Intervention de Bruno Desies – 8 juillet 2020
Rapport n° 4154
Assemblée plénière du Conseil régional Auvergne – Rhône-Alpes du 8 juillet 2020 : Bruno Desies a fortement critiqué le « plan de relance » trompeur de Laurent Wauquiez (LR) qui ne contient que des dépenses ayant déjà été votées dans le passés, à quelques petites exceptions près :
Monsieur le Président,
Tout d’abord, le titre de ce rapport est impropre, car il n’est ni massif, ni de relance. Il est impossible de traiter ce rapport sans évoquer au préalable le traitement à l’échelon national de la crise sanitaire Covid-19 et je note que je ne vous aie pas entendu, Monsieur le Président, sur le sujet, tant il est vrai qu’à l’UMPS, les affrontements se font à fleuret moucheté. Par les temps qui courent, un poste de Premier Ministre, sait-on jamais ?
Le confinement, sans aucun discernement, du 93 à la Corrèze, la comédie des masques, le scandale de l’hydroxychloroquine cachant des conflits d’intérêts ou plus précisément, de la corruption avérée, l’infantilisation des Français et l’incohérence de la communication gouvernementale, les préfets qui sanctionnent les maires qui imposent les masques, les jardineries ouvertes et les fleuristes fermés, les supermarchés ouverts avec des chiffres d’affaires en augmentation considérable et des marchés en plein air de l’économie de proximité interdits, le boycott des 80 laboratoires vétérinaires prêts à fournir des tests, etc.
Et pourtant, ils disposaient de toutes les informations, de tous les moyens pour agir intelligemment. Ils pouvaient s’informer dès décembre auprès du consulat français de Wuhan et de ses 32 agents, sans compter de nombreux Français dispersés dans la société chinoise. En 1989, lors de Tian’anmen à Pékin, en plein paléo-communisme, nous étions parfaitement renseignés. Pour endiguer la propagation, ils pouvaient, dans le doute, se tourner vers la Corée, Singapour ou mieux, notre représentation de Taïwan. Taïwan : sept morts, sans confinement, aux portes de la Chine.
L’intelligence, là est la question. Dans son ouvrage Le Prince, au chapitre XXII, Des secrétaires et des princes, Machiavel écrit : « Il y a trois sortes d’esprits. Les uns entendent par eux-mêmes, les autres comprennent tout ce qu’on leur montre et quelques-uns n’entendent ni par eux-mêmes, ni par autrui. Les premiers sont excellents, les seconds sont bons et les derniers, inutiles ». La réponse à la crise du Président MACRON et du ministre VERAN et des conseillers qu’ils se sont choisis restera dans les annales comme un monument d’incompétence, de bêtise et de veulerie.
Saisissant l’aubaine, et j’utilise malheureusement le mot indécent, c’est dans ce contexte qu’intervient votre plan de relance, un milliard d’euros pour nos emplois. J’avoue que je m’y suis laissé prendre, mais j’ai très vite déchanté. Ce plan n’est, à peu de chose près, que la réécriture dans un foure-tout de tous les programmes que nous avons déjà votés, avec des mots différents. Pas un euro de plus, pas un euro de moins, à 2 % près, comme nous le verrons lors de l’examen du rapport n° 4161, budget supplémentaire 2020.
Concernant l’axe 1, Mener un plan d’investissement de relance immédiate pour 443 M€, il comprend, si j’ai compris votre rédaction, le plan Marshall des lycées déjà voté pour 200 M€. Le plus souvent, ces mesures sont conditionnées à une participation de l’Etat, ce qui n’est pas de très bon augure. Les Bonus Ruralité et Bourg centre sont suspendus et revus et corrigés sous le nom de Bonus relance, même types de projets, même destinataires.
Concernant l’axe 2, la préférence régionale et l’axe 3, la relocalisation des emplois, vous n’avez ni les moyens fiscaux, malheureusement, ni les moyens réglementaires d’aller au-delà de ce qui est déjà fait, du moins, je l’espère. De sorte qu’il ne vous reste plus que la subvention, forcément limitée et très surveillée.
L’axe 4 est une litanie de vœux pieux s’ajoutant à des programmes déjà enclenchés avec le risque de contraintes supplémentaires pour les entreprises déjà à terre et alors que la France est pour le moment, et de loin, le pays le moins pollueur d’Europe et du monde.
Ce plan, par sa vacuité, pourrait être une étude de cas de l’ENA. Sujet : concevoir un temps d’action à destination du grand public sans moyens supplémentaires. Et là, Monsieur le Président, vous démontrez que vous avez été un brillant élève de l’ENA ! S’il y a une façon de faire les choses, il y a aussi une façon élégante de le faire savoir, mais nous ne pouvons pas souscrire au racolage à la manière de M. KOUCHNER en Somalie, auquel vous vous livrez. Les 90 000 € que vous avez dépensés sur Facebook pour votre notoriété sont de cet ordre et parfaitement indécents, quand des centaines de milliers de commerçants, d’artisans, d’agriculteurs et de chefs d’entreprise ont la corde au cou.
Nous ne participerons pas à cette farce ! Toutefois, par souci de cohérence, ayant déjà voté sous un autre nom la plupart des dépenses constituant ce plan, nous comptons nous abstenir, mais pour parler de l’ENA, Monsieur le Président, je considère que c’est une plaie et tous les pays qui se sont intéressés à cette institution ont renoncé à l’imposer à leur population.