Rapport n° 2978
Intervention d’Olivier Amos – 28 juin 2019
En Assemblée plénière auvergnate et rhônalpine, Olivier Amos s’est prononcé sur le transfert des technologies vers l’entreprise :
Monsieur le Président,
Comme vous êtes amateur de bonnes phrases, j’en ai une pour vous. Petite devinette. Qui a dit : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparent. Oui, ils sont très durs ces Américains. Ils sont voraces. Ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue. Une guerre permanente, sans mort apparent et pourtant une guerre à mort. »
Un indice, le même a ajouté à la fin de son livre : « En fait, je suis le dernier des grands présidents, je veux dire le dernier dans la lignée de de GAULLE. Après moi, il n’y en aura plus d’autres en France à cause de l’Europe, à cause de la mondialisation. »
Quelle clairvoyance, Monsieur MITTERRAND. Dommage qu’il ait tenu ce langage de vérité à l’issue de son mandat, comme beaucoup d’élus.
Le rapport VILLANI et bien d’autres avant lui ont montré que notre recherche souffrait d’un manque de crédit, d’un manque d’engagement et d’un manque de stratégie dans ce secteur, comme l’a rappelé hier M. ESAMBERT au sujet de la politique industrielle pompidolienne. C’est en investissant massivement dans les nouvelles technologies qu’on assure notre prospérité future. En cela, ce projet qui était coconstruit en Commission va dans le bon sens. Mais cela ne suffit pas.
Pourquoi ?
Si on ne protège pas nos fleurons industriels, ils finissent par être démantelés, dépecés et rachetés par les rapaces de la finance internationale, parfois même, et de plus en plus fréquemment ces derniers temps, avec la complicité de nos dirigeants. Je vous recommande un très bon ouvrage de Monsieur IZARD, « La France vendue à la découpe ». Il a fait une conférence à l’ISEP. Je vous invite à y venir, car il y a de très bons échanges.
D’ailleurs, Monsieur POMPIDOU disait : « Dans la vie, les nations alternent la grandeur et la médiocrité. » Force est de constater que depuis 40 ans, nous nous enfonçons dans celle -ci.
Je reviens donc à mon propos liminaire de François MITTERRAND.
Il faut que l’on change de paradigme et que l’on pense la conflictualité. On parle beaucoup d’intelligence économique, mais je pense que les entreprises n’ont pas vraiment conscience des enjeux qu’il y a derrière. Je pense aussi au pillage industriel. Pour cela, il faut savoir désigner l’ennemi. Ne pas confondre, d’ailleurs, allié et ennemi. Souvent la nuance est de taille. Regardez l’espionnage industriel. Les Américains sont nos alliés, mais ils ne sont pas nos amis. Pensez à ce qu’a fait la NSA, les exemples sont légion.
Blaise PASCAL disait – je suis désolé encore de bonnes citations – : « Le propre de la puissance est de protéger. » D’ailleurs, NIETZSCHE ne l’a pas contredit quand il a dit : « Là où la volonté de puissance fait défaut, il y a déclin. » C’est exactement ce que l’on constate aujourd’hui. Le patriotisme n’est pas qu’une belle idée. C’est un état d’esprit.
Nous voterons ce rapport à condition qu’il s’accompagne d’une procédure de sauvegarde des fruits qui vont être mis en œuvre et c’est tout l’objet de notre amendement, que je défendrai tout à l’heure, et que, j’espère, vous voterez dans votre logique protectionniste. Merci.
Amendement présenté par Olivier Amos
Exposé des motifs :
Dans le grand marché mondialisé qui a vu disparaitre des pans entiers de l’excellence industrielle française, il est en effet crucial de faire émerger de nouvelles « pépites » industrielles françaises. Mais il est encore plus fondamental d’assurer la pérennité des entreprises innovantes et leur maintien dans le bassin économique local, sans quoi les efforts déployés par l’état, la région et les acteurs locaux l’auront été en vain. Il suffit pour s’en convaincre de constater le gâchis des fleurons tels qu’Alcatel, Alstom, Bull, Peychiney, Arcelor, mais aussi de pépites comme AAA, Vexim, Medtech… qui ont été dépecés et/ou vendus à des groupes étrangers.
Notre mouvement politique, dont la volonté de tendre vers un modèle économique plus vertueux et plus pérenne, soutient la notion durable de localisme : financer, produire, consommer et retraiter localement les produits et services.
Dans cette logique, nous soutenons ce projet d’accompagnement de la recherche et son transfert vers les entreprises à même de la valoriser. Cependant, nous voulons nous assurer que tous ces efforts collectifs continueront à produire leurs effets dans les années à venir, afin que nos enfants bénéficient du travail de leurs prédécesseurs.
AMENDEMENT :
Dans le dernier paragraphe :
« Afin de sécuriser le continuum des aides publiques indispensables à leur développement, ce dispositif s’articulera avec BPI France et son programme « Génération Deep Tech ».
Compléter comme suit :
« Le transfert des brevets issus de la recherche académique vers les entreprises du monde économique se fera à travers une structure ad hoc garantissant le maintien de leurs exploitations et/ou leurs bénéfices sur le territoire national. »