Etat du contrat de projets Etat-Région 2007-2013 : audition du Préfet

Intervention de Charles Perrot – 18 décembre 2008

Merci Monsieur le Préfet, Monsieur le Président,

Charles-PerrotJe ne prends pas la parole comme conseiller régional aujourd’hui mais comme un patron de PME que je suis. Je vous rassure, il s’agit d’une PME de plus en plus petite, ce qui va d’ailleurs certainement réjouir nos camarades communistes !

Je suis le patron d’une PME industrielle pure et dure, une PME qui fabrique des produits 100 % made in France à côté de Saint-Etienne, je suis un patron qui a toujours refusé la délocalisation que tous les banquiers me suggèrent depuis des années à grands concours d’ailleurs de financements d’Etat.

J’employais 200 salariés fin septembre, Je n’en employais plus que 160 fin novembre. Je n’en emploierai plus que 150 fin décembre. Je pense que mon entreprise va peut-être mourir demain à cause de la crise ou à cause de vous !

Puisque nous sommes au cœur de la tourmente et de la crise, précisément, parlons-en ! Mais parlons-en en sachant de quoi on parle.

Quand j’écoute les uns et les autres, ou vous Monsieur le Président ou vous Monsieur le Préfet, j’ai envie de vous dire : « Echangeons nos sièges ! » Je vous offre la direction de mon entreprise, Monsieur le Préfet, je vous l’offre Monsieur Queyranne ! J’aimerais voir ce que vous allez faire avec vos bonnes idées, Vous Monsieur le Préfet, les bonnes idées de M. Sarkozy, et vous Monsieur le Président, vos bonnes idées de président de la Région Rhône-Alpes.

Je reviens à ce que je disais le 12 octobre 2006, c’est important car nous étions en plénière et nous avons discuté du FRERA que vous réactivez un peu plus aujourd’hui. Vous nous parlez de votre budget de crise, d’un plan de crise, et vous nous dites qu’il faut à nouveau et encore plus débloquer les concours financiers auprès de la communauté bancaire qui est frileuse et trouver des moyens, des effets de levier. Vous dites que c’est là une très bonne idée, mais qu’est-ce que je vous disais le 12 octobre 2006 ? Qu’est-ce que je reprochais déjà le 12 octobre 2006 à ce rapport ?

J’accréditais l’idée que les banques, le 12 octobre 2006, quoique qu’elles disent toutes le contraire, répugnaient à financer les PME et les TPE « parce qu’elles savent et redoutent l’inéluctable effondrement de notre tissu industriel par effet de contagion ou effet dominos car leurs ratios sont au rouge. Je parle des ratios annonciateurs de la faillite programmée de notre pays. » Je disais cela le 12 octobre 2006.

Parce qu’un banquier, Monsieur le Président, fonde sa décision à la lecture et à l’analyse des bilans de l’entreprise, il sait donc aussi lire le bilan de l’Etat français de ces vingt dernières années. C’est le bilan de la double décennie PS/UMP pour notre pays, le bilan du plus grand gâchis économique et financier de sa longue histoire. Je vous citais les chiffres extraordinaires qui ont vu comme résultats financiers la situation nette de l’Etat qui était positive de 600 Md€ en 1986, devenue négative de 1 000 Md€ en 2006, c’est-à-dire un différentiel de 1 600 Md€ de déficit en vingt ans ! Ces chiffres sont connus de tous et de Monsieur le Préfet bien évidemment.

Ce ne sont pas les chiffres que j’invente. Je vous mettais au défi de pouvoir m’apporter la preuve contraire.

1 600 Md€ de déficit en vingt ans soit environ mille semaines, c’est donc 1,6 Md€ de capital national détruit chaque semaine soit l’équivalent en coût de construction d’une ville neuve de 40 000 habitants.

Voilà la réalité Monsieur le Préfet, Monsieur le Président. C’est une réalité et c’est votre responsabilité.

Je vous posais la question le 12 octobre 2006 de savoir si ces chiffres vous faisaient frémir Monsieur le Président : « Comprenez bien dans cette situation que notre petit banquier, face au spectre de la faillite programmée, dont la seule incertitude reste la date exacte à déterminer mais communément admise entre 2008 et 2012, notre petit banquier qui a horreur du risque et de l’incertitude se retire fort logiquement sur son Aventin en attendant des jours qu’il espère meilleurs et qui pourrait le blâmer ?« 

Il est intéressant de vous rappeler ce que je disais ce 12 octobre 2006. Je disais que la crise allait arriver. On ne savait pas si c’était en 2008, 2009, 2010, 2011 ou 2012. Malheureusement, elle arrive en 2008. Je ne vous dis pas cela pour vous dire que nous sommes toujours annonciateurs et oiseaux de mauvais augure. Je dis simplement que malheureusement nous avons raison encore une fois, trop tôt peut-être, nous avons un rôle prédictif important.

Tout cela pour dire que votre plan de soutien à l’économie et à l’emploi, ce plan supplémentaire de 57 M€, ne changera rien à l’affaire.
Si vous voulez faire une mesure toute simple Monsieur le Président, 57 M€ que vous dites ajouter dans ce plan de crise, supprimez, baissez la taxe professionnelle de 57 M€, c’est tout simple !

Arrêtez de vouloir dire aux chefs d’entreprise : « Voilà ce que l’on va faire pour vous, on va vous expliquer comment vous allez, grâce à nous, faire ceci ou cela. » Ils le savent, Monsieur le Président. Ils n’ont pas besoin de vos conseils, ils savent ce qu’ils ont à faire.

Nous sommes dans la crise économique, il faut dire la réalité Monsieur le Préfet. Vous savez que les services de l’Etat et particulièrement le Ministre Wauquiez travaillent sur des hypothèses et des schémas de destruction nette d’emplois, 100 000 par mois à partir de janvier voire 150 000 c’est-à-dire un schéma de sortie de crise fin 2009/début 2010 à 3 millions, 3,5 millions ou 4 millions de chômeurs quand nous sommes à peu près 2 millions aujourd’hui. Voilà la réalité des chiffres !

Oui, il y aura beaucoup de problèmes de cohésion sociale nationale ! Bon vent, bonne chance Monsieur le Préfet ! Je vous ai écouté avec beaucoup de respect. J’ai acquis la conviction que, décidément, non, nous ne sommes pas du tout sur la même planète ! Vous parlez beaucoup, malheureusement pour notre pays, oui !

Monsieur le Préfet, vous parlez beaucoup et de beaucoup de choses. Bien sûr, vous êtes formé pour cela. Vous avez parlé d’une chose très intéressante, vous avez dit, et M. Safar l’a relevé : « La filière courte dans la restauration collective, que voilà une bonne idée ! » C’est la préférence régionale pour nos productions régionales. Encore un petit effort Monsieur le Préfet et vous arriverez à la préférence nationale. Cela fait vingt ans que nous le disons ici au Front National !

Quand M. Sarkozy conditionne les aides à l’industrie automobile en disant : « Attention, on va vous aider si vous ne délocalisez pas« , pardonnez-moi de vous le dire, M. Sarkozy est un jean-foutre !

La concurrence internationale, je la connais… Ecoutez-moi Monsieur le Préfet s’il vous plaît !
Je me suis peut-être un peu enflammé mais je parle de ce que je connais.

Je suis un petit patron. Malgré tout, j’exporte 60 % de mon chiffre d’affaires dans 57 pays aujourd’hui.

Je n’exporte plus en Inde, pourquoi ?
C’est très important ce que je vous dis, c’est un cas concret. Quand j’exporte en Inde, le gouvernement indien taxe les importations de mes produits de 100%.
Lorsque le fabricant indien qui fabrique des produits similaires aux miens exporte en France ou en Europe, il y a 0 % de taxe. Comment voulez-vous que je ne sois pas poussé moi-même à délocaliser mes relais en Inde ? C’est tout simple à comprendre.

Si l’Europe voulait aider l’industrie française et européenne, elle aurait des mesures de protection des importations en provenance de ces pays similaires à celles qui nous sont imposées. Le textile est en train de mourir.

Il est dit dans l’évangile « oculos habent et non videbunt », ils ont des yeux mais ne voient pas ! Vous avez des yeux mais vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous ne voulez pas entendre. Je vous plains ! Merci !

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