Bilan d’exécution du contrat de projets Etat-Région 2007-2010 : bilan au 31 décembre 2009

Intervention d’Olivier Wyssa – 21 octobre 2010

Rapport n° 10.00.653

Comme chaque année, nous avons pour « pensum » l’examen de ce dossier au titre ronflant : rapport d’exécution du CPER.

C’est l’occasion de voir gémir tous ceux qui trouvent que l’on ne dépense pas assez et surtout pas assez vite. Bien sûr, tout le monde ici oublie que ce que l’on dépense, c’est l’argent des contribuables rhônalpins, tous sauf mon groupe qui ne cesse de le répéter depuis toujours.

Par ailleurs, on oublie toujours que cette machine à plumer le contribuable a été imaginée par la gauche  pour forcer les conseils régionaux  (alors de droite courbe) à marcher dans leurs combines et, ainsi, à doubler ce que l’Etat dépensait dans les politiques gouvernementales. Cet outil totalitaire l’est doublement puisque,certains d’entre vous s’en souviennent, notre assemblée n’a même pas la possibilité d’amender ce « contrat » : c’est à prendre ou à laisser.

Cela permettait à C. Millon de critiquer ce que l’Etat faisait quand celui-ci était à gauche, puis à la gauche de critiquer ce que Millon ne faisait pas alors que l’Etat était de gauche, puis, plus récemment, à Mme Comparini de reprocher le manque de ressources  dû au gouvernement Jospin. Cela vous permet aujourd’hui, Monsieur le Président, de reprocher le « retard » pris par l’équipe  Fillon & consorts.

Bref, c’est l’illustration parfaite du « Si ce n’est toi c’est donc ton frère », de la fable du loup et de l’agneau.

Pour nous, c’est beaucoup plus simple : nous regardons combien ça coûte et ce que les Rhônalpins retirent de ce simulacre de « contrat ». Si l’on parcoure l’imposant compte-rendu de plus de Cent soixante-quinze pages, truffé de graphiques et de tableaux divers, on relève qu’en 2009 ce sont 287 000 000€ que les rhônalpins ont payé par leurs impôts locaux ( à travers la part régionale) et 150 000 000€ par leurs impôts nationaux (à travers l’Etat) : ce n’est pas rien, ce d’autant plus que cela se répète chaque année.

C’est toujours la même logique calamiteuse : plus je dépense, plus je saupoudre, plus j’arrose et donc plus les électeurs vont voter pour moi !

Je ne me livrerai pas à l’exercice , si souvent répété de citer quelques « perles » trouvées ici et là et qui illustrent mon propos, remettant en cause le bien-fondé de la plupart de ces dépenses . Certes, il y a quelques programmes dont l’intérêt est évident, p. ex. Investir sur les axes ferroviaires majeurs mais qu’est-ce que cela en face des sommes gaspillées par millions dans cette politique de  « lutte contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la bio diversité » alors que l’on constate aujourd’hui même, avec des températures négatives, qu’il fait plus froid que d’habitude pour un 21 octobre et que , en ce qui concerne vos préoccupations pour la biodiversité, la seule espèce que vous ne vouliez pas protéger, c’est celle des citoyens français !

Permettez-moi  de revenir  sur un personnage de la mythologie grecque : célèbre brigand de l’Antiquité, Procuste avait  la fâcheuse habitude d’attacher ses victimes sur un lit. Puis, à l’aide d’un couperet et d’un treuil, il les raccourcissait ou les étirait, selon leur taille, pour les amener toutes, sans distinction d’âge, de sexe ou de fortune, aux dimensions exactes du fameux lit. Thésée, qui avait déjà liquidé le Minotaure, passe pour avoir débarrassé le monde de Procuste.

Mais Procuste est-il bien mort ?  C’est cette question que je me suis posée avec effroi quand j’ai pris connaissance de ce compte-rendu d’exécution que vous avez concocté, autour de ce que vous avez pompeusement intitulé « GRANDS PROJETS RHÔNE-ALPES».

En effet, le parallèle  avec  Procuste saute aux yeux dès que l’on se penche quelque peu sur ce rapport.

Tout d’abord, la conception de ce dossier est un exemple du constructivisme dont vous êtes les champions :  avant  même d’avoir un projet à examiner, voire à réaliser, vous prenez le problème à l’envers et vous  dissertez sur les qualités que ces « grands projets » doivent posséder pour rentrer dans le moule que vous venez de définir, ou plutôt dans le lit de Procuste que vous avez retrouvé.

Ensuite, vous examinez,  au fil de l’eau, soit quand un projet vous est soumis, s’il rentre dans le lit, s’il faut le raccourcir ou s’il faut le rallonger, pour qu’enfin, satisfaction suprême, il ait droit au label « Grand Projet Rhône-Alpes».

Ceci pourrait être fort amusant s’il n’en allait de l’argent des contribuables rhônalpins ! Ceux-ci, pour reprendre l’expression d’un ancien premier ministre socialiste, n’en ont rien à cirer de savoir si un projet est un « Grand Projet Rhône-Alpes» :  ce qu’ils veulent, c’est savoir si c’est un bon projet et ce qu’il leur coûtera.

Dans votre approche déconnectée de la réalité, vous n’attachez bien évidemment  aucune considération à de telles préoccupations qui relèvent  pourtant du bon sens élémentaire.

Dans votre dogmatisme utopiste, vous avez  même  imaginé les procédures qu’il convient de suivre, et aussi les comités théodules auxquels il faut se soumettre, comme si la Région n’était pas déjà suffisamment dotée et paralysée par ces structures parasites.

Et puis, en fin de compte, si un projet ne rentre pas dans le lit, il pourra malgré tout être sauvé en passant par le détour d’un CDRA ou en intégrant un parc régional ou n’importe quel autre instrument au service de vos politiques délirantes et dispendieuses.

Pour conclure, je vous remercie très sincèrement de nous présenter aujourd’hui ce compte rendu car il démontre, de façon flagrante, que nous ne sommes pas sur la même planète. En effet, nos choix philosophiques diffèrent radicalement des vôtres :  vous êtes des idéalistes, dans la droite ligne de Platon et de Marx, alors que nous sommes des réalistes, suivant en cela Aristote et St Thomas. Nous ne créons pas une notion pour vérifier ensuite si des cas concrets peuvent  y correspondre ; non, nous nous bornons à examiner, de cas en cas, si un dossier bien réel est, lui, bon pour le bien commun.

Par conséquent, vous  comprendrez volontiers que nous refusions de nous glisser dans ce lit, avec vous.

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