 2013
Rapport n° 13.06.192
Monsieur le Président, chers collègues,
L’écomobilité, la transversalité, les voies vertes sont des mots un peu magiques pour ouvrir les portes à la propagande de l’exécutif. Si le terme « écomobilité » a succédé à « modes doux » c’est pour assener l’idée de l’écologie comme option politique, et la mobilité, désignant l’incontournable agitation contemporaine, comme une valeur de modernité.
Mais cette magie des mots pour quoi faire ? Pour conjurer la grande peur du siècle : le réchauffement climatique, la montée des eaux, l’asphyxie par la pollution de l’air etc. On croit savoir que lors des périodes de réchauffements climatiques antécédents, il y avait plus de CO2 dans l’atmosphère.
On Conclut un peu rapidement: c’est donc l’augmentation du CO2 qui réchauffe le climat.
Alors on ne fait pas dans le détail, vite sauvons la planète dans un réflexe unanime et obligatoire.
Or aujourd’hui, qui rejette du CO2 dans l’air ? le premier qu’on voit c’est l’automobiliste ! On oublie de dire qu’il n’est pas le seul et que les grands pays de production industrielle comme la Chine, en rejettent énormément plus ; et que lors des réchauffements antécédents il n’y avait pourtant ni automobiliste ni activité industrielle!
Qu’à cela ne tienne, puisqu’on nous dit les « automobilistes sont responsables ». D’ailleurs on s’en doutait avec leur esprit d’indépendance et leur amour de la liberté ils étaient suspects. Vouloir être libre de partir quand on veut, pour aller ou on veut, choisir son itinéraire et même son confort en se le payant soit même? C’est insupportable, pour l’idéologie collectiviste au pouvoir et contraire à une attitude « citoyenne » selon la terminologie en vogue.
Et c’est ainsi que nous sommes engagés dans une politique de report maximum des transports routiers, vers le ferroviaire ; donc plus un sou pour la route et tout pour les trains.
Pourtant, les résultats ne pourront qu’être limités : le train ne desservira jamais toutes les villes et villages comme la route. Les voies ferrées sont forcément limitées en passages de trains, et on constate qu’après avoir énormément investi dans le matériel celui-ci sera saturé dans 4 ans, et que déjà on ne peut plus modifier qu’à la marge le nombre de trains. Il faut dire que le cadencement, si encensé, fait rouler beaucoup de trains presque vides en dehors des heures de pointe ce qui relativise le bilan carbone favorable.
Enfin il sera aussi limité par le manque d’enthousiasme à emprunter les transports collectifs comme nous le montre Monsieur Kohlhaas militant du ferroviaire qui préfère utiliser son véhicule pour venir à la Région alors que l’offre de transport en commun entre son quartier et Confluence est très adapté ; nous avons vérifié.
Quant au coût de ce transport collectif, les citoyens sont entretenus dans l’illusion par la vente des billets aux voyageurs à 30 % du prix du voyage !
les 70% restant sont assumés par les contribuables. L’usager peut aussi bénéficier de réductions diverses par abonnement et la politique tarifaire de la Région en rajoute dans l’illusion d’arriver à un transport gratuit. Hélas rien n’est jamais gratuit ; la preuve ici, les mêmes contribuables paient tout le long de la ligne.
L’injustice qui accable l’automobiliste-contribuable ne s’arrête pas là car à la différence du voyageur par le train il paie son véhicule puis les taxes sur les carburants, scandaleusement élevées, son assurance, il subit encore les limitations de vitesse, les contraventions, les voitures flasheuses de la police, etc !
Nous voudrions faire cesser cette discrimination haineuse des automobilistes, taxés et entravés dans leurs déplacements (par manque d’entretien des routes, restriction des voiries et des parkings en ville, manque de travaux de déviation etc.) !
Nous sommes pour un libre choix des modes de déplacement en harmonie avec les conditions géographiques. Il y a une complémentarité à respecter entre les différents modes, et donc des investissements équilibrés à faire.
L’expérience de votre politique des « modes doux » montre qu’elle est essentiellement la promotion de l’usage du vélo
Nous serions d’accord pour favoriser l’usage des vélos et autres deux roues, ainsi que initiatives de l’autopartage, les plans de déplacements inter-entreprises ou de lycées, mais ils seraient beaucoup mieux gérés par les collectivités locales, au plus près des problèmes des usagers. Dans ce cas il faudrait vous séparer de l’énorme réseau d’animateurs que vous avez mis en place dans les associations écolo-cyclistes crées pour la circonstance et qui grève le budget.
Si l’on veut vraiment diminuer les pollutions et les consommations d’énergie il faut maîtriser l’inflation galopante des déplacements par un aménagement du territoire judicieux, en créant des emplois variés auprès des habitations afin d’enrayer le « toujours plus loin » soit pour travailler soit pour se loger.
C’est une des vraies responsabilités régionales. Et on en est loin.
Nous voterons contre ce rapport.