Plan en faveur de la ruralité

Intervention de Christophe Boudot, président du groupe FN – 22 septembre 2016

Rapport n° 846

Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes : en Assemblée plénière du 22 septembre 2016, Christophe Boudot, président du groupe FN, a fermement défendu les campagnes et ses habitants face à la menace d’une mort lente.

Monsieur le Président par intérim, chers collègues, Mesdames, Messieurs,

Si vous n’aviez plus qu’un seul chapitre à reprendre de notre programme, c’est bien celui qui parle de la ruralité, tant il est évident qu’il faut agir de toute urgence pour nos campagnes et ces villages oubliées, fracassées par une mondialisation débridée qui les a peu à peu relégués au second plan.

Ce qui m’a toujours frappé en traversant ces petits villages du Cantal, de Haute-Loire, de la Drôme, de l’Ardèche ou d’ailleurs. C’était leur silence et leur trop grand calme…

Il y règne parfois un silence de mort dans un paysage de désolation… Pareil à un décor factice d’un film de Sergio Leone , ces villages sont comme figés, comme vitrifiés. Seuls les quelques habitants, le plus souvent âgés, semblent attendre le retour d’un monde passé à jamais révolu…

Vous l’avez compris mais qui ne l’a pas compris aujourd’hui ?

Il faut aider directement le monde rural en danger car il est notre patrimoine, car il est notre richesse, il est notre avenir aussi, il doit renaitre rapidement et se montrer à l’inverse de ce qu’il est aujourd’hui : désert médical, désert social, friche économique et culturelle.

La Région, cette immense collectivité froide et technocratique, ne peut plus faire autrement que de se tourner vers ces villages, ces villages couchés au pied de leur église, dont parlait Charles Péguy, et qui méritent effectivement toute son attention.

Vous avez ciblé dans ce dispositif les communes de moins de 2000 habitants. Il faut rappeler ici que la taille moyenne d’une commune de notre Région est inférieure à 2000 habitants et que les villages de moins de 500 habitants comptent pour la moitié du nombre total, des 4190 communes. A titre d’exemple, 30 % des habitants du département du Cantal, cher à notre Ami Gilles Lacroix, habitent un village de moins de 500 habitants.

Il y a urgence, nos villages ne sont pas des musées, oui, ils sont des chefs d’œuvre en péril mais ce sont des territoires, plus que des territoires ce sont des terroirs enracinés.

Parler d’un plan en faveur de la ruralité, c’est accompagner et prendre en compte le dynamisme des élus, des habitants qui ont envie de s’engager pour leur terre et pour leur avenir. Les aider à investir, à boucler ou démarrer des projets d’équipement est une bonne chose. Toutefois, ce rapport soulève quelques interrogations qu’il vous faut dissiper.

Il convient de s’interroger en effet sur les modalités d’attribution de cette aide à la ruralité. Je ne reprendrai pas les éléments du rapport, mais je poserai quelques questions…

Je salue d’abord l’effort annoncé de simplification des appels à projet. On verra à l’usage. Il serait en effet inconcevable de demander aux petites communes du temps et de l’ingénierie qu’elles n’ont pas toujours…

Ensuite, qui va véritablement instruire les dossiers reçus ? Je me trompe peut être, mais je n’ai pas senti une irrépressible envie de nous y associer, d’associer les élus régionaux d’un département concerné dans l’examen des dossiers. Il serait normal que ceux-ci-soient réunis dans un comité de sélection composé de représentants des groupes politiques de cette assemblée se réunissant régulièrement pour instruire les dossiers reçus. Ils pourraient également veiller à un équilibre territorial des choix et une juste répartition des enveloppes financières.

Vos premières décisions d’aides directes, il y a quelques semaines,  nous ont laissé le gout amer du clientélisme déguisé. Il serait, Monsieur le président, dommageable de galvauder un si bel élan de générosité régional.

Enfin, Un dernier point, d’actualité : mon groupe déposera un amendement pour aller plus loin et prendre en compte la souffrance des maires de communes réquisitionnées par le plan Cazeneuve de répartition des migrants clandestins et qui aurait malgré leur vive opposition et celui des populations à faire face à une dépense soudaine qu’ils ne pourraient pas assumer, charge ensuite à la Région de recouvrer sa créance auprès de l’Etat.

En conclusion :

Ce rapport va dans le bons sens, nous le voterons.

Dans cette assemblée, on a trop souvent privilégié la ville à la campagne, les politiques de la ville et les plans de renouvellement urbains ont été couteux et pléthoriques. Il en faut, mais ceux-ci doivent avoir leur corollaire en faveur de la ruralité, même si ce plan ne me paraît pas suffisamment ambitieux au regard du retard de développement de nos campagnes et devra monter en puissance pour mieux encourager les nombreuses dynamiques de développement territoriales.

Je vous remercie.

 

 

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