Intervention d’Agnès Marion – 29 juin 2017
Rapport n° 547
En Assemblée plénière auvergnate et rhônalpine du 29 juin 2017, Agnès Marion a plaidé pour une culture enracinée, demandant à M. Wauquiez de rompre enfin avec l’idéologie de gauche :
Monsieur le Président. Monsieur le Président, chers conseillers,
Nous vivons des temps politiques incroyables Monsieur le Président. À la lecture de votre rapport, je me suis surprise à me poser la question : notre cher Président de Région serait-il lui aussi saisi de « macronite » ? Suggestion saugrenue d’un esprit fatigué par la fin de l’année que j’ai balayée d’un revers de main. Pas lui, quand même pas lui !
Mais convenez-en avec moi, ce rapport sème le trouble. On peut le lire comme la première étape d’une politique culturelle ambitieuse et en même temps, comme la continuation de la politique menée par la Gauche depuis des décennies dans ce domaine.
Votre nouvelle politique en faveur de la culture et du patrimoine est pleine de bonnes intentions. Nous nous en réjouissons.
Nous nous réjouissons notamment que la culture ne soit pas considérée comme un simple levier économique, parfois pour générer des richesses, souvent pour entretenir aux frais du contribuable des coteries bien pensantes.
Nous nous réjouissons que vous vous rangiez à une position qui a toujours été la nôtre, la volonté de défendre notre patrimoine matériel et immatériel, c’est-à-dire notre identité. Dans ce monde en constante évolution, nous vous donnons raison de considérer que cette identité doit être valorisée parce qu’elle représente précisément une permanence, un point d’ancrage et d’enracinement face à la perte de repères et à l’uniformisation qui sont les corollaires de la mondialisation sauvage. « Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent le plus haut », disait Mistral.
Nous nous réjouissons lorsque vous parlez du lien social que la culture tisse à travers notre héritage matériel et immatériel. Oui, Monsieur le Président, cette identité reçue de nos pères, nous avons le devoir de la défendre comme une réalité vivante parce qu’elle est le ciment social qui nous permet d’être un peuple uni au-delà de nos différences.
Si vous allez dans ce sens-là Monsieur le Président, vous nous trouverez à vos côtés pour rompre avec 50 ans de monopole culturel de la Gauche, qui a érigé en totem des aberrations et déconstruit notre héritage.
Pourtant, à la lecture de ce rapport et au travers de nos travaux en commission, nous sentons bien que vous devez encore donner, malgré tout, des gages à la Gauche. La rigueur budgétaire est un « cache-sexe » bien utile pour ne pas avoir à assumer des choix de rupture idéologique dont nous vous savons pourtant capable. Souvenez-vous, vous n’avez pas manqué de courage quand vous avez retiré à notre demande la subvention au label Dur et Doux qui produit Brice et sa Pute.
Nous regrettons également le flou des critères de subvention que même votre Vice-présidente semble ne pas maîtriser. Comment ne pas penser immédiatement au fameux : quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ?
En effet, avec un tel cadre, on peut faire tout et en même temps son contraire.
Levez donc le voile sur vos choix en matière de politique culturelle
Monsieur le Président. Nous le savons tous, la culture n’est pas neutre et porte une vision du monde. Ne vous contentez donc pas de la gestion des affaires courantes, cela vous pousse, faute de vision claire, à reconduire par défaut des subventions sans intérêt quand elles ne sont pas délétères, datant de la mandature QUEYRANNE. Même la Villa Gillet, malgré sa scandaleuse gestion et en dépit de diverses procédures entamées, ne s’en tire pas si mal depuis votre prise de fonction. Un système contrarié peut-être, mais qui trouvera rapidement un moyen de rétablir son train de vie pharaonique financé par les subsides que nous lui versons.
Trop de gestion, pas assez de lignes directrices ambitieuses, authentiques, enracinées, concrètes dans votre rapport. Trop de bonnes intentions sujettes à l’arbitraire des interprétations dans les mises en œuvre. Trop de flou sur lequel prospère un absurde saupoudrage quand l’action régionale en faveur de la culture gagnerait à choisir quelques beaux projets à soutenir, plutôt que de donner trois francs six sous à une myriade d’associations, souvent parasites, toujours incontrôlables.
Notre région possède, vous le soulignez, un patrimoine et une mémoire exceptionnels. Soutenons les projets fondés à l’initiative et grâce à l’investissement de nos concitoyens qui se réapproprient, à cette occasion, leur mémoire, confisquée depuis des décennies. Je pense, par exemple, au spectacle consacré à Monsieur Vincent à Châtillon-sur-Chalaronne que je vous engage à aller découvrir au mois de juillet. Racontons surtout notre histoire régionale dans sa globalité, plutôt que de choisir dans l’histoire des faits qui permettent d’asséner une vision idéologique du monde. Tant de lieux de notre région mériteraient aussi notre attention parce qu’ils racontent d’où nous venons et qui nous sommes. Je pense entre autres exemples à la Chapelle expiatoire des Brotteaux, aux Pentes de la Croix-Rousse en souvenir du soulèvement et du massacre des Canuts, à la Chapelle des Martyrs de Feurs, au tata des Sénégalais de Chasselay, aux ruines du château de Montbrison en souvenir des massacres perpétrés par les bandes du baron des Adrets, à la colonne du martyr de Blandine, au plateau de Gergovie où nos ancêtres les Gaulois ont baptisé l’esprit de résistance qui est la marque de notre région.
Donc, de l’audace, de l’audace et toujours de l’audace ! Soyez audacieux Monsieur le Président, nous vous en savons capable. C’est bien à cause de ce manque d’audace que la Droite a laissé depuis des décennies le champ politique, en général, et la culture, en particulier, à la Gauche, au point de se fondre dans la Gauche. Le Président Macron n’est à ce titre que l’ultime avatar et le prix de la compromission. Rien de constructif là-dedans ! Rien. Seulement nos concitoyens en payent chèrement le prix.
Monsieur le Président, l’enjeu de ce rapport est bel et bien de répondre par la négative à la question : la culture est-elle de Gauche ? Or, comme nous, vous savez que la culture n’est pas de Gauche, elle est seulement « bastillée » par la Gauche. Libérons-la Monsieur le Président, ce rapport en est l’occasion. Montrons à tous que la Droite a le droit et je dirais même le devoir de défendre des politiques culturelles ambitieuses parce qu’enracinées.
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Amendement présenté par Céline Porquet
RAPPORT N° 547 : Nouvelle politique régionale en faveur de la culture et du patrimoine
Nos secteurs sauvegardés, nos communes rurales en général, se retrouvent confrontées à des dossiers complexes.
Pour préserver, pour sécuriser, pour mettre en avant leur patrimoine, l’immense majorité des communes n’ont ni la logistique, ni la technicité et encore moins les finances pour agir en la matière.
Tout le monde le sait : elles se retrouvent bien seules face à la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) qui les plombes sous des dossiers lourds et compliqués.
Dans le cadre de sa nouvelle politique régionale, la Région se doit d’épauler les acteurs locaux, d’user de son autorité morale et d’être une interface régionale efficace dans ce domaine.
Il est aussi nécessaire que notre assemblée ait une politique très volontariste pour que la Région Auvergne – Rhône-Alpes soit un puissant partenaire de nos sept secteurs sauvegardés qui sont de véritables pôles d’excellence d’intérêt national.
AMENDEMENT :
Insérer la clause suivante :
1-4) de créer une cellule “patrimoine“ experte en démarches et conseils à la disposition des collectivités