Débat d’orientations budgétaires 2019

Intervention de Christophe Boudot – 11 octobre 2018

Rapport n° 2144

Le 11 octobre 2018, en Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes, le président du groupe RN, Christophe Boudot, a abordé les orientations budgétaires 2019 de l’Exécutif régional de Laurent Wauquiez (LR) :

Monsieur le Président, Monsieur le vice-président, Monsieur le président du CESER,

L’automne est venu, les feuilles mortes se ramassent déjà à la pelle et pourtant, vous vous jetez des fleurs…  Vous voudrez bien excuser cette entame un peu facile mais force est de constater que la communication de la Région à l’occasion de ce débat d’orientations budgétaire, cette autosatisfaction pompeuse est pour tout vous dire, un peu gênante.

La Région la mieux gérée de France…Comme toujours Monsieur le président, vous en faites un peu trop et cela nuit finalement à l’efficacité de votre message.

Quand à grand renfort de publicité dans des journaux de diffusion nationale vous vantez vos mérites ou peut être ceux de la Région, on ne sait plus très bien comment ne pas s’interroger sur l’utilité réelle pour la Région et ses habitants d’une telle publication.

Comme nous l’avait fait remarquer notre excellent collègue Charles Perrot, cette pleine page dans Les Echos, puisque c’est de cela qu’il s’agit, aura couté cher aux Auvergnats et aux Rhônalpins pour une utilité qui reste à démontrer puisqu’elle aura touché autant la Lorraine, le Béarn, la Provence, la Normandie que le Dauphiné ou l’avenue du faubourg Saint-Honoré.

Nous verrons plus loin l’étrange notion de l’intérêt général qui peut être discutable, mais c’est bien l’intérêt régional qui doit seul conduire votre action.

Il est incontestable que sous l’impulsion d’Etienne Blanc, notre Région a rompu avec ses vieux démons et a mis un terme au mécanisme de la dépense automatique. Un rapport de la Cour des comptes avait d’ailleurs révélé ce que nous savions déjà : les finances de la Région avaient besoin de toute urgence d’un redressement et d’une plus grande maitrise budgétaire.

Alors, vous vous êtes lancés à corps perdu dans la chasse au gaspillage. Il vous reste beaucoup à faire, nous le verrons en deuxième partie de cette intervention. Néanmoins votre objectif des 300 millions d’économie de fonctionnement sur le mandat sera atteint. Les deux première années – succédant à un exécutif socialiste pris en tenaille par les verts et les communistes – vous avez réalisé 247 millions d’économie, soit déjà 82 % de votre plan, mais vous le savez, les quelques millions restant ne seront pas les plus faciles à trouver.

Ce redressement des finances régionales se traduit budgétairement par une hausse continue de l’autofinancement, l’épargne bute s’établissant ainsi à 665 millions et vous permettant d’envisager une relance de l’investissement en franchissant le cap des 900 millions dès l’année 2019, sans dégrader les ratios financiers et ainsi abaisser une capacité de désendettement à moins de quatre années.

Je rappellerai ici à vos thuriféraires béats qu’il n’est pas rare de croiser dans les couloirs, que notre Région est encore très lourdement endettée et que sa dette consolidée s’établit encore à près de 2,6 Milliards d’euros en 2017. Vivre sur la dette, Monsieur Kohlhass, qu’elle soit publique ou privée, n’est ni tenable, ni raisonnable, et dès lors nous nous félicitons tout de même du désendettement progressif de notre Région.

Vous vous montrez très prudent sur les recettes de la Région et notamment sur la recette principale qu’est la CVAE. La prudence est de mise car l’État défaillant tout en transférant les compétences aux régions renâcle à en compenser les charges et annonce dans la loi de finance 2019 la poursuite de son désengagement. Oui, les mauvaises manières de l’État mettent en péril notre politique régionale.

Je rappelle que notre collectivité régionale doit être avant tout une collectivité d’investissement même si, vous le savez, il faut un budget de fonctionnement performant quand il touche à certaines compétences régionales, et notre collègue Muriel Burgaz aura à cœur de défendre devant vous nos positions sur les sujets de formation professionnelle et d’apprentissage.

Je ne vous ferai pas le faux procès habituel et un peu facile des anciens amis, mais un peu tout de même. Vu le casting du gouvernement, je comprends votre désarroi.

Au-delà de la politique volontariste dont vous faites preuve au niveau financier et que nous avions nous même inscrit dans nos priorités de mandat, vous vous montrez dans le même temps très insuffisant sur toute une série d’orientations et de décisions.

Oui, vous avez certes dégraissé un peu le mammouth, vous avez adopté en quelques sorte une gestion financière responsable, mais au-delà des chiffres, gérer une région est aussi affaire de conviction et de sincérité. On sait que vous pratiquez l’art difficile du grand écart permanent. On sait également que la Région est une étape obligée dans votre plan de carrière bien réglé, vous n’avez jamais caché qu’après la séquence régionale, c’est à l’appel de la France auquel il vous faudrait un jour répondre.

Mais pour caresser ce rêve, il vous faut parfaire votre courage politique, celui qui tient aux convictions profondes et qui ne s’embarrasse pas du politiquement correct si dévastateur aujourd’hui.

Le véritable courage politique n’est-ce pas de dire Non, dire NON par responsabilité ou même dire NON par conviction à certaines orientations, à certaines subventions qui par nature sont d’un domaine non obligatoire et même parfois vont directement à l’encontre de l’intérêt général. Je parlerais moi de l’intérêt national.

Avoir le courage de dire NON sous la pression afin de mieux privilégier les enjeux d’avenir, les enjeux patrimoniaux identitaires et culturelle de notre région doit à mon sens demeurer votre boussole, la boussole de la sincérité et de l’efficacité.

Le CESER du président Quadrini le rappelait dans un récent rapport consacré aux associations : il n’y a pas vraiment de cadre réglementaire autre que fiscal pour définir l’intérêt général d’une association. Son but ne peut être lucratif, elle ne peut faire concurrence au privé et reçoit en échange une exonération de TVA et d’impôt sur les sociétés. Le Haut conseil à la vie associative va plus loin en parlant d’un critère général, celui de l’engagement citoyen, mais se perd dans une définition qui finalement ne veut plus rien dire.

Je prendrai 3 exemples utiles à notre compréhension :

D’abord, La LICRA, cette association aura touché de la Région en 2018 pas moins de 100 000 euros d’argent public, et quand on connait le parti pris idéologique de cette association, dont je rappelle au passage le nom de quelques-uns de ses membres d’honneur, François Bayrou, Lionel Jospin, Jacques Chirac, etc., on se demande pourquoi vous continuez à la financer.

Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à lire le rapport d’activité 2017 de cette association. Notamment lors des mois d’avril et de mai 2017, son activité s’est bornée à descendre dans la rue et à envoyer ses permanents et militants s’adresser aux passants pour faire voter MACRON et prévenir des dangers, je cite : « du Front national censé recycler des vieilles thèses obscures pour leur donner un vernis respectable. » Subventionner avec notre argent cette association est une honte pour notre République.

De même, j’ai là un document, une facture qui prouve que vous faites plus encore : la Région a acheté des encarts pleine page dans le journal LICRA RHÔNE-ALPES, notamment celui du mois d’avril 2018, pleine page facturée à 5000 euros. De notre point de vue, ce sont des dépenses inutiles. Tout cela n’est pas sérieux.

Ensuite, on apprend également que l’association pro-migrants, Forum des réfugiés, a touché plus de 180 000 euros de la Région, association déjà gavée d’argent public par ailleurs, notamment par la Métropole ou la ville de Lyon, et on connait aujourd’hui le rôle néfaste qu’elle peut tenir dans le cycle d’invasion migratoire que nos compatriotes ont à subir.

Je vous encourage, Monsieur le Président, à cesser ce genre de subvention et à concentrer vos efforts sur nos compétences légales et réglementaires : notre patrimoine, la formation professionnelle, les transports, les lycées et sur les enjeux d’avenir.

Enfin, vous ne cessez d’annoncer des plans d’aide aux villages et aux communes rurales, monde rural trop longtemps sacrifié au profit des métropoles par la gauche. On est d’accord. Mais concrètement, pour instruire les demandes et attribuer les aides, vous avez remplacé les comités de sélection très imparfaits, car ils donnaient la part trop belle aux services, par des élus référents exclusivement issus de votre majorité et qui sont devenus le passage obligé des édiles ruraux qui osent faire appel aux aides régionales. Cette dérive est très malsaine et installe un système de féodalité régionale d’un autre temps.

En conclusion, nous prenons acte du désengagement de l’État qui met en péril la gestion des Régions et leur capacité d’investir. Nous prenons acte de l’action rigoureuse et volontariste que vous menez mais nous ne saurions nous en contenter, tant votre gouvernance et nombre de vos décisions vont à l’encontre de notre intérêt régional.

Nous sommes impatients de passer à l’analyse du budget primitif, et vous pouvez compter sur les hommes et les femmes de mon groupe pour s’en emparer, vous faire des propositions d’amendement qu’il vous faudra prendre en compte. Monsieur le Président, comptez sur nous pour vous surveiller comme le lait sur le feu.

Je vous remercie.

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