Agriculture française : comment sortir de la crise ?

Contribution de Thierry Sénéclauze – 12 mars 2018

J’étais invité, le mercredi 7 mars, à une conférence de Bruno Parmentier au lycée agricole de la Côte-St-André dans l’Isère sur le thème : « Nourrir la planète, l’enjeu du 21 siècle ». L’agriculture étant plus que jamais un acteur de stabilité géopolitique mondiale, Bruno Parmentier conférencier de renom, invité à l’initiative de la Coordination Rurale (deuxième syndicat agricole français), nous a exposé, pendant plus de 3 heures, la Politique Agricole Commune (PAC), la gestion des ressources, les traités de libre-échange (CETA, MERCOSUR, etc.), les OGM ou encore l’agriculture conventionnelle et biologique et les bouleversements qui vont remettre l’agriculture au cœur des enjeux de nos sociétés modernes.

La corrélation de tous les critères d’évolution de consommation à l’échelon planétaire promettent des beaux jours à une agriculture moderne et évolutive. Il faudra produire beaucoup plus et lutter contre les conséquences directes de l’urbanisation et de la bétonisation de la planète. L’agriculture et les agriculteurs sont trop souvent montrés du doigts à tort. Ces derniers sont désignés responsables et coupables des nombreux maux du 21ème siècle.

La crise agricole n’en finit pas de détruire exploitations, familles et filières et qu’aucune amélioration durable ne semble se profiler, alors que les agriculteurs n’ont eu de cesse, depuis des décennies, de s’adapter pour produire à bas coûts pour des multinationales, parfois bien ingrates des efforts fournis. Ces efforts, compensés par de rachitiques subventions bien mal adaptées aux besoins réels, ont été réalisés au détriment de leur propre revenu. Demain les consommateurs devront payer le vrai prix s’il veulent se nourrir correctement. Les agriculteurs ne doivent plus être les esclaves d’une société industrialisée et dépensière, et doivent vivre décemment de leur travail.

Les agriculteurs veulent un partage de la valeur entre transformateurs et distributeurs et sortir du carcan des centrales d’achat et des grandes surfaces.

Ne condamnons pas l’agriculture française sur l’autel Bruxellois, cette PAC qui rend difficile voire parfois impossible l’application et la réorganisation économique de la filière française. Les récents accords commerciaux catastrophiques, que sont le CETA, TAFTA , le MERCOSUR, sont la preuve, s’il en fallait, que l’Union Européenne guidée par sa frénésie libre-échangiste mène une action néfaste, hautement toxique pour les agriculteurs et fait encourir un grave danger sanitaire pour les consommateurs. Concernant le dossier MERCOSUR, les Français et nos confrères européens seront demain exposées aux aléas sanitaires d’agences de certification brésiliennes notoirement corrompues qui n’ont pas hésité à autoriser, les années passées, l’exportation vers l’UE de milliers de tonnes de viande avariée. Tout cela pour satisfaire les multinationales et dans une logique hyper-productiviste et mercantile. Non, le dossier agricole ne doit plus être une variable d’ajustement de la politique économique néfaste des technocrates européens. Oui nous proposons le retour à une Politique agricole française (PAF) et un protectionnisme intelligent, unique solution viable et efficace contre la logique du libre-échange sans-frontières.

Thierry Sénéclauze,
Conseiller Régional FN d’Auvergne-Rhône-Alpes
Agriculteur drômois et chef d’entreprise

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