Soutien aux Campus universitaires de Rhône-Alpes

Intervention d’Hugues Petit  – 9 juillet 2009

Rapport n° 09.03.445

Comme universitaire, je reconnais bien volontiers et j’atteste que mes collègues également apprécient ce que la Région fait pour les universités rhônalpines. La Région a beaucoup construit, beaucoup rénové, la Région rend possible un certain nombre d’opérations qui, sans elle, seraient difficiles, voire impossibles. Tout ceci est positif.

Est-ce à dire pour autant que la politique que nous menons soit bonne ? Permettez-moi de vous dire que nous en doutons. Pourquoi ? Parce que, il faut le répéter une fois encore, une politique ne se mesure pas à l’argent dépensé mais aux résultats obtenus.

Or, et je rejoins sur ce point ce qui a été dit tout à l’heure excellemment par notre collègue Friedenberg, si l’on s’interroge sur l’aspect le plus important concernant l’université, à savoir, les débouchés pour les étudiants, force est de constater que la plupart, en tout cas un grand nombre de nos étudiants n’ont pas de débouchés et que, quand ils en ont, la plupart du temps ce sont des débouchés sans rapport avec les études et le niveau d’études qu’ils ont atteint.

Je voudrais prendre deux exemples que j’ai personnellement connus et qui ne sont pas très anciens : un très bon étudiant en doctorat, un autre docteur avec une très bonne thèse de droit public. L’un comme l’autre ont dû se contenter de devenir gardiens de la paix. Je n’ai rien contre cette profession, dont le nom lui-même est tout un programme, surtout par les temps qui courent, mais un pays dans lequel il faut un doctorat en droit pour devenir gardien de la paix est un pays qui a des problèmes, et dont l’université surtout a des problèmes.

Ces problèmes, il faudrait s’y attaquer, beaucoup l’ont dit. Il faudrait engager une réforme profonde de l’université. Cette réforme ne se fait pas parce que la Gauche n’en veut pas et parce que la Droite n’a pas le courage politique de la faire. Evidemment, il est plus facile de dépenser l’argent public que de faire preuve de courage politique.

Le deuxième point sur lequel je voudrais m’arrêter, ce n’est pas le moins important, c’est qu’il y a dans notre système quelque chose de malsain. Il est vrai qu’en soi, il est heureux que la Région s’occupe de l’université parce que, la Région proche de l’université, les universitaires ont un interlocuteur « à portée de main » en quelque sorte, mais le fait que la Région intervienne dans l’université amène des rapprochements contestables. Nous avons eu d’ailleurs en Rhône-Alpes un exemple particulièrement emblématique, c’est ce qu’il faut bien appeler l’affaire Gollnisch.

Pendant 5 ans, notre président de groupe a été traîné dans la boue par ses collègues universitaires et par ses collègues politiques. Pendant 5 ans, son honneur a été sali… vous devriez attendre un peu avant de dire des bêtises et de faire des grognements sinistres… attendez-un peu pour ne pas avoir à les regretter…

Pendant 5 ans son honneur a été sali, pendant 5 ans, et je puis en attester pour être son ami et avoir vécu ces événements pratiquement avec lui, il s’est battu comme un lion jusqu’à l’épuisement au risque de sa santé, et j’allais ajouter comme Germaine Burgaz, qui est maintenant dans une chaise roulante.

Depuis le 23 juin, la Cour de cassation a mis un terme à cette affaire par une décision exceptionnelle puisqu’il s’agit d’une cassation sans renvoi. Ce qui veut dire que les faits étaient tellement évidents, tellement peu contestables qu’il n’était pas besoin d’envoyer l’affaire devant une autre Cour d’appel comme on le fait à l’ordinaire.

Plus que la décision d’ailleurs, ce sont les attendus qu’il faut lire. J’espère que vous aurez le minimum d’honnêteté de le faire. Ces attendus innocentent totalement, définitivement Bruno Gollnisch.

Il y a 5 ans, unanimement, vous l’avez condamné. Aujourd’hui c’est la plus haute instance juridictionnelle française qui vous condamne, qui vous condamne tous parce que vous vous êtes tous ligués dans cette scabreuse affaire. Le président de l’UMP M. Gaymard, le président des Verts M. Leras, le centriste M. Cornillet, le PC M. Bochaton, le PRG M. Friedenberg ou le PS M. Avocat, tous vous vous êtes ligués, vous l’avez condamné. Mais le principal responsable est Jean-Jack Queyranne. Je le regrette, il n’est pas ici, car j’aurais aimé le lui dire en face, c’est lui qui s’est fait le chef de file de cette scabreuse coalition, M. Queyranne auquel j’ai dit ici à plusieurs reprises l’estime que j’avais pour lui mais qui, dans cette affaire, s’est discrédité. Et je le dis en pesant mes mots.

Cette affaire Gollnisch sera la tache indélébile dans la présidence Queyranne.

Voilà ce que disait M. Queyranne le 14 octobre…
(…)
Pendant 5 ans, vous avez bavé sur Bruno Gollnisch, donnez-moi cinq minutes pour le défendre.
(…)
Je comprends que cela vous gêne, je continuerai.

Voilà ce que disait M. Queyranne : « Monsieur Gollnisch vient d’exprimer des propos clairement négationnistes. »

Or que dit la Cour de cassation ? Très exactement l’inverse : « Une telle proposition ne constitue nullement le délit de contestation de crime contre l’humanité. »

Ce n’est même pas de la contestation, et M. Queyranne a appelé cela de la négation, au mépris de la présomption d’innocence, au mépris du droit à un procès équitable reconnu par la Convention européenne des Droits de l’Homme.

Ma conclusion est simple, vous qui faites toujours profession de « droits de l’hommisme » en violant les Droits de l’Homme et qui parlez sans cesse de morale sans jamais la respecter. La première règle de morale, c’est la justice. Vous avez été injuste. Respectez au moins la seconde règle de morale : quand on est injuste, on essaie de réparer l’injustice. Réparez-la en battant votre coulpe cette fois-ci sur votre poitrine et non pas sur la poitrine des autres, comme vous le faites systématiquement.

Qu’est-ce que ceci a à voir avec le rapport, me direz-vous. Si vous ne l’avez pas compris, c’est que les universitaires de cette région apprécient d’avoir plus d’argent plus de locaux, mais ce dont ils ont besoin encore plus, c’est d’un peu plus de liberté.

(Hugues Petit était Conseiller régional  jusqu’en 2010, réd.)

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